Le musicien électro Théo Le Vigoureux, alias Fakear, a été choisi pour réaliser le nouvelle habillage sonore de la radio France Culture. Plus qu'un nouveau projet pour le Caennais, un défi à la fois intimidant et émouvant.
Des tout premiers concerts au Cargö à Caen il y a plus de 10 ans jusqu'à la salle Pleyel récemment, Fakear, à 33 ans, a déjà parcouru un bon bout de chemin. Le musicien électro a sorti en début d'année son septième album, "Hypertalisman", un an à peine après le précédent (Talisman) dont il est en quelque sorte une extension et un manifeste pour l'avenir. "C’est un album qui va montrer la direction de l’évolution de ma musique, c’est-à-dire aller vers quelque chose d’un peu plus nocturne et un peu plus club. Et c’est cool parce qu’on a eu que des supers retours. Je le joue dans tous les festivals depuis le début de l’année, partout où je passe les retours sont plutôt chouettes."
De l'aveu même du musicien, 2024 est "une grosse année". Car après avoir démarré les premiers mois "sur les chapeaux de roues" avec un nouveau disque et une tournée (qui suit son cours), Fakear fait de nouveau l'actualité en cette rentrée avec la toute nouvelle identité sonore de la radio France Culture : une soixantaine de créations sonores qui ont débarqué sur les ondes le 26 août dernier.
Comment est née cette collaboration avec France Culture
France Culture a contacté des artistes qu’ils aimaient bien pour leur proposer de concevoir leur nouvel habillage sonore. On était plusieurs en lice. Ce n’est pas un exercice auquel j’étais très habitué. Du coup, j’ai rendu ma copie sans être trop convaincu que ce serait moi qu’il choisirait. Je me suis dit : je le fais, je le tente mais je n’y crois pas trop. Quand ils m’ont recontacté en me disant que c’était moi qu’ils voulaient, j’étais hyperheureux et super honoré.
Ils m’avaient donné une sorte de moodboard avec plein d’inspirations, des morceaux de référence, des choses sur lesquelles me baser, des références de jingle, de thèmes de radio. Je leur ai rendu un truc un peu informel qui durait trois-quatre minutes dans lesquelles j’avais mis plein plein d’idées. Une fois qu’ils ont jeté leur dévolu sur moi, ils m’ont donné une espèce de feuilles de route assez dense à faire avec une grosse soixantaine de rendus à faire en deux mois. Il y avait quelques trucs qui devaient durer entre deux et quatre minutes et énormément de jingles de quatre cinq secondes.
Qu'est ce qui vous a plu dans ce projet ?
France Culture c’est une radio que je tiens en haute estime et c’est aussi une radio avec laquelle j'ai une histoire. Mes grands-parents, qui sont partis il n'y a pas très longtemps, écoutaient France Culture. Du coup, c’est une station qui pour moi avait aussi une connexion à l’enfance. Je me suis dit : je vais tenter le coup. Mais au départ, j’étais un peu intimidé, impressionné. Mon label, mes équipes m’ont poussé à sauter le pas.
Qu’est-ce que ça vous a fait d’entendre vos créations rythmer la journée sur France Culture ?
Il y a une sensation un peu bizarre. C’est France Culture, c’est quelque chose d’un peu institutionnel et symbolique. Je crois que j’ai eu du mal à réaliser vraiment et j’ai toujours un peu de mal à réaliser que c’est moi qui aie repeint la station avec mes couleurs. C’est un peu impressionnant. Je crois que… c’est pas que je détourne les yeux volontairement c’est que je n’ai pas pris le temps de me poser et de savourer.
J’ai écouté dès le premier jour, j’étais attentif, j’écoutais de manière un peu technique. Là, ça fait deux semaines que c’est en rodage, que les thèmes passent. Et on va commencer à faire des petits ajustements, à détecter des choses qui finalement ne sont peut-être pas adaptées ou corriger certains mixages. Le travail n’est pas terminé.
Est-ce que vous pourriez de nouveau à l’avenir mettre vos talents au service d’autres personnes, d’autres médias par exemple ?
C’est un exercice que j’ai adoré faire. Et que je ne m’attendais pas à apprécier autant. C’est vraiment quelque chose que je réitérerai par le futur si on me le propose, avec plaisir. C’est un boulot très intéressant, qui permet de prendre des risques musicaux que je ne vais pas forcément prendre dans le projet Fakear.
Le projet Fakear, tout comme vous, est né à Caen. Quel lien gardez-vous avec la Normandie ?
Musicalement, ma vie est à Paris. C’est plus pratique ne serait-ce que pour les déplacements en tournée. Et puis il y a les bureaux du label, les éditions, les agents, tout le monde est parisien.
On a commencé la tournée à Caen l’année dernière. On est repassé en Normandie cet été du côté de Réville dans la Manche. Je ne vais pas repasser dans le Calvados avant 2025. En 2025, ça va être la pause, je vais commencer à réécrire de la musique, je vais lever le pied sur la tournée. Mais on n’est pas à l’abri qu’il y ait un petit dj-set, un petit truc comme ça dans le coin. C’est un exercice que j’aime bien aussi faire. Et du coup, je suis beaucoup plus mobile et nomade dans ce format-là.
Toute ma famille est basée à Caen. Je m’y rends pour les voir. Je n’ai plus tant de copains que ça mais il reste des irréductibles. Quand je rentre - c’est pas souvent, c’est vrai- c’est un planning assez dense. Aller voir les petits frères, les petites sœurs, les parents, les copains qui restent, etc..Ça se joue entre la maison des parents et la rue Ecuyère (rires).
Ce dimanche soir avait lieu la cérémonie de clôture des jeux paralympiques avec une vingtaine de DJ sur scène. Qu'en avez-vous pensé ?
J’avoue que je ne l’ai pas regardé parce que je n’ai pas la télé et en plus je rentrais de tournée, j’étais au bout du rouleau. Mais je trouve ça super que l’accent ait été mis sur la musique électronique. C’est vrai qu’on a un patrimoine de musique électro en France qui est quand même assez conséquent, avec des artistes qui ont fait leurs preuves et qui sont méga symboliques. C’est trop bien, ça ne peut que bénéficier à la musique et à la scène électronique en France. Dès qu’on la met à l’honneur, c’est parfait.