Angela Norris, seule femme Commandant de la flotte

Angela Norris est une exception dans un monde d'hommes. Exclues des voyages sur les mers et océans parce que considérées comme portant malheur, les femmes sont encore rares. Cette britannique est la seule femme commandant un navire de la flotte de l'Armada. Avec détermination et douceur. Portrait.

Angela a 42 ans. C’est même son anniversaire aujourd’hui jeudi 13 juin. Elle l’a fêté hier soir sur le pont du TS Royalist, avec sa famille. En soufflant les bougies, elle terminait une journée riche d’événements et de souvenirs en construction, entre le défilé des marins et la réception  à la Mairie de Rouen, juste avant de partir en vacances deux semaines en Crète.

Angela Norris est Capitaine de la Navy. Elle est aussi et surtout la seule femme de la flotte de l’Armada à commander un navire. Une position d’exception qu’elle connaît bien. Depuis son entrée dans la marine militaire anglaise à 28 ans, à un poste de commandement, les choses n’ont pas beaucoup changé. « Je ne connais pas les chiffres officiels. Mais je dirai 3%. Le taux de femmes chez les officiers n’excède pas 3%. Au fil des années, les rendez-vous de formation se ressemblent : je suis la seule femme ».

Quand on la fait parler d’elle, Angela a l’élégance de la pudeur. Et la simplicité de ceux qui ont travaillé dur. Depuis toute petite elle navigue. Son père est marin pêcheur. Et les événements se sont enchaînés comme logiques. S’est elle posée des questions sur sa légitimité ? « Non » répond-elle avec ce regard incrédule des gens qui ne veulent pas comprendre la question. Pourquoi ? La réponse sonne ; dans la mesure où elle faisait le job, elle ne s’est jamais interrogée. Et comment les hommes la voit-elle dans son poste de commandement « sans différence en fait je crois. ». Sa gentillesse, son sourire franc, ses yeux bleus qui rappellent l’infini des océans vous fixent gentiment. Avec assurance. Alors si à l’exercice, il n’y a pas de souci à l’arrivée des femmes dans la marine anglaise, quelles peuvent être les raisons de cette présence si rare ? Sa modestie craque, se lézarde enfin. Les souvenirs lui reviennent et arrivent jusqu’à nous dans son regard. « la carrière est difficile.  Les conditions de vie sont dures. C’est un choix avec des conséquences lourdes.  Peut être beaucoup de femmes sont elles freinées.  Peut être ne savent elles pas que c’est envisageable, ou n’osent-elles pas, parce qu’elles manquent de modèles ».
 

Depuis plusieurs années, Angela dirige le TS Royalist. Elle y accueille des cadets. Les contingents sont mixtes totalement, à parité. 24 adolescent(e)s de 13 ans 1/2 à 18 ans à chaque fois. « C’est l’occasion alors de leur montrer l’étendue des possibles. Grimper dans la mâture, mettre les voiles, susciter, renforcer l’esprit d’équipe si fondamental. Une école de vie. La semaine passée à bord, transforme leur existence qu’ils viennent ou non à embrasser les carrières maritimes civiles ou militaires. Ces moments  les imprègnent  au point d’orienter leurs choix à partir des valeurs que nous avons partagées. »

Devant tant de simplicité et d’évidence, la question qui lui parvient laisse effleurer une perplexité que cache mal un éclat de rire. « Féministe, moi ? Non je ne le crois pas. » Pourquoi une telle réticence ? Elle ne semble pas même s’être interrogée sur le sujet.  Sans véhémence, avec douceur mais détermination « Parce que tout cela me paraissait hier, parce que tout me paraît aujourd’hui normal pour moi. Je suis à la place qui doit être la mienne».

Un personnage Angela… Un personnage qui ne donne pas envie de l’emmener sur la voie des confidences. Sans doute pour préserver son univers. Tout au plus se sent-on le droit d’aller plus avant en lui demandant d’évoquer les souvenirs de son séjour Rouennais. Elle en gardera deux :  le défilé des marins mercredi après-midi. Et un autre plus fort à l ‘évidence quand elle permet aux autres de plonger dans son regard, et qu’elle évoque l’arrivée dans le port. Elle ouvrait le chemin et amarrait en premier le 5 juin au soir.

Même la barrière de la langue avec ses traductions hasardeuses et des échanges pudiques ne changeront pas l’impression que le temps est suspendu. Mais l’heure tourne. Un mot de la fin, en forme de conseil à toutes les petites filles… « Si tu veux quelque chose, tu dois poursuivre ton rêve et ne permettre à personne de le faire chavirer. »

 

 

 
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