Hommage aux héros : le nouveau parc consacré au D-Day pourrait s'installer près de Caen

Les difficultés s'accumulent à Carentan (Manche) où ce grand "théâtre immersif" doit normalement être construit avant 2025. Le directeur du projet réfléchit à une alternative dans la banlieue de Caen où des "friches industrielles" lui tendent les bras.

Officiellement, le projet est toujours sur les rails à Carentan. Une demande de permis de construire a été déposée au mois de novembre. Après une phase de concertation préalable, "la procédure suit son cours", affirme Jean-Pierre Lhonneur. Le maire de Carentan souligne que le futur parc baptisé "Hommage aux héros" a reçu le soutien des collectivités locales et de la Chambre d'agriculture de la Manche. "Notre conseil municipal a voté à une très large majorité l'acquisition des terrains".

L'idée de construire "un théâtre de 1000 places qui se déplace sur plus de 400 mètres" en rase-campagne n'a jamais fait l'unanimité. Plusieurs collectifs d'opposants n'ont de cesse de dénoncer ce "D-Day land" dont l'ambition affichée est d'attirer 600 000 visiteurs par an. Mais la principale résistance n'émane peut-être pas des militants écolos ni des puristes du tourisme de mémoire.

Une "guerre d'usure"

Un rapport de l'Office Français de la Biodiversité a jeté un froid. "L'évaluation environnementale présente de nombreuses insuffisances", écrit l'OFB. Au téléphone, le directeur d'Hommage aux héros s'étrangle : "On a réalisé de multiples études d'impact environnemental. On a étudié 180 espèces de la faune et de la flore", explique Richard Lenormand qui s'étonne de ne pas avoir été le premier destinataire dudit rapport. Le maire de Carentan abonde : "l'étude environnementale était exemplaire".  

Le parc, financé par des fonds privés, doit sortir de terre à Saint-Hilaire Petitville, près de Carentan, le long de la nationale 13, sur des terres agricoles. Les promoteurs, qui vantent une conception "frugale et sobre", se sont engagés à n'utiliser que 16 hectares sur les 32 disponibles afin de préserver des prairies. Ces précautions ne suffisent manifestement pas.

Un autre rapport rédigé par la Mission régionale d'autorité environnementale s'interroge sur la compatibilité de ce parc avec le plan local d'urbanisme. L'inquiétude porte aussi sur les conséquences d'un afflux de visiteurs dans cet espace naturel situé à quelques encablures du Parc naturel des marais du Cotentin. "C'est une guerre d'usure", reconnaît Richard Lenormand, d'autant que le risque de recours juridique doit aussi est pris en compte.

Une installation possible sur des friches industrielles

Alors, les promoteurs s'interrogent désormais ouvertement. L'hypothèse d'une délocalisation à Caen prend de l'épaisseur.

Aujourd'hui, on est à Carentan. Si on ne nous permet pas d'y aller, il y a des friches industrielles près de Caen. C'est une alternative possible.

Richard Lenormand

Directeur d'Hommage aux héros

Dans l'agglomération de Caen, les principales réserves foncières sont situées à Colombelles. Est-il possible que ce "théâtre aux murs tapissés d’écrans et à l’acoustique plus vraie que nature" puisse être construit sur l'ancien site de la Société Métallurgique de Normandie ? Le maire de Colombelles n'a "aucun élément à communiquer à ce sujet". Marc Pottier confirme cependant "que des friches industrielles existent encore" dans sa commune. La loi Climat et Résilience adoptée en 2021 encadre strictement l'artificialisation des sols. Elle va faire de ces terres une réserve foncière très convoitée.

Des rumeurs de délocalisation "sans fondement"

Ce parc "Hommage aux héros" ambitionne de dépoussiérer la transmission de la mémoire du débarquement "grâce à l’alliance des technologies audiovisuelles les plus immersives et de la magie du spectacle vivant". L'investissement est estimé à plus de 100 millions d'euros. Une implantation au nord-Est de Caen, non loin du Mémorial et des plages du Débarquement, ne serait pas dénuée de sens et Colombelles présente l'intérêt d'être facile d'accès depuis la gare SNCF et l'autoroute A13.

"Les rumeurs de délocalisation sont sans fondement", martèle Jean-Pierre Lhonneur. 

Qu'un promoteur étudie un plan B, c'est normal. Cela ne m'inquiète pas du tout. Carentan tient la corde et je peux vous assurer que la population soutient le projet.

Jean-Pierre Lhonneur

Maire de Carentan-les-marais

Le temps presse désormais : il faudrait que les travaux de construction soient lancés d'ici la fin de l'année afin de permettre une ouverture au public en 2025, à Carentan ou ailleurs.

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