Le jour du débarquement des forces alliées, la gestapo a fait exécuter entre 70 et 75 résistants dans les courettes de la maison d'arrêt. Les corps n'ont jamais été retrouvés. Le Président de la République Emmanuel Macron honore leur mémoire ce 5 juin.
D'ordinaire, les familles se rassemblent chaque matin du 6 juin devant cette maison d'arrêt : à défaut de tombe, c'est le seul lieu où elles peuvent se recueillir. Etonnamment, la ville de Caen avait avancé la cérémonie au 5 juin à 18h, officiellement pour des raisons d'agenda. Le mystère a été levé avec la publication de l'agenda d'Emmanuel Macron. Le Président de la République a en effet choisi d'ouvrir le cycle des commémorations en Normandie par une "cérémonie en hommage aux fusillés de la maison d'arrêt de Caen".
EN DIRECT | Hommage à la Résistance normande – Cérémonie en mémoire des fusillés de la maison d’arrêt de Caen. https://t.co/P9Ba1QypjL
— Élysée (@Elysee) 5 juin 2019
"C’est la première fois qu’un Président de la République rendra ainsi officiellement hommage au rôle de la Résistance dans la réussite du Débarquement et de la Bataille de Normandie" souligne le préfet du Calvados Laurent Fiscus. C'est aussi une manière pour la République de dire sa compassion pour des familles qui depuis soixante-quinze ans cherchent à retrouver la trace de leurs proches. "Le travail de deuil n'est pas achevé", explique Véronique de Touchet, la petite-fille d'un des fusillés. Sa soeur Isabelle ajoute : "Notre grand-père est l'un de ceux qui sont morts ce jour-là. Mais ils forment un tout. Les familles sont unies dans cette peine et dans cette quête de retrouver les corps".
Le martyr des fusillés de la maison d'arrêt de Caen : les familles à jamais inconsolables
Le mystère demeure, le crime reste impuni
Tout a été dit, tout a été écrit sur ce mystère. Combien de fois des historiens, des journalistes, des citoyens ont pensé avoir élucidé cette affaire, à grand renfort de publicité ? "À chaque fois, on y croit. Puis au bout d'un moment, on n'y croit plus" s'agace Chantal de Franssu, la fille d'Antoine de Touchet, l'un des résistants abattus dans une courette sombre de la maison d'arrêt. Elle avait 8 ans quand elle a vu son père partir "entre deux types de la gestapo", sans imlaginer que plus jamais elle ne le reverrait.
"C'est le débarquement qui a précipité les choses. Les Allemands avaient ordre d'évacuer les résistants qui ne devaient en aucun cas tomber aux mains de l'ennemi. Mais la gare avait été bombardée le matin du 6 juin. Aucun camion n'était disponible. Le chef de la gestapo est donc arrivé à la maison d'arrêt avec une liste pour faire procéder aux exécutions, raconte l'historienne Vanina Brière. On a extrait de sa cellule un soldat allemand incarcéré pour des raisons disciplinaires. C'est lui qui a été chaergé d'abattre les résistants, conduits par petits groupes de six dans les courettes de la maison d'arrêt".
Les fusillés sont issus des divers réseaux de résistance implantés en Normandie. Il y a là des ouvriers, des paysans, des fonctionnaires, un officier de l'armée française, des artisans, un gendarme, un abbé. Trois semaines après leur éxécution, à la fin du mois de juin 1944, les corps sont été évacués de la prison à bord de camions et enfouis quelque part. Où ? Combien étaient-il exactemlent ? Le mystère demeure. Les historiens ont d'ailleurs eu les pîres difficultés à dresser une liste de victimes irréfutable. Et pour cause : après guerre, les responsables du massacres n'ont jamais pu être retrouvés. Ce crime de guerre reste impuni.