37 médecins du CHU de Caen démissionnent de leurs fonctions administratives

A l'appel du Collectif Inter-hôpitaux, 37 médecins chefs de service au CHU de Caen remettent leur démission administrative à la direction. Une façon de dénoncer, une nouvelle fois, la situation critique de l'hôpital public. 

A 13h ce lundi, 37 médecins chefs de service remettent à la direction leur démission de toutes fonctions administratives. 

Ils ne veulent pas cautionner ce que devient l'hôpital public et entendent bien le sauver de la lente asphyxie dans laquelle il sombre.

Dans une lettre adressée à la direction, les médecins caennais membres du Collectif Inter-Hôpitaux, justifient ainsi leur décision :

"Malgré une entrevue vendredi 17 janvier de nos représentants avec la Ministre Mme Agnès Buzyn, nous restons très mobilisés pour sauver l'hôpital public. En effet, même si la Ministre a convenu que l'hôpital public avait été sacrifié au cours des dix dernières années par la politique d'austérité, Mme Buzyn n'a visiblement pas compris l'urgence de la situation."

Les blouses blanches dénoncent les conditions de travail des médecins et soignants, et le manque de moyens dans les hôpitaux publics.
 

"Tous les corps de métier sont en souffrance"

Le Dr Valérie Jaillon, responsable de l'unité neurologie du CHU de Caen, avait accepté des fonctions administratives pour "travailler davantage à la cohésion de l'équipe". Aujourd'hui, elle rend son tablier et témoigne : 

Tous les corps de métier sont en souffrance. En étant responsable d'unité, j'ai appris davantage sur le fonctionnement des plannings et le non-remplacement des arrêts, et ce qui fait que, depuis des mois, dans mon service par exemple, l'équipe d'infirmières passe de deux à une pour 20 patients, donc les infirmières sont en souffrance . Et moi je veux qu'on reste soudé.

 

 

Le refus d'un mode de financement basé sur l'acte 

"Cette démission est avant tout symbolique, précise le Professeur Marie-Astrid Piquet, responsable de l'Unité Transversale de Nutrition Clinique. Nous ferons toujours les tableaux de garde mais en revanche, nous nous dégaerons de réunions peu utiles pour les patients. Surtout, nous ne ferons plus le codage des actes réalisés." Les médecins entendent ainsi montrer notre refus de contribuer à un système de financement de l'hôpital public basé sur l'acte. "Un système qui ne valorise pas le temps passé sur le travail intellectuel."

Les médecins souhaiteraient que les soignants soient davantage consultés sur les budgets. "Pour l'heure, seul le Président de la Commission médicale d'Etablissement est consulté par le Directeur de l'établissment. Mais si la relation se passe mal, la Direction a tout pouvoir", regrette le Prof Piquet. 

Le Professeur Piquet l'assure :"Nous avons un bon système de santé mais il se dégrade. Les délais d'attente pour une IRM ou une fibro s'allongent."  En cas d'urgence, le médecin doit déclaer un autre patient.

Le Professeur Piquet souligne aussi la nécessité d'avoir des lits vacants : "comme dans un avion, la Direction veut remplir à plein, mais pour nous, c'est vital d'avoir de la place. Sinon, il faut se débrouiller pour sortir un patient de notre service, ou dire au denrier arrivé de repasser par les urgences, au risque qu'il soit affecté dans un autre service.


Une vague de démissions 

Depuis mi-janvier, plus de 1100 médecins hospitaliers, chefs de services et autres responsables de pôles ou d'unités fonctionnelles issus de toute la France et réunis au sein de ce collectif, se disent prêts à démissionner administrativement, c'est-à-dire suspendre leurs activités d'encadrement, en l'absence de "négociations" avec le gouvernement sur une augmentation du budget et des salaires à l'hôpital.

A Caen, le 14 janvier dernier, 29 médecins avaient signé une lettre de démission collective adressée à la ministre de la santé Agnès Buzyn
. Par ce geste, les médecins avaient voulu dénoncer l'insuffisance du plan d'urgence dévoilé en novembre 2019.
 

Journée de grève et de manifestations le 14 février 

Après dix mois de crise à l'hôpital, syndicats et collectifs de soignants appellent à une nouvelle journée de grève et de manifestations le 14 février pour réclamer au gouvernement l'"ouverture de véritables négociations" sur le budget et les salaires du secteur.

 
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