Caen. YOLO, un film en guise de baroud d'honneur pour les éducateurs de quartier

A l'affiche au cinéma Pathé des Rives de l'Orne jusqu'à la fin de la semaine, le film 'Yolo, on ne vit qu'une fois' dépeint la réinsertion écolo d'un ex-taulard. Tourné en grande partie au quartier de la Guérinière, à Caen, le deuxième long métrage du collectif Art Vif met en scène plusieurs acteurs amateurs, dénichés par les éducateurs de rue du SAP, un service qui doit disparaître à la fin de l'année.

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C'est l'histoire d'un petit dealer sortant de prison qui canalise sa colère en plantant des légumes au beau milieu de son quartier. L'initiative se transforme en un jardin partagé générant l'émulation des habitants. Le potager de la rédemption, en quelque sorte pour Tom, campé par Martin Legros. Habituellement sur les planches avec sa compagnie La Cohue, le comédien caennais s'est laissé tenter par le nouveau projet du Collectif Art Vif

Quatre ans après La Liberté si je veux, leur premier long métrage, le trio Laurent Brard-Marc Rapilly-Jérôme Turge a ressorti la recette du mix entre comédiens professionnels et acteurs amateurs. Avec ces derniers, "il y a une sincérité, une authenticité qui ressort car pour beaucoup, ils n'ont jamais joué de leurs vies", explique Laurent Brard. 

Dans Yolo*, on ne vit qu'une fois, deux néophytes partagent l'affiche avec Martin Legros : Mohamed Mis et Mohamed Laradji. Aucun des deux n'était passé devant la caméra auparavant. "C'est enrichissant, commente le second cité. On voit plein de monde s'entraider sur un projet en commun. Au moins, on fait montrer une image du quartier qui est vraiment positive, par rapport aux vues extérieures. C'est pas évident, on sait bien que les quartiers sont toujours un peu mal vus entre guillemets". Celui de la Guérnière, décor principal du film, traîne en effet son lot de faits divers. 

Des éducateurs inquiets pour l'avenir

Justement, Yolo n'élude pas les problèmes habituels des quartiers populaires. On y parle de trafics, de drogues, des difficultés à s'en sortir, à s'insérer dans le monde du travail. Mais il est questions aussi d'amour, de passions et d'initiatives. Une réelle authenticité permise par la connaissance parfaite du contexte des trois têtes pensantes du collectif. Laurent Brard a grandi à la Guérinière, Marc Rapilly et Jérôme Turge sont éducateurs de rue. 

Ces derniers exercent au sein du SAP, le service d'action préventive du Calvados. Une entité vieille de 60 ans, coordonnée depuis 1998 par l'ACSEA (Association calvadosienne pour la sauvegarde de l'enfant à l'adulte), et dont la mise à mort a été prononcée en juin dernier par le Conseil départemental. Principal financeur, la collectivité souhaite internaliser la prévention spécialisée en créant un établissement public départemental dédié. Ce bouleversement inquiète les éducateurs, actuellement 24 sur le département, dont 14 à Caen. 

"On nous reproche notamment de ne pas être assez transparents, qu'il y a un problème de remontée d'informations", se désole Jérôme Turge, délégué syndical central. Au titre de la protection de l'enfance, les agents sont soumis à la confidentialité, "mais il y a des pressions des collectivités pour que l'on transmette des informations, relatives notamment à la délinquance, aux trafics." Or, pour gagner la confiance des jeunes des quartiers, impossible d'être des indics, les éducateurs ne peuvent pas jouer sur deux terrains. 

Pourtant, le Département envisage au contraire de les installer sur plusieurs terrains, afin de rayonner sur l'ensemble du Calvados, et plus seulement sur certains quartiers sensibles prioritaires. En clair, un agent ne serait plus rattaché à un lieu ciblé, mais des équipes volantes seraient dispatchées par zones territoriales, plus vastes. "En théorie, je comprends leur idée, concède Jérôme Turge, mais dans les faits, si l'on parvient à tenir le quartier de la Guérinière, de la Grâce de Dieu, et bien d'autres, c'est parce qu'on a pu être en permanence sur site, depuis plusieurs années. Ca prend du temps d'être accepté."

Sans cette implantation profonde au sein du quartier du sud de Caen, l'équipe de tournage de Yolo, on n'a qu'une vie, n'aurait sans doute pas pu s'installer ainsi quinze jours durant au milieu des immeubles. La détection des talents amateurs auraient évidemment été plus complexe, et le film aurait sans doute perdu de son authenticité. Au 31 décembre, les éducateurs de rue ne seront peut-être plus en place à la Guérinière mais ils pourront se targuer d'avoir réussi un film vrai et sincère. Aussi bien un baroud d'honneur, cadeau d'adieu et un héritage. 

PRATIQUE. Yolo, on n'a qu'une vie au Cinéma Pathé des Rives de l'Orne à Caen.
Séances : jeudi 24 à 15h50, samedi 26 à 13h, dimanche 27 à 13h, lundi 28 à 20h35 et mardi 29 à 17h45. 

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