Calvados : la police appelée à ne pas "intervenir" pendant le ramadan !

Une note interne priant les forces de l'ordre du Calvados de ne pas « intervenir dans les quartiers à forte concentration de population suivant le ramadan », crée la polémique et l'incompréhenssion dans les rangs de la police nationale. Cette dernière demande des « explications ».

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Une note interne datant du 24 avril 2020 à l'attention des forces de l'ordre du Calvados a semé le trouble au sein de la police nationale.

En effet, un télégramme rédigé par le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) du Calvados a appellé vendredi dernier ses policiers à intervenir uniquement en cas "d'atteinte aux personnes ou atteintes graves aux biens", pendant le ramadan et d'ajouter : "Il n'y a pas lieu d'intervenir dans les quartiers à forte concentration de population suivant le ramadan, pour relever un tapage, contrôler un regroupement de personnes rassemblées après le coucher du soleil pour s'alimenter".


M. le directeur demande à tous les personnels de la DDSP de faire preuve de discernement en la matière, afin d'éviter qu'un manquement aux règles de confinement ne dégénère et provoque un trouble supérieur de violences urbaines, indique également le télégramme.
 

Des instructions départementales qui viennent ainsi contredire les affirmations de l'exécutif, qui avait pourtant déjà répété qu'il n'y aurait pas de consignes d'allégement des contrôles du confinement, quels que soient les quartiers.  

Contacté par téléphone, la direction départementale de la sécurité publique du Calvados quant à elle, n'a pas souhaité s'exprimer sur la publication de cette note interne. 

En seule réponse, un tweet posté par la préfecture du Calvados en fin de matinée.

La réponse de la direction générale de la sécurité publique 

En réponse, le patron de la police nationale (DGSP), Frédéric Veaux, a demandé des "explications" et assuré que les policiers intervenaient "en tout point du territoire pour assurer la sécurité des personnes et des biens quelles que soient les circonstances".
 

Le DGPN a demandé qu'un rapport d'explications lui soit transmis dès ce soir.

"Il s'agit d'une initiative locale incompréhensible, sur laquelle le directeur général de la police nationale a demandé un rapport", a également commenté l'entourage de Christophe Castaner. "Les consignes nationales sont claires et ont été rappelées à plusieurs reprises ces derniers jours tant par le ministre de l'Intérieur que par le secrétaire d'Etat : le contrôle par les forces de l'ordre du bon respect du confinement doit être assuré
partout et à chaque instant sur tout le territoire
", a completé la source.

Que dit le syndicat de police Alliance ?

Contacté par téléphone, le syndicat de police Alliance-Normandie assure ne pas être en accord avec cette note interne : "Ramadan ou pas, il n'y a pas de zones de non-droit pour la police nationale. Le principe républicain doit être appliqué. Nous sommes dans un Etat de droit. La sécurité des personnes et des biens doit être assurée, aussi dans les quartiers sensibles". 

Réactions de la communauté musulmane du Calvados

La communauté musulmane du Calvados compte environ 30 000 musulmans. Que pensent-ils de cette histoire de note interne émise par la DDSP ?

Pour avoir la réponse, nous nous sommes naturellement dirigés vers la mosquée Annour, basée à Hérouville-Saint-Clair. C'est la plus importante du département avec environ 800 à 1200 fidèles réguliers, en fonction des évènements organisés dans l'année.

Selon Khalid B., secrétaire général de la mosquée Annour et de l'association islamique et culturelle du Calvados, il faut apporter une réponse nuancée à la question.

Dans un premier temps, il explique "qu'assurer la sécurité dans les quartiers sensibles est essentiel. Il n'y a pas de zones de non-droit. La présence de la police est indiscussable. D'autant plus qu'il risque d'y avoir une forme d'incivisme, que nous condamnons. Tout le monde, malheureusement, ne respecte pas toujours les règles."

Dans un second temps, le secrétaire général de la mosquée appelle les forces de l'ordre à faire preuve de souplesse. "Tout le monde n'a pas de jardin. Certains n'ont pas d'endroit pour se retrouver et sont contraints de se regrouper dans la rue. Le ramadan est une tradition qui fait appel à la générosité de chacun et il est donc naturel pour ceux qui le font de se regrouper, s'entraider, échanger, partager un repas.

Enfin, Khalid B. assure que toutes les consignes de sécurité et de respect du confinement ont été communiquées avant et pendant le ramadan aux fidèles et seront appliquées. 

Il précise par ailleurs que la mosquée Annour est fermée depuis le 8 mars dernier, soit plus d'une semaine avant le premier jour officiel du confinement en France. L'édifice religieux restera fermé au-delà du 11 mai, jusqu'à nouvel ordre. 

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