Ces étranges "choses nocturnes" qui hantaient Victor Hugo...

Une maison d'édition de Caen publie un ouvrage étonnant consacré à la fascination que le grand écrivain vouait à l'étrange, au paranormal. Dans son ultime testament, il nous prévenait : "Je vais fermer l'oeil terrestre ; mais l'oeil spirituel restera ouvert, plus grand que jamais." Hugo nous épie ?

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Il se passionnait pour "l'inexpliqué", pour le spiritisme, les "mystères occultes", le "monde intermédiaire". L'intérêt de Victor Hugo pour les tables parlantes était certes bien connu. "Mais je ne savais pas à quel point cela envahissait sa vie" raconte Emmanuelle Chevallier, l'éditrice de Choses Nocturnes. "Et le récit au jour le jour de cette présence, de ces phénomènes paranormaux, cela interroge énormément".

L'auteur de cet ouvrage est un spécialiste reconnu de Victor Hugo. Gérard pouchain est chercheur à l'université de Rouen et auteur de nombreux livres, notamment une biographie de Juliette Drouet, le grand amour de l'écrivain-poète. Avec Choses Nocturnes, le lecteur est invité à entrer dans l'intimité tourmentée du grand homme. Des voix hantaient son sommeil. Il entendait des bruits. Il ressentait d'inquiétants frôlements.

Le livre prend la forme d'un journal. Il puise notamment dans les manuscrits et les notes de l'écrivain conservés par la Bibliothèque Nationale de France. Jour après jour, Hugo consigne ces phénomènes qui peuplent les ténèbres. Le 22 juin 1865, il écrit : "cette nuit, bruit à mon oreille d'une tasse qu'on pose sur la soucoupe". Deux jours plus tard : "Insomnie. Mes deux mains jointes ont été tout à coup séparées vers 2h du matin". 

"Les formes de la nuit vont et viennent dans l'ombre ;
Et nous, pâles, nous contemplons."



Après la mort de sa fille Léopoldine à Villequier en 1843, Victor Hugo est au comble du désespoir. Il entend des bruits. Le 7 mars 1867 : "Frappements extraordinaires cette nuit". Le phénomène se reproduit presque quotidiennement. Le 4 septembre 1875 : "Cette nuit, frappements. Jour anniversaire de la mort de ma douce fille Leopoldine. Sois bénie".

Lors de son exil dans les îles anglo-normandes, il découvre le spiritisme. "Dix ans après la mort de sa fille, les tables vont parler. À partir de ce moment-là, Hugo est persuadé qu'il existe un moyen infaillible d'être en relation avec ceux qui ne sont plus" explique Gérard Pouchain qui nous fait découvrir un Victor Hugo angoissé et sincère dans sa quête perpétuelle de l'au-delà.

Dans le poème Ô gouffre ! L'âme plonge et rapporte le doute, Victor Hugo traduit en mot ce que furent ses nuits :

"Les formes de la nuit vont et viennent dans l'ombre ;
Et nous, pâles, nous contemplons."

Choses nocturnes, éditions du Vistemboir, Caen


Reportage de Jérôme Ragueneau, Patricia Chalumeau et Christophe Hilary :
©France 3 Normandie

(intervenants : Emmanuele Chevalier, éditions du Vistemboir ; Gérard Pouchain, auteur)

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