Le dialogue est "renoué" sur le dossier de la réforme de l'apprentissage entre le gouvernement et les régions, a indiqué lundi le président des Régions de France Hervé Morin à l'issue d'un entretien à Matignon avec Edouard Philippe.
Un objectif commun
"Les fils du dialogue sont renoués. Nous avons, tant du côté des régions que du gouvernement, le même objectif: faire en sorte que l'apprentissage soit reconnu comme une voie d'excellence et qu'il y ait plus de jeunes qui puissent aller dans cette voie", a déclaré M. Morin, qui était reçu avec plusieurs autres présidents de région.Les revendications des régions
Les régions avaient quitté la table des discussions pour protester contre les modalités du projet de l'exécutif, qui doit donner plus de place aux branches professionnelles."L'idée d'un nouveau mode de financement de l'apprentissage nous l'acceptons et nous considérons qu'il y a là une piste sérieuse", a dit le président centriste de la région Normandie, qui a toutefois insisté sur deux revendications: une "prise en compte de l'aménagement du territoire" et un rôle accru des régions en matière
d'orientation, domaine pour l'heure piloté par l'Education nationale.
Actuellement, les régions doivent accorder une autorisation préalable à l'ouverture d'un centre de formation d'apprentis (CFA), un pouvoir que l'exécutif, qui le juge trop arbitraire, veut réduire pour doper l'apprentissage.
De nouvelles pistes
"Nous voulons que l'ouverture continue à faire l'objet d'une régulation publique", a insisté M. Morin.Selon Matignon, qui s'est "félicité" que "les régions rejoignent les objectifs de la réforme", des "pistes" ont été évoquées pour calmer leurs inquiétudes, avec des "avancées", même si la réunion n'a pas été "conclusive" sur les mesures discutées.
Les régions devront motiver précisément la décision mais pourraient garder un "droit d'opposition" à l'ouverture d'un CFA, notamment pour ne pas assécher un lycée professionnel voisin, selon une de ces pistes.
"De part et d'autres de la table, on a été attentifs à ce que ça ne soit pas "la jungle", mais on a bien rappelé qu'on voulait qu'il y ait des créations de CFA plus fortes et plus rapides", a souligné un conseiller.
Les points d'accord
Les réunions techniques "vont se poursuivre" afin de "trouver un équilibre avec les régions" dans les "deux ou trois semaines", selon Matignon.Dans un communiqué, Régions de France liste "les points d'accord avec le gouvernement" passés en revue lors de cette rencontre :
- "La simplification des conditions d'embauche et de travail des apprentis mineurs" et "l'orientation des jeunes vers l'apprentissage".
- "Une plus grande intégration des milieux économiques dans la construction des référentiels de formation" et "un dispositif de financement particulier pour l'apprentissage dans l'enseignement supérieur au-delà de la licence professionnelle".
- Enfin, "un nouveau modèle de financement basé sur une contribution nationale de 0,80% de la masse salariale". "Cette contribution qui remplacerait la taxe d'apprentissage serait ensuite redistribuée en fonction du nombre de contrats par branche, et adaptée en fonction de la spécificité des territoires", écrit Régions de France.