A Falaise, l'association "un geste, un rêve un sourire" transforme les urgences pédiatriques en château de conte de fée

Depuis plus de dix ans, l'association "un geste, un rêve un sourire" tente d'améliorer le quotidien des enfants hospitalisés. A Falaise, le service des urgences pédiatriques a retrouvé de la couleur et un soupçon de magie.

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Un salon de beauté, une belle robe suspendue au mur et par la fenêtre une jolie licorne déclarant au nouvel arrivant : "On est à l'écoute de ton coeur". Pas de doute, on est bel et bien dans une chambre de princesse, la princesse Mégaforte. Manon découvre timidement les lieux. D'une main, la petite fille serre celle de sa maman. De l'autre, elle tire une perfusion sur roulettes. Et très vite, ses yeux s'illuminent. "J'aimerais bien dormir là ce soir.

Au troisième étage du château (ou plutôt de l'hôpital de Falaise, mais chut, ne le dites pas, c'est un secret), Camille Skrzynski est la grande décoratrice en chef et s'emploie à mettre "de la couleur, des petites bulles, des encouragements, de la joie, de la gaieté" sur les murs. L'illustratrice normande Camille Skrzynski, qui collabore régulièrement avec nos confrères de Ouest-France mais participe aussi à l'élaboration de guides à destination des "parents imparfaits", travaille sur ce chantier depuis plusieurs mois : propulser l'accueil du pôle mère-enfant et deux box dédiés aux urgences pédiatriques dans le monde des princesses et des chevaliers.

Trompe l'oeil, trompe la peur

Le château de Falaise, voisin de l'hôpital, a rapidement fourni le concept de base. "On imagine qu'on est au troisième étage d'un château et à la place des box d'urgence, c'est le donjon du roi et la chambre de la reine." Au total, ce sont 150 m2 de murs à rhabiller. "La plupart de mes idées sont venues de mes échanges avec le personnel", raconte Camille Skrzynski, "On avait aussi une problématique, c'est qu'il fait assez sombre : il n'y a pas de fenêtre dans le couloir. J'ai eu l'idée d'aérer l'espace en créant des fausses fenêtres, des trompes l'oeil, et surtout une grande terrasse à la place de la salle d'attente."

Illustratrice, illusionniste mais aussi maman. "Quand on arrive dans un hôpital, c'est assez austère, même pour les adultes. Et il y a la peur, l'angoisse. Si on met un peu de couleur, de joie, on peut diminuer cette crainte. Et détourner l'attention des enfants. C'est ce que je fais à la maison." Virginie Lesage-Urruchi, cadre de santé à l'hôpital de Falaise, confirme : "Ça va permettre de dédramatiser un petit peu la situation et puis d'emmener les enfants en voyage sur un conte pour pouvoir, nous, travailler beaucoup plus sereinement pendant un examen qui peut être douloureux." Et d'égayer aussi le quotidien des soignants.

Un monde qui s'effondre

Les dessins de Camille Skrzynski ont été transposés sur des stickers fabriqués et installés par une entreprise alençonnaise. Ce projet, d'un coût de 12 000 euros, a été financé par une association basée elle aussi dans l'Orne (à La Ferrière-Béchet), "Un geste, un rêve, un sourire". Son fondateur et président, Philippe Léon, connnait bien le quotidien des enfants malades. En 2008, il apprend que son fils est atteint d'une tumeur cérébrale. "C'est tout un monde qui s'effondre", se souvient le père de famille. Le pronostic vital du petit garçon est engagé.

Celui-ci rêve de rencontrer Yannick Noah. Alors son papa va se démener pendant deux ans pour rendre possible l'impossible. "Une fois que la rencontre a été faite, je me suis dit : si je suis capable de la faire pour mon fils, je suis capable de le faire pour les autres enfants. avec mon épouse, on a donc décidé de créer une association pour améliorer le quotidien des enfants."

Superflu pour l'extérieur mais important pour l'intérieur 

En 11 ans d'existence, l'association a financé plus de 180 000 euros de projets. "Les budgets des hôpitaux sont consacrés uniquement aux soins. Tout ce qui est aménagement, décoration, téléviseurs, tablettes, il n'y a pas de budget. L'hôpital, pour les enfants, c'est triste. Pour dédramatiser le soin, c'est important qu'ils soient dans un cocon, comme à la maison, pour pouvoir le vivre d'une façon beaucoup plus agréable." Virginie Lesage-Urruchi, cadre de santé, le déplore : "La crise hospitalière est telle aujourd'hui qu'on ne s'arrête malheureusement pas sur ce qui paraît superflu vu de l'extérieur mais qui pour l'intérieur et le vécu des enfants est très important."

Pour financer ses projets, l'association "Un geste, un rêve, un sourire" compte essentiellement sur des dons de particuliers. Elle organise régulièremenent des manifestations comme des courses à pied ou le festival Just for you à la Ferrière-Béchet pour collecter des fonds. Après Falaise, elle va financer la décoration du service pédiatrique de l'hôpital de Flers, avec pour thème "de la terre à la lune". Une thématique qui résonne comme un appel lancé à un célèbre astronaute, lui aussi normand, Thomas Pesquet que l'association verrait bien comme parrain.

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