Débarquement en Normandie : 80 ans après, pourquoi on en parle encore ?

Cela fait tout juste 80 ans que les Alliés ont débarqué en Normandie. Il ne reste que quelques vétérans, peu de témoins, et pourtant, l'engouement pour les commémorations de 2024 s'annonce plus fort que jamais. Qu'est-ce qui inscrit définitivement le D-Day dans l'Histoire ?

Le débarquement en Normandie demeure un gros chapitre de l'Histoire de la Seconde Guerre mondiale. 80 ans après, les stigmates sont encore présents sur le sol normand. Olivier Wieviorka, historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, nous explique pourquoi.

20 000 morts normands : un lourd tribut qui ne s'oublie pas

"Avant le débarquement, la Normandie n'était pas une région spécialement touchée par la guerre", rappelle Olivier Wieviorka, historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale. "Les ressources agricoles étaient suffisantes pour nourrir la population. Il n'y avait pas de forte communauté juive, pas de mouvement communiste fort, donc peu de réseaux de résistance. Et soudain, la région est frappée de plein fouet par le débarquement."

Elle y payera un lourd tribut : 20 000 morts soit 1/3 de tous les civils français tués durant la Seconde Guerre mondiale. En seulement quelques jours, des milliers de réfugiés vont devoir fuir les combats. "Des villes entières vont être rasées, ce qui n'est pas le cas des autres régions" souligne l'historien. Impossible donc d'oublier, pour ceux qui l'ont vécu. Et le souvenir va se transmettre de génération en génération

C'est en Normandie que l'administration gaulliste s'est mise en place

"Si l'on oublie la Corse, libérée le 4 octobre 1943, la Normandie est le premier territoire français libéré" précise Olivier Wievorka. C'est un symbole fort que va utiliser le général de Gaulle. Son discours à Bayeux, le 14 juin 1944, le premier sur le territoire français libéré, va confirmer sa légitimité à la présidence provisoire de la France. 

La Normandie a été le laboratoire qui a permis au général de Gaulle de prendre le pouvoir.

Olivier Wieviorka, historien

C’est en Normandie que va s'installer une administration préfectorale dès juin 1944 avec notamment François Coulet, nommé commissaire de la République, et Raymond Triboulet, nommé premier sous-préfet des régions libérées."C’est grâce à cette expérience normande que de Gaulle va pouvoir s’imposer aux yeux des alliés anglo-américains pour le moins réticents à le voir prendre la présidence" explique l'historien.

"Overlord : une opération spectaculaire qui enflamme l'imagination"

"L'opération Overlord" est le nom de code choisi pour désigner la Bataille de Normandie. Elle ne devait durer que quelques jours après le jour J, elle va se prolonger jusqu'au 25 août 1944. Son objectif : créer une deuxième tête de pont pour atteindre plus vite l'Allemagne, alors que le premier front s'enlise en Italie. "Overlord, c'est une opération spectaculaire par les moyens déployés."

Sur le site du Ministère des Armées, la liste du matériel apporté d'Angleterre est impressionnante :

  • 1300 navires de transport
  • 4000 péniches de débarquement
  • 19000 véhicules
  • 11600 avions
  • 50000 hommes prévus pour débarquer le jour J

Un exploit logistique préparé en seulement 6 mois.

Au total, près de 1 500 000 soldats américains et britanniques ont débarqué en Normandie en juin et juillet 1944.

La dramaturgie est intéressante dans Overlord, passionnante pour les historiens. Il y a de nombreux rebondissements. On a une dramaturgie haletante, plus qu’avec le débarquement en Provence. Donc forcément, on en parle plus.

Olivier Wieviorka, historien

Des personnages flamboyants

Pour Olivier Wieviorka, ce qui fait l'Histoire, ce sont ses petites histoires et ses personnages charismatiques. Et le débarquement en est rempli. "Des histoires qui vont incarner le débarquement, l'humaniser à tout jamais avec des personnages incroyables, comme le général Bradley, commandant la Iʳᵉ armée américaine sur la plage d'Omaha qui envisagea le repli de ses forces, alors que ses soldats étaient pris dans les tirs allemands." 

Comme l'histoire de John Steele, ce parachutisme resté accroché au clocher de Sainte-Mère-Église dans la nuit du 5 au 6 juin, et dont le souvenir flotte encore dans le village. Même si son histoire s'est trouvée quelque peu romancée par le film Le jour le plus long en 1962.

Ou ce fameux écossais, Pipper Bill, qui ne lâcha pas sa cornemuse le 6 juin 1944 à Sword Beach, pour encourager les troupes britanniques, malgré les balles sifflantes.

Le Dday est plein d'histoires incroyables que les nombreux visiteurs chaque année vont entendre sur les plages ou dans les musées. "Tous ces éléments vont participer au développement d'un tourisme mémoriel" ajoute l'historien. Et tout cela entretient le souvenir dans la mémoire des familles, des visiteurs et du monde entier.

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