Le maire de Démouville a récemment pris un arrêté pour que les cloches de l'église cessent de sonner la nuit. C'est ce que demandait une pétition lancée par une habitante de la commune. Mais les "anciens" ne l'entendent pas de cette oreille.
C'est l'illustration parfaite de l'expression "querelle de clocher". A Démouville, les cloches de l'église sèment la discorde parmi les habitants. L'été dernier, la propriétaire d'un gîte, situé à une centaine de mètre de l'édifice religieux, a lancé une pétition demandant que les cloches cessent de sonner de 23 heures à 6 heures du matin. Plusieurs de ses clients se seraient plaints d'un sommeil troublé par le carillon.
70 personnes apposent leur signature à cette pétition. Interrogée en septembre dernier par nos confrères de Ouest-France, Martine Françoise-Aufret, le maire de Démouville, déclare: « Je répondrai individuellement à chacun des pétitionnaires. » Des propos qui semblent laisser croire que le premier magistrat de la commune ne donnera pas suite à cette requête. Mais ce 11 octobre les cloches ne sonnent plus à la nuit tombée. Madame le maire a pris un arrêté en ce sens.
Bataille de pétitions
Cette décision ne fait pas que des heureux dans la commune. Une seconde pétition a vu le jour et recueilli 211 signatures pour s'opposer au silence nocturne du clocher. "Elles ne me gênent pas", explique l'un des signataires, un monsieur d'un certain âge, qui reconnaît toutefois que ça ne le dérange "pas forcément" qu'elles s'arrêtent la nuit. Plus virulent, un retraité de la commune évoque "les grincheux" qui veulent faire cesser les cloches et demande "qu'on les laisse parler et qu'on laisse l'habitude de la commune (...) c'est une coutume dans les villages".Malgré le rapport de force entre les deux pétitions, le maire a tranché pour la quiétude nocturne et celle de sa commune. Martine Françoise-Aufret n'a pas souhaité accorder d'interview à notre équipe, expliquant qu'elle en avait assez d'évoquer cette polémique. Mais les courriers qu'elle a adressés aux deux "camps" éclairent sa décision. Elle souhaite éviter "un procès qui n'aurait pas manqué d'être intenté auprès du tribunal administratif", procès qui selon elle avait peu de chance d'être gagné par la commune.
"Nous nous habituerons bientôt à leur silence"
Madame le maire a donc fait procéder à une modification de la programmation des cloches de l'église de Démouville, 1620 euros à la charge de la commune, et pris un arrêté réglementant la sonnerie des cloches de 7 heures à 22 heures. Dans son courrier adressé aux nostalgiques du carillon nocturne, elle écrit: "De la même façon que nous étions habitués au son des cloches la nuit tant il faisait partie de notre environnement sonore sécurisant, nous nous habituerons bientôt à leur silence et la sérénité reviendra, je l'espère vivement".Reportage de Jérôme Raguenau et Charles Bézard