Radio France s'apprête à entamer son dixième jour de grève. Et Ce vendredi matin, l'antenne de France Bleu Basse-Normandie est restée sans voix jusqu'à 11 Heures. Des perturbations pourraient encore arriver dans les jours qui viennent.
Les couloirs ronds de la Maison de la Radio sont en ébullition depuis 10 jours. Jusque là, cette grève n'avait pas vraiment touché les antenne de Radio France, en Basse-Normandie. Mais ce vendredi matin, les auditeurs fidèles de France Bleu Basse-Normandie ont bien constaté qu'un programme musical sans fin avait pris la place de leurs programmes habituels : pas de journaux, pas de jeu, pas de rendez-vous avec les auditeurs.
Cette interruption d'antenne a duré jusqu'à 11 Heures. Et dans les jours qui viennent si le mouvement national perdure, ces "coupures" momentanées pourraient se reproduire.
"Nous avons été totalement en grève une journée : le 12 Mars, et cela avant le mouvement actuel. Mais c'était déjà pour les mêmes inquiétudes. Ce jour là toute la rédaction, les techniciens et les programmes ont suivi le mouvement", rappelle Carole Louis journaliste à France Bleu Basse-Normandie. Depuis c'est différent, c'est plus sporadique.
Dans le Cotentin, la locale de France Bleu n'a pas connu les mêmes perturbations ces derniers temps. " Mais nous sommes sceptiques sur ce qui se prépare pour l'avenir du réseau France Bleu ", rappelle Frederik Thiebot, délégué du Syndicat National des Journalistes ( SNJ), à Cherbourg.
Les salariés redoutent l'asphyxie budgétaire qui entraînerait sans aucun doute le déclin de l'entreprise. Pour le réseau en région, celui qu'on appelle " les locales de Radio France", la crainte se porte sur les effectifs. 3é personnes sont salariés à Caen et 27 à Cherbourg avec des journalistes, des animateurs, des techniciens et des administratifs.
Déjà, ces derniers mois, la direction de France Bleu a décidé de fermer les antenne délocalisées du Havre et d'Evreux. " Il y a dix personnes à réaffecter ailleurs. Mais pour le moment les propositions ne sont pas vraiment acceptables ", précise Frédérik Thiebot. Et cette fermeture annoncée brutalement raisonne comme un avertissement. Tout est possible quand il est question de faire des économies.
Pour la première fois, Radio France ( et ses stations nationales, France Info, France Inter, France Culture, France Musique, Fip, Mouv ainsi que ses quarante-quatre locales France Bleu et ses quatre formations musicales ) a adopté à la fin de janvier un budget déficitaire de 21,3 millions d'euros. Radio France est essentiellement financée (à 90 %) par la redevance audiovisuelle. Sauf qu'entre 2012 et 2015, le montant de celle-ci a baissé de 9 millions d'euros.
Dans le nouveau COM ( contrat d'objectif et de moyens) négocié actuellement avec l'Etat, l'entreprise doit désormais dégager 50 millions d'euros d'économies d'ici à 2019. Tout cela dans un contexte difficile sur le plan des recettes publicitaires et le coût du chantier de la Maison de la Radio qui a déjà doublé depuis le lancement des travaux.
La masse salariale représentant 60 % du budget du groupe public, les employés redoutent d'être les premiers visés par les coupes budgétaires à venir.
Il y a quelques jours, un Plan de départ Volontaire a été annoncé comme envisageable " rapidement". Radio France pourrait demander à 200 ou 300 seniors de partir plus tôt que prévu, et aux volontaires de se reconvertir . Encore faut-il qu'il y a ait assez de personnes répondant à cet appel.
Ci-dessous une explication de la situation budgétaire de Radio France vue par "Ma radio pédago" :