C'est probablement l'une des procédures judiciaires les plus longues de l'histoire. Gravement blessé lors d'un accident de la route en 1982, Michel Monsacré a dû batailler pendant plus de 30 ans pour obtenir réparation. La justice a enfin rendu sa décision ce lundi 13 mai.
"Je ne suis pas confiant parce que je n'ai plus confiance en la justice", nous confiait ce lundi matin Michel Monsacré, "Ca a été plaidé le 29 janvier 2019, pour une affaire de 1982. Vous vous rendez compte ?! " Et pourtant, après plusieurs reports, la cour d'appel a finalement rendu sa décision en fin de journée ce 13 mai, soit près de 37 ans après les faits.
Le 17 octobre 1982, Michel Monsacré, alors PDG d'une société d'article de pêche, circule en voiture dans la capitale quand il est percuté de plein fouet par un autre automobiliste : "la voiture a complètement explosé de telle façon que j'ai été éjecté de le voiture par le haillon arrière de ma R5, bien que j'avais ma ceinture de sécurité", raconte le retraité, installé dans l'agglomération caennaise. Après une hémorragie cérébrale et un coma, le chef d'entreprise s'en sort mais gardera des séquelles toute sa vie. Des séquelles qui seront agravées par un second accident de la route, deux ans plus tard, aux Etats-Unis.
Des expertises médicales, j'en ai passé de tous les côtés
Si le conducteur est condamné au pénal à trois de mois de prison avec sursis, quatre ans après l'accident, il faudra bien plus d'années à Michel Monsacré pour faire valoir ses droits à une indemnisation, "un véritable parcours du combattant", selon le retraité. "Des expertises médicales, j'en ai passé de tous les côtés, contradictoires, l'une disant que l'autre avait tort, etc...la justice, dans ces cas-là, elle ne se casse pas la tête, comme elle n'y connait rien elle ouvre son parapluie et nomme un expert; si l'expert commet une erreur, la justice considère que c'est parole d'évangile. Vous, vous avez beau arriver avec des experts beaucoup plus spécialisés, le justice ne vous écoute pas", regrette amèrement Michel Monsacré.
La persévérance du retraité a fini par payer puisque son affaire a été jugée une première fois en 2017. L'assureur est condamné à verser la somme de 396 700 €. Le plaignant estime cette somme largement insuffisante et fait appel. "J'ai engagé depuis 1982 des sommes considérables dans cette affaire, des frais d'avocat et des frais médicaus que j'ai intégralement payés." Le dossier est passé devant la Cour d'appel de Paris en janvier dernier, qui a ensuite reporté à plusieurs reprises sa décision. Finalement, ce lundi 13 mai, Michel Monsacré a enfin obtenu réparation : il touchera 5,1 millions d'euros.