La ministre de l'Ecologie Delphine Batho a lancé mardi la machine administrative pour permettre la construction de deux grands nouveaux parcs éoliens au large du Tréport (Seine-Maritime) et de Noirmoutier (Vendée).
Une mesure attendue depuis plusieurs mois.
Cette annonce faite devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese) intervient au lendemain de mesures de soutien à la filière solaire, qui souffre comme l'éolien d'un coup de frein. Mais le gouvernement a promis de desserrer l'étau.
Un parc dans le Calvados entre 2016 et 2020
D'une puissance totale de 1.000 mégawatts, les deux parcs, qui comprendront 80 à 100 éoliennes chacun sur des zones de plusieurs dizaines de kilomètres carrés dans la Manche et l'Océan Atlantique, ne devraient pas être construits et inaugurés avant 2021-2023, selon le projet du ministère.
Ils viendront compléter les quatre --Courseulles (Calvados), Fécamp (Seine-Maritime), Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et Saint-Brieuc (Côtes d'Armor)-- remportés en 2012 par EDF-Alstom pour les trois premiers et Iberdrola-Areva pour le dernier. Ceux-là devraient voir le jour entre 2016 et 2020.
Les candidats devront remettre leurs offres à la Commission de régulation de l'énergie (CRE) entre mars et septembre, et les lauréats seront désignés en janvier 2014, selon le calendrier détaillé présenté mardi.
Ce deuxième appel d'offres, promis par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault dès septembre mais en réalité déjà dans les cartons du précédent exécutif, est souvent rebaptisé "premier appel d'offres bis" par les industriels, qui attendent déjà une troisième vague.
Le projet du Tréport --confronté à des oppositions locales-- n'avait pas été attribué par le précédent gouvernement en raison d'une candidature unique jugée trop chère de GDF Suez-Areva. Rien n'indique d'ailleurs que GDF Suez renouvelera sa candidature, de source industrielle.
Pour le projet au large de la Vendée, il est surtout redevenu possible après le retrait de la vie politique de l'ancien président du conseil général vendéen Philippe de Villiers, qui y était hostile.
L'éolien français à mi-chemin de son objectif
Les six projets désormais lancés représentent 3.000 mégawatts au total. La France n'en est donc qu'à mi-chemin de son objectif officiel de 6.000 mégawatts d'éoliennes en mer (soit à pleine puissance l'équivalent de quatre gros réacteurs nucléaires), et il faudra trouver de nouvelles zones pour le remplir.
Delphine Batho a déjà pointé son intérêt pour les éoliennes flottantes, pouvant être installées plus loin du littoral du fait de leur absence de fondations sous-marines.
Mais cette technologie prometteuse en reste encore aux prémices.
Quant au calendrier, la date prévue de 2020 pour atteindre 6.000 mégawatts apparaît déjà impossible à tenir.
Le gouvernement semble d'ailleurs privilégier la qualité des appels d'offres sur la rapidité: le délai d'instruction des dossiers a été porté de 2 à 4 mois et les industriels auront plus de temps pour confirmer leurs investissements.
Trois critères joueront: "la qualité du projet industriel et social" (40%), "le prix d'achat de l'électricité proposé" (40%) et "le respect de la mer et de ses usages" (20%) avec les pêcheurs et le secteur touristique notamment.
Un prix plafond éliminatoire sera également fixé, a précisé le ministère de l'Ecologie.
Même si une partie de la facture (500 millions d'euros par an, selon le ministère) sera au final payé par le consommateur, ces contrats sont des bouffées d'oxygène économique pour les ports industriels de la facade ouest française, souvent mal en point.
Ce seul deuxième appel d'offres représentre 3,5 milliards d'euros d'investissements.
Pour la fabrication des éoliennes, Areva va ouvrir deux sites au Havre, tandis qu'Alstom fera de même à Cherbourg, pour sa première ouverture d'usine en France depuis plus de 20 ans.