Après plus de 55 000 km et 20 mois en mer, le navigateur suisse a mis un point final ce mardi à Ouistreham à une folle aventure débutée le 5 octobre 2013 aux Sables d'Olonne: le tour du monde en solitaire sur un voilier non habitable.
"Le danger c'était de penser l'arrivée et de se déconcentrer. C'est un bateau petit, une coque de noix. Dix secondes de déconcentration et t'es à l'envers. Tu ne peux jamais te relâcher. Jusqu'à hier soir, je me suis mis dans la tête que j'étais encore dans mon défi". Ce n'est qu'aux premières lueurs du matin ce mardi 23 juin, en voyant arriver "les copains" qu'Yvan Bourgnon a réalisé qu'il était bel et bien arrivé au bout de son aventure.
Des copains et de la famille. Sa maman, Suzanne, submergée par l'émotion peine à trouver les mots. Pour elle, cette aventure fut en quelque sorte un cauchemar. "J'espérais que ça ne se fasse pas. C'est dur. Il risquait sa vie. Au début il avait un bateau suiveur en cas de pépin. Mais après, il n'avait plus rien". Parti avec lui le 5 octobre 2013 des Sables d'Olonne, son co-équipier Vincent Beauvarlet jette l'éponge lors de l'escale aux Canaries en novembre.
En août 2014, l'aventure est brutalement interrompue au Sri-Lanka. "Quand je m'échoue, que mon bateau est disloqué, que j'ai une hernie discale, que certains sponsors s'arrêtent, là je me suis dit: l'aventure est terminée", raconte la navigateur suisse. "Et puis après quand tu vois les gens qui se mobilisent, tous les contributeurs, je me suis dit que je ne pouvais pas arrêter".
Retour sur l'épopée d'Yvan Bourgnon par Thierry Cléon
Après 2000 heures de travail dans trois chantiers différents, financés grâce à une campagne de financement participatif, Yvan Bourgnon reprend la mer le 22 mars dernier, au Sri-Lanka, là où son aventure s'était interrompue. Il lui reste alors 20% de son tour du monde à réaliser. "Je pensais que c'était une formalité. Et je me suis retrouvé à gérer la partie la plus difficile de mon défi. La Mer Rouge et la Méditerranée, ça a été des vents contraires permanents, des grosse vagues, des tempêtes, des cargos dans tous les sens. J'ai failli en heurter cinq."
Il y avait foule ce mardi midi pour accueillir le navigateur suisse à Ouistreham, un accueil qui visiblement l'a surpris. "C'est complètement dingue, je ne m'attendais pas à cela." Une effervescence qui tranche avec la solitude de ces 20 derniers mois. "J'ai envie de profiter de mes amis, de mes proches. Ça fait deux ans que je suis parti quasiment dans ce défi. C'est complètement fou. J'ai l'impression de ne plus reconnaître mes enfants. Il faut que je me recivilise et que je retrouve mes proches.".
Reportage de Hélène Jacques et Cyril Duponchel à venir