Donné favori avec quatre nominations sur huit, l’artiste rentrera en Normandie avec trois statuettes en forme de V, comme Victoires. Au pluriel s'il vous plaît, car le caennais a été récompensé dans les catégories reines de cette 37ème cérémonie.
Orelsan a mis le feu à cette cérémonie, en réveillant un public qui n'attendait que ça. Se lever, pour applaudir l'artiste masculin de l'année, qui avait prévu une mise en scène brûlante, pour son titre "l'odeur de l'essence". Un petit avant-goût de sa tournée, qui commencera le 22 février, à la maison, au zénith de Caen ?
Bon, le suspens n’était pas insoutenable. On se doutait bien que le caennais allait remporter des trophées. Toute la question était de savoir combien. Trois ? comme en 2018. Plus ou moins ? Revenir bredouille aurait été pour le coup une énorme surprise, tant le normand s’est imposé depuis le 19 novembre avec la sortie de son dernier album « Civilisation ». Novembre ? Le mois où s’ouvrent les votes pour les Victoires, comme par hasard.
Victoire du meilleur artiste masculin : Orelsan
Déjà en 2018, Orelsan avait remporté le titre. Il persiste et signe, laissant peu de chance à ses concurrents, Julien Doré et Feu! Chatterton. Dans ses textes, comme dans sa mise en scène, le normand est un bosseur, qui soigne ses effets pour provoquer des émotions, quelles qu'elles soient.
Et puis, joli clin d'oeil. Le trophée lui a été remis par son grand copain, président d'honneur de la cérémonie, Stromae. Le belge confiait, il y a peu, que lorsqu'il butait sur l'écriture d'un texte, il appelait Orelsan car "c'est le meilleur."
Victoire de la meilleure chanson "L'odeur de l'essence" d'Orelsan
Dans cette catégorie, c’est le public qui vote et a plébiscité L’odeur de l’essence – chanson écrite par OrelSan et ses potes de toujours Skread & Phazz. Un brûlot politique, à quelques mois de la présidentielle, « une déflagration sonore, une prise de risques, là où le rap actuel s’évertue à ne plus rien dénoncer », comme le décrit le quotidien Le Monde.
Les jeux sont faits, tous nos leaders ont échoué. Ils s'ront détruits par la bête qu'ils ont créée. La confiance est morte en même temps qu'le respect. Qu'est-c'qui nous gouverne ? La peur et l'anxiété. On s'auto-détruit, on cherche un ennemi
Paroles de l'"odeur de l'essence"
Victoire de la meilleure création audiovisuelle : Orelsan et son frère Clément
Là encore le public a choisi Montre jamais ça à personne, d’OrelSan, réalisé par son frère Clément Cotentin et Christophe Offenstein.
Rien de surprenant, cette série documentaire (6 fois 30 minutes) est clairement au-dessus de la mêlée, pour son caractère inédit. Depuis vingt ans, Clément Cotentin, le petit frère, colle aux basques de son aîné, caméra à la main, et révèle ainsi l'ascension d'un ancien réceptionniste d'hôtel devenu une icône.
C’est un bijou d’authenticité, où l’on sent qu’Orelsan et sa bande se livrent en toute confiance et simplicité. C’est surtout une histoire d’amitié, où les échecs ne sont pas gommés puisqu’ils l’ont fait grandir.
Victoire du meilleur album : Clara Luciani
Qu’est-ce que tu vas transmettre à tes enfants ? Civilisation, c’est la société qui m’entoure et ce que je peux apporter. »
Orelsan à l’AFP
On aurait pu s'attendre à un grand Chelem, tant son album enregistre des records de vente. Le plus vendu en 2021, en France. Certifié quadruple platine, d’après le classement du (SNEP*). C’est simple, il pourrait, d'ici fin février, obtenir le disque de diamant (équivalent de 500 000 ventes) le plus rapide de l'histoire du rap français.
* Syndicat national de l’édition phonographique
Il cède sa place à une femme, Clara Luciani pour son deuxième album Coeur.
Orelsan n’avait pas besoin de cette soirée pour mesurer sa consécration et tout le chemin parcouru, depuis ses débuts à Caen. Mais cette cérémonie prouve qu’Orelsan n’est pas qu’un chanteur de rap, à la mode. C’est un artiste, un vrai, qui casse les codes en ouvrant la musique dite urbaine à un large public.
Et dire qu’il a commencé sa carrière avec ces albums, si bien nommés, Perdu d’avance (2009) et La Fête est finie (2017) …. Les amateurs apprécieront son sens de l’ironie.
Résumé de la cérémonie raconté par Aymeric Danis
Toutes les Victoires ont été décernées à ...
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