80 ans du Débarquement. Pourquoi Omaha Beach est devenu un bain de sang ?

Sur les 156 000 soldats alliés débarqués par mer et par les airs le 6 juin 1944 en Normandie, on compte 10 000 morts, blessés ou disparus. Des pertes minimes, par rapport à ce que l'état-major américain avait estimé. Sauf pour la plage d'Omaha qui restera à jamais "Bloody Omaha" : Omaha la sanglante.

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Ce mardi 6 juin 1944, ce sont 15 000 soldats américains qui s'apprêtent à débarquer en vagues successives, sur le secteur d'Omaha Beach, entre Vierville-sur-Mer et Colleville-sur-Mer. Si tout se passe plutôt bien sur les plages voisines, à Sword, Juno, Gold et Utah, à Omaha, le débarquement vire au cauchemar. 

Pour Olivier Wieviorka, professeur d'histoire, spécialisé dans la Seconde Guerre mondiale, "il n'y a pas de causalité unique à ce drame". 

L'échec de l'aviation

Le 6 juin, à l'aube, les bombardiers ouvrent le bal et pilonnent la côte pour fragiliser le mur de l’Atlantique. Mais l'opération est un échec. Les pilotes ont largué leurs obus trop tôt, en pleine mer, pour éviter les tirs de l'artillerie lourde allemande, ou trop loin dans les terres, pour ne pas risquer de frapper les troupes alliées arrivant par la mer. La Marine prend alors le relais.

"C’était prévu", raconte Olivier Wieviorka. "Le tir naval devait succéder aux bombardements pendant environ 45 min. Mais au vu des mauvais résultats de l’aviation, la Marine va prendre de gros risques et des destroyers vont s’approcher des côtes pour pilonner les batteries allemandes".

Le mur n’est qu’ébréché. Les défenseurs sont sonnés, mais pas assez à Omaha.

Les Américains ont d'ailleurs sous-estimé la présence allemande dans ce secteur. La 716e division d’infanterie allemande compte tout de même une centaine d'hommes, prêts à défendre la plage, coûte que coûte, jonchée d'obstacles.

Mauvais temps et houle à Omaha

L'un des gros soucis pour les troupes américaines à Omaha, c'est qu'ils n'ont pas pu compter sur les tanks amphibies embarqués pour soutenir les soldats à terre.

Sur cette plage, 32 tanks étaient prévus. Mais ils sont largués trop loin des côtes et 27 d'entre eux vont sombrer avant d’atteindre le rivage. "À partir de là, les fantassins vont être livrés à eux-mêmes" constate Olivier Wieviorka.

"À cela s'ajoutent des courants violents qui vont désorganiser le "touchdown", le moment où les soldats arrivent sur les plages."

Un moment d'autant plus long que les Américains ont choisi de transborder relativement loin du rivage, contrairement aux Britanniques sur les autres plages. Les Américains arrivent ainsi dans leurs barges, secoués par la houle, et sans doute désorientés. Des proies faciles pour l'ennemi.

Les Américains sont cloués sur place. S’ils reculent, ils se noient, s’ils avancent, ils sont sous le feu des Allemands.

Olivier Wieviorka, historien

Face à l'échec des premières vagues, le général Bradley qui commande la 1ère armée américaine sur la plage d'Omaha, envisage même à un moment d’abandonner les hommes à leur triste sort, mais ils auraient alors été condamnés, et il y aurait eu une dent creuse entre le secteur britannique et le secteur américain.

"La situation va être sauvée par l’esprit d’initiative des hommes qui se rassemblent" raconte Olivier Wieviorka. Quelques soldats vont se réfugier derrière un petit muret qui va leur permettre de se protéger. Et en fin de matinée, les GI's arrivent enfin à prendre les Allemands à revers.

Les pertes s’élèvent à plus de 3 000 hommes, soit quinze fois plus que sur la plage d'Utah Beach, également en secteur américain. Près d'un millier de soldats américains sont morts à Omaha, dont 90% lors de la première vague d'assaut.

D'où ce surnom d'Omaha la sanglante.

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