Les enquêteurs de la brigade financière de la Sûreté Départementale de Seine-Maritime ont placé en garde à vue deux femmes accusées d'avoir perçu et dépensé plus de 980 000 euros en trois ans
Abus de faiblesse ?
C'est l'histoire d'une vieille dame riche d'un patrimoine de plusieurs millions d'euros. Veuve et bientôt nonagénaire, elle habite dans une résidence de Mont-Saint-Aignan (près de Rouen) où son état de santé nécessite la présence quotidienne d'une auxiliaire de vie. En septembre dernier, le conseiller financier (et gestionnaire de patrimoine) de la banque de la vieille dame détecte ce qu'il lui semble être des anomalies dans les comptes de sa cliente et alerte la police.Débute alors l'enquête des spécialistes de la brigade financière. En analysant les mouvements d'argent sur les trois années précédentes, les policiers vont découvrir que deux sœurs (âgées de 55 et 58 ans) étaient salariées (à tour de rôle) en tant qu'auxiliaires de vie par la riche veuve mais à des taux horaires exorbitants. Pour s'assurer des "revenus dignes de ceux d'un PDG", ces deux sœurs avaient rédigés elles-mêmes les contrats de travail qu'elles avaient ensuite présenté à leur patronne pour qu'elle les signe…
Grand train de vie
De nombreux chèques seront aussi libellés par le duo puis signés par la vieille dame. En tout les enquêteurs estiment les sommes récoltées à 980 000 euros ! Un pactole dépensé au fur à mesure et qui profitait à toute la famille de la plus jeune des deux employées : voyage à New York, location d'un appartement à Paris dans le 16e arrondissement, financement des études d'un fils, achat d'une puissante voiture…Mais les enquêteurs de la brigade financière, qui ont vite découvert qu'une des suspectes était déjà connue des services de police pour une affaire plus ancienne, n'étaient pas au bout de leurs surprises !
En effet, l''une des deux sœurs, alors qu'elle était salariée, prétendait être en arrêt maladie et touchait de la Sécurité Sociale (qui a porté plainte) des indemnités journalières pour un montant total (sur trois ans) estimé à 50 000 euros.
Pôle Emploi a aussi porté plainte. Prévenu de l'enquête, un des fils de la vieille dame a décidé, en septembre 2013, de licencier la coûteuse auxiliaire de vie de sa mère. Mais après examen attentif des documents, les policiers allaient découvrir, que des papiers nécessaires à cette procédure de licenciement avaient été anti-datés afin de tenter de toucher le maximum d'indemnités de chômage…
Expertise médicale
Après l'interpellation (le 1er avril) des deux sœurs et leur mise en garde à vue, l'enquête est toujours en cours et doit tenter de déterminer (expertise médicale à l'appui) si, comme l'affirment les avocats des présumées fraudeuses, il s'agit de sommes volontairement remises par la vieille dame (des cadeaux) ou si au contraire il y a eu abus de faiblesse et de confiance d'une personne dont les facultés de discernement sont affaiblies par l'âge.Autre point de l'affaire : la vieille dame fortunée a-t-elle modifié de son plein gré son testament, déshéritant ainsi ses enfants ?