Avec le printemps, la saison des concours est lancée en paradressage. Les 4, 5 et 6 avril derniers à Deauville se sont déroulées les premières épreuves internationales 3***. L’élite de la discipline. Pour Vladimir Vinchon, avec un tout nouveau cheval, cette étape était un tour de chauffe.
Vendredi 4 avril, Pôle Equestre International de Deauville. 4è édition du concours para-équestre de dressage international (3 étoiles).
La concurrence est rude dans cette étape de la coupe des nations. 21 pays représentés et des « cadors » dans les 5 catégories, dont la difficulté des exercices dépend du niveau de handicap physique des concurrents.
Les Français sont presque tous là. Notamment José Letrartre (grade 3), récemment médaillé de bronze au championnat d’Europe en septembre dernier au Danemark.
C'est toujours délicat un début de saison en haut niveau
Les premiers s’élancent à 9h30. Dans le manège : les grades 1 (A et B) et 2, et à l’extérieur, avant que n’interviennent les grades 4, ce sont les 3 qui ouvrent la compétition. Vladimir Vinchon, amputé fémoral de la jambe droite en fait partie. Cela fait peu de temps qu’avec Rockford17, ils forment un couple. Trois mois à peine qu'ils ravaillent ensemble. Le cheval lui est prêté par Anne-Frédérique Royon, également cavalière en paradressage.Marc-André Morin, son coach derrière la lice lui l’accompagne. Il est écuyer à l’Ecole Nationale d’Equitation de Saumur, avec laquelle un partenariat a été passé.
« J’ai monté Rockford pour la première fois peu avant Noêl. Il est à l’ENE depuis lors. Notre histoire ne fait que commencer. Il y a beaucoup de travail. Il a de grosses capacités, mais est stressé, » souligne Vladimir. Alors en cette fin de semaine « on ne vient pas pour réaliser un score. Si cela vient, c’est bien…. Mais l’objectif est de se trouver, avancer dans notre préparation ensemble et multiplier les expériences ».
Vladimir Vinchon est un personnage dynamique. Toujours à fond. Tout dans son histoire sur laquelle nous reviendrons le raconte. Mais cet éternel homme en mouvement s’est lancé en dressage comme il a toujours tout abordé. Avec vigueur et passion. Et les résultats, il en a engrangé et rapidemment. Jusqu’à décrocher peu de temps après des débuts en dressage une 7ème place aux Jeux paralympiques de Londres.
Il fait frais et un peu gris ce vendredi matin. Les couples se suivent sur la carrière pour présenter aux juges internationaux répartis en 4 points autour du rectangle de présentation leur reprise (suite définie de figures imposées). Aux trois allures, pas, trot, galop. Vladimir entre…
Ce premier rendez-vous est d’autant plus important que la plupart des membres du jury seront présents cet été aux Jeux équestres mondiaux FEI Alltech 2014 à Caen.
Des allures qui "déculassent"
Les premières minutes se déroulent sans souci. Le cheval est calme, posé, soumis « c’est déjà inespéré. Les jours qui ont précédé, Rockford 17 a montré l’étendue de sa forme qui n’était pas exclusivement tournée vers l’obéissance requise sourit- il. D’autant qu’avec son gabarit et ses allures vives, allantes, il « déculasse ». Mon équilibre dessus n’est pas toujours facile. Surtout quand je me raidis et que la raideur se transmet à lui. Il se relève légèrement, creuse le dos et cela devient très inconfortable. J’en prends plein le dos. Le moindre écart, rupture de rythme ou de direction, je le paye. Mon Moignon passe au dessus du garrot. ». Car si à pied vladimir Vinchon met le plus souvent une prothèse, à cheval il préfère l’enlever. Et depuis septembre dernier monter sans étrier avec la jambe gauche pour limiter les effets de manque, et les défauts de parallélisme que cela peut entraîner. La jambe manquante est remplacée par un stick (longue et fine cravache).La reprise ne finira pas comme elle avait commencé. Le score très moyen obtenu n’entame pas son allant ; « nous sommes venus pour nous mettre en situation. On ne crée pas un couple facilement. Nous le savons. Nous avons des objectifs. Mais pour y parvenir, nous le savons : la route est longue. »