Après Orsay et Nice, un centre d'hadronthérapie s'installe à Caen, troisième ville de France à s'équiper de cette technologie. Méconnue du grand public et peu développée, l'hadronthérapie serait bien plus efficace que la radiothérapie dans le traitement des cancers. Comment ça marche ?
"Nous allons pouvoir apporter des solutions de soin à des patients qui aujourd'hui n'en ont pas", se réjouit Sophie Gaugain, vice-présidente de Région et PDG de Saphyn (SAnté et PHYsique Nucléaire) lors de l'inauguration du Centre européen de traitement et de recherche en hadronthérapie de Caen-Normandie.
Aujourd'hui, pour traiter un cancer, les médecins ont principalement recours à la radiothérapie. Celle-ci consiste à projeter des rayonnements sur le patient - les fameux rayon X - pour détruire les cellules cancéreuses. Pour l'hadronthérapie, le principe est le même avec une différence déterminante : les particules projetées. L'hadronthérapie regroupe par ailleurs deux méthodes : la protonthérapie et la carbonethérapie.
Avec l'hadronthérapie, le patient reçoit des protons (protonthérapie) ou des ions carbone (carbonethérapie). Jusqu'ici, le malade était traité avec des photons (radiothérapie).
Le cyclotron pour protons est inauguré ce jeudi. Cette machine, un accélérateur de particules, charge en énergie les protons afin d'augmenter leur efficacité lorsqu'ils sont projetés sur le patient. Ce cyclotron symbolise un premier pas important vers l'hadronthérapie.
Selon Alain Batalla, chef du service de physique médical du centre François Baclesse, "un deuxième cyclotron sera construit dans les années à venir pour utiliser les ions carbone".
Quels avantages ?
Toujours selon le physicien médical, l'hadronthérapie représente une amélioration dans le traitement des cancers car "le parcours des protons et des ions carbone dans les tissus biologiques est très différent". Concrètement, cela se traduit par moins d'effets secondaires lors d'un traitement oncologique grâce à une précision accrue des zones traitées. Avec la radiothérapie, les photons projetés sur le patient atteignent aussi des cellules saines situées autour des cellules cancéreuses, détruisant l'ensemble. Cet impact négatif est fortement limité grâce à la protonthérapie et le sera encore plus avec la carbonethérapie.
De plus, avec la radiothérapie conventionnelle, une certaine proportion de tumeurs résiste aux rayons X.
Ces technologies, à l'heure actuelle, sont "très peu développées et relativement chères", confie Alain Batalla. Cela explique leur lente démocratisation alors que le procédé est connu depuis plusieurs années. Pour l'instant, l'hadronthérapie n'est pas adaptée à tous types de cancer. Elle cible uniquement "les tumeurs ORL (Oto-rhino-laryngologiste, ndlr), du crâne ou les tumeurs pédiatriques".
Les recherches dans le domaine se poursuivent pour étendre le champ d'action de cette technologie.
C'est au @BaclesseCaen ! https://t.co/CgS31yAMPe
— Caen la mer (@Caenlamer) 5 juillet 2018