Trois hommes comparaissent ce lundi 20 septembre devant les assises du Calvados pour meurtre et violences en réunion. En juillet 2016, un migrant est mort noyé dans le secteur de la Presqu'île de Caen.
Sans doute en quête d'une vie meilleure, il est mort à des milliers de kilomètres de chez lui dans l'eau froide d'un canal. Le 19 juillet 2016 au matin, un corps sans vie est repêché dans le canal Victor Hugo, qui relie l'Orne au canal principal, près de la salle du Cargö, à Caen. Muse Ahmad Nuur avait 28 ans. De natiionalité somalienne, il était arrivé en France clandestinement. Trois hommes sont rapidement interpellés et placés en détention provisoire. Une rixe a éclaté dans la nuit de lundi à mardi, à proximité des quais désaffectés d'une minoterie où vivent dans des conditions plus que précaires des migrants et des SDF.
Cinq ans plus tard, le procès s'ouvre ce lundi 20 septembre aux assises du Calvados. Trois hommes, âgés de 26 à 31 ans, originaires du Maroc et de la région parisienne, comparaissent dans cette affaire qualifiée de meurtre et violence en réunion. Seuls l'un d'entre eux est actuellement en détention. "L'instruction, qui a duré un temps certain, notamment parce que l'un des protagonistes - sans doute le principal - était absent, avait fuit, ce qui a retardé beaucoup cette instruction criminelle, n'a pas permis véritablement d'avancer sur cette recherche de la vérité", indique Maitre Claude Marand-Gombar, défenseur d'un des accusés qui comparaissent libres ce lundi.
Un protagoniste en fuite retrouvé dans une prison suisse
Seule certitude des enquêteurs : la mort du jeune homme somalien n'a rien d'accidentelle. Le protagoniste en fuite a été retrouvé en Suisse où il était détenu pour une autre affaire. Il s'est tour à tour présenté comme lybien puis marocain, changeant sa date de naissance au gré de ses témoignages. Il a été extradé vers la France en août 2019. Il est actuellement en détention provisoire. Ce lundi matin, à l'ouverture de l'audience, il a plaidé non coupable. Tout comme les deux autres accusés.
Selon Maitre Claude Marand-Gombar, le travail de la cour et des jurés sera "difficile" car "nous avons trois déclarations absolument incompatibles les unes avec les autres". Pour l'avocat, "il va falloir trouver, grâce aux témoignages, aux expertises médico-légales, psychologiques et psychiatriques, les éléments qui vont emporter l'intime conviction". Ainsi, l'homme qui avait pris la fuite et a été retrouvé en Suisse, affirme s'être jeté à l'eau pour porter secours à la victime. Cette dernière vivait sur la Presqu'île de Caen en compagnie des trois accusés. Les analyses toxicologiques ont montré qu'elle était alcoolisé au moment du drame. Le procès doit durer tois jours. Les accusés encourent une pein de 30 ans de réclusion criminelle.