Parler uniquement anglais pendant une semaine pour progresser à vitesse grand V, c'est le pari de Chloé Michel, qui propose des colonies immersives en Normandie. Depuis 6 mois, collégiens et lycéens acceptent le défi de ces quelques jours sans français... et sans téléphone portable.
Les Français sont nuls en Anglais. Ce poncif traverse les générations depuis des lustres. Pourtant, même si nous ne sommes pas les meilleurs pour comprendre ou nous exprimer dans la langue de Shakespeare, nous présentons tout de même un "niveau moyen" selon le classement annuel de compétence en anglais réalisé par EF Education First. D'après les tests réalisés par l'organisme de formation et de séjours linguistiques, la France pointe au 34e rang, sur un total de 111 pays où l'anglais n'est pas la langue officielle.
Toutefois, les Français font clairement figure de mauvais élèves en Europe, 26e sur 35 nations. "Ce qui nous bloque, nous, Français, c'est qu'on a l'impression qu'il faut prononcer les mots parfaitement. Ici, on détruit ces clichés là, il faut se lancer et désacraliser l'apprentissage. Pour avoir un niveau de conversation de tous les jours,". Ici, c'est dans les colonies immersives de Chloé Michel. Après avoir parcouru le monde pendant plusieurs années, cette professeur d'Anglais dans divers établissements de la région a lancé en septembre "Enjoy", des colos durant les vacances où, une semaine durant, le français est proscrit, au bénéfice d'une expression orale 100% anglaise.
Il y a 3h de cours le matin. On commence par des dictées ou des choses assez classiques, et puis petit à petit, des exercices d'écoute ou de discussion sont mis en place. On revoit aussi toujours des règles de grammaire, des points fondamentaux pour pouvoir créer des phrases très simples. L'après-midi est plus ludique : jeux de société, courses d'orientation, ou encore molkky... mais toujours en anglais. C'est difficile au départ, mais au bout de deux ou trois jours, le cerveau "switch", ça bascule totalement en anglais.
Chloé Simon, créatrice des colonies d'immersion en anglais Enjoy
Le concept a séduit Lilou, 15 ans, qui a décidé de passer la première semaine des vacances de Pâques auprès de Chloé Michel, dans le Pays d'Auge. "Etant donné que je n'avais pas un très bon niveau en anglais, j'ai voulu tenter l'expérience. On est en petit groupe donc c'est plus facile de poser des questions, on parle plus à l'oral ici qu'à l'école". Après seulement un jour et demi, elle "comprend mieux quand on me pose les questions, quand on fait les exercices, et puis mon vocabulaire s'est enrichi aussi".
Une détox digitale pour une progression plus rapide
Les participants sont généralement ravis de ces séjours d'apprentissage intensif, parce que les progrès sont bien souvent rapides, voire phénoménaux. "C'est très bien parce qu'on peut améliorer nos compétences dans la langue. Parfois, à l'école, pratiquer l'anglais est très compliqué parce que nous n'avons pas beaucoup d'heures de cours et que nous sommes nombreux en classe, explique Naël, élève au Lycée agricole Le Robillard à Saint-Pierre-en-Auge. Souhaitant devenir steward ou travailler dans le commerce, il veut s'exprimer parfaitement en anglais, et participe au stage pour la troisième fois. Piqué par le virus des langues, il entend bien apprendre l'espagnol également.
S'ils progressent vite, c'est aussi qu'ils sont coupés de leurs téléphones portables tout au long du séjour. "On créé une bulle immersive où ne rentre pas de français. Sur le portable, par définition tout est en français, on parle, on discute, on lit en français. Le déclic pour parler et comprendre l'anglais ne se produirait pas si les jeunes avaient accès à leur smartphones personnels, précise Chloé Michel. Pour autant, les jeunes apprentis ne sont pas coupés de leur famille, ils peuvent appeler leurs parents chaque jour via le téléphone professionnel de leur professeur.
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Une fois la semaine passée, le sentiment de satisfaction est énorme, aussi bien pour les élèves que pour la formatrice, selon ses dires. Même si le séjour immersif est intense, les jeunes ne sont "plus tétanisés quand il faut s'exprimer en anglais". Mais une fois rentré de cette parenthèse, comment faire pour maintenir le niveau acquis ? "Le remède, c'est de créer des conditions pour écouter et parler. Et aujourd'hui, il y a plein de moyen d'écouter pour que l'oreille enregistre des sons, des prononciations, via des séries, ou même des applications" qui permettent de trouver des locuteurs pour échanger en anglais, comme HelloTalk ou Tandem.
Quant aux colonies immersives, elles se poursuivent cet été, du 16 juillet au 4 août et seront accueillies au sein du lycée Le Robillard à Saint-Pierre-en-Auge. Côté porte-monnaie, une semaine coûte 680 euros. Cela dit, Chloé Michel a soumis une demande pour obtenir l'agrément "colonie apprenantes", qui pourrait donner droit à des aides financières pour les familles selon le quotient familial.
