Excédé par un énième retard de train, Bertrand Deniaud a exprimé son ras-le-bol vis-à-vis de la SNCF. Sur le réseau social Twitter, le vice-président de la Région a utilisé des mots qui ont choqué non seulement les agents de l'entreprise, mais aussi les associations d'usagers, pourtant pas tendres avec la société du rail.
On n'a clairement pas assez de doigts sur nos mains pour compter les usagers du rail mécontent des retards fréquents de trains en France, a fortiori sur les lignes normandes. Pas assez de doigts non plus pour dénombrer le flot de messages énervés, voire haineux vis-à-vis de la SNCF postés chaque jour sur les réseaux sociaux.
Pourtant, l'indignation généralisée a accueilli ce 1er juin l'un des derniers tweets de Bertrand Deniaud, vice-président de la Région Normandie, en charge des lycéens et de l'éducation.
Les salariés de la SNCF ont, bien entendu, réagi immédiatement. "Je transmettrai à l'équipe de "nuls" dont je m'occupe et qui s'est démenée pour que votre train parte en retard mais en sécurité" a commenté un conducteur. "Les nuls vous saluent", ajoutent un agent, qui poursuit "la défaillance vient de vos nombreuses politiques qui ont consisté à démonter l’entreprise publique et supprimer des cheminots. Guignol de politique".
Bertrand Deniaud a même réussi la prouesse de fédérer contre lui le collectif d'usagers Adurn ParisRouenLeHavre, pourtant plutôt enclin à critiquer l'entreprise ferroviaire : "Inadmissible de la part d'un élu normand de "cracher" sur la SNCF quand la région travaille sur des sujets polémiques avec la SNCF et supprime des trains dans la région".
De nombreux commentaires fustigent les propos tenus, estimant qu'un élu ne devrait pas employer un tel vocabulaire. Le principal accusé en convient.
Je regrette d'avoir écrit ça sous le coup de la colère et de la panique. Mais quand vous devez aller plaider au procès des attentats du Bataclan à un créneau horaire précis, il y a de quoi être stressé et agacé.
Bertrand Deniaud, vice-président de la Région Normandie
Face aux excuses tentées par les équipes de SNCF Connect, l'élu a poursuivi son courroux "je me contre fiche de vos excuses, je veux de la compétence!". S'il était aussi énervé, c'est que Bertrand Deniaud avait peur de manquer sa plaidoirie devant le Tribunal judiciaire de Paris, au procès des attentats du 13 novembre. "Quand vous plaidez devant la Cour, que c'est enregistré, que vous êtes à un mètre de Salah Abdeslam, vous ne pouvez pas arriver en retard ou à la dernière minute". Au final, l'avocat ornais est arrivé après le début de l'audience, mais a réussi à plaider.
Ce qui a excédé l'élu, c'est d'abord "l'énième retard sur cette ligne TGV ", là, en l'occurrence Le Croisic-Paris, passant par Le Mans. Mais c'est surtout le manque d'informations de la part de la SNCF. Rien n'indiquait le retard sur l'application, je ne l'ai appris qu'en arrivant à la gare. 25 minutes, puis 35, puis 45. Il y avait de quoi paniquer.
Prendre exemple sur Miss France
Bertrand Deniaud reconnait que sa réaction a été un peu excessive, mais il dénonce la disproportion des réactions à son tweet. "On est allé jusqu'à me traiter de déchet humain. Ce que j'ai pris en retour est d'une indignité crasse. Parce que je suis élu, je n'ai le droit de rien dire ? Je ne pourrais pas m'exprimer comme un citoyen normal ?" s'interroge-t-il. Sans doute aurait-il pu s'inspirer de... Miss France 2021, Amandine Petit, et le faire de manière plus courtoise.
Au-delà de la teneur des propos, bon nombre de twittos rappellent que le parti politique de l'élu, les Républicains, "a contribué à la casse du service public ferroviaire en France" depuis plusieurs décennies. D'autres notent aussi le fait que la Région Normandie a récemment supprimé de nombreux trains.
D'ailleurs, prenez vos dispositions si vous devez voyager en train entre Paris et la Normandie cet été. Entre le 11 juillet et le 15 août, les trajets seront rallongés de 30 minutes en moyenne à cause de travaux réalisés en région parisienne.