Le grand résistant, auteur du best-seller "Indignez-vous!, est mort dans la nuit de mardi à mercredi à 95 ans. Il possédait une résidence à Trouville depuis une vingtaine d'années. il avait également été l'invité du Mémorial de Caen, le 22 octobre 2009, lors de la présentation de son pamphlet.
A la retraite depuis 1983, Stéphane Hessel avait poursuivi son combat contre les injustices par des publications de manifestes et appels, à commencer par le célèbre "Indignez-vous!" en octobre 2010.
Cet opuscule de 32 pages, appelant à une "insurrection pacifique", a été vendu à quelque 4,5 millions d'exemplaires dans 35 pays. Il a accompagné les soulèvements populaires contre les régimes dictatoriaux arabes. En Occident, le terme d'"indignés" a été repris par des manifestants en France, Espagne, Grèce, et jusqu'à New York où il a inspiré le mouvement "Occupy Wall Street".
En 2011, l'intellectuel avait récidivé en publiant "Engagez-vous!" un livre d'entretiens ainsi qu'un appel contre l'arme atomique dans "Exigez! Un désarmement nucléaire total". Et l'an dernier, il avait sorti en France "Déclarons la Paix! Pour un progrès de l'esprit", reprenant des entretiens avec le dalaï lama.
Hessel, ce héros
Né le 20 octobre 1917 à Berlin, arrivé en France à 7 ans, Stéphane Hessel était le fils de Franz et Helen Hessel, née Grund, qui inspireront, avec l'écrivain Henri-Pierre Roché, le trio "Jules et Jim" porté à l'écran par le cinéaste français François Truffaut.
Naturalisé en 1937, reçu à l'école d'élite française Normale Sup en 1939, Stéphane Hessel, qui parlait allemand, français et anglais, était l'incarnation de l'intellectuel européen.
Mobilisé en 1939, fait prisonnier, il s'était évadé et avait rejoint le général De Gaulle à Londres. Envoyé en France en 1944, il avait été arrêté et déporté à Buchenwald, où il avait maquillé son identité pour échapper à la mort. Après une nouvelle évasion, il avait réussi à rallier les troupes américaines pour arriver à Paris en mai 1945.
A la Libération, il avait rejoint le secrétariat général de l'ONU, participé en tant que secrétaire à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'Homme et avait entamé une carrière de diplomate qui allait le conduire au Vietnam et à Alger.
Elevé à la dignité d'ambassadeur de France par François Mitterrand en 1981, Stéphane Hessel avait alors milité pour les immigrés sans-papiers et pour les Palestiniens, ce qui lui avait valu les vives critiques des associations
juives.
En France, plusieurs personnalités ont salué sa mémoire. Le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, a ainsi notamment rendu hommage à "l'humaniste authentique, le résistant indomptable et le penseur généreux" qui "manqueront terriblement à notre pays".