Sa boutique située à Caen (Calvados) a été dévalisée par des cambrioleurs dans la nuit du 11 au 12 juillet. Dorothée Collet est anéantie par ce vol forcément commis par des connaisseurs. "Je n'accepte pas que des pseudos grimpeurs puissent faire ça. C'est tellement loin des valeurs de notre communauté".
Sa voix s'étrangle dès qu'elle évoque ce cambriolage, cette blessure : "Ils sont passés par l'appartement qui est situé au-dessus du magasin. Je dormais, je n'ai rien entendu." Au petit matin, Dorothée constate l'ampleur des dégâts : des cordes, des baudriers, des sacs et des vêtements ont disparu. Le tiroir-caisse a aussi été arraché. Le préjudice est estimé à 7000 euros. "Une enquête de police est en cours. Les procédures sont longues et je n'ai aucune garantie que l'assurance va me couvrir. Le problème, c'est que je n'ai pas la trésorerie pour remplacer ce qui a été volé".
Son magasin a ouvert en juin 2022. C'était le début d'une aventure née sur des parois d'escalade. "Je grimpe depuis plus de dix ans. Souvent, j'entendais dire que c'était compliqué de trouver du matériel. Il n'existait pas de boutique spécialisée à Caen". Lorsqu'elle s'est installée dans le quartier de Vaucelles, elle ne pouvait imaginer traverser une pareille épreuve : "Ce n'était pas ma vision du commerce".
Une cagnotte pour sauver la boutique
Au lendemain du cambriolage, Dorothée publie une vidéo montrant les rayonnages pillés."Les copains, je n'ai plus de cordes pour la falaise", dit-elle amèrement en voix off. La caméra se déplace et Dorothée poursuit : "On s'est fait plaisir aussi dans les fringues. Si ce sont des nanas qui se sont introduites dans le magasin, elles se sont fait plaiz côté brassières, pantalons, tee-shirts".
Aussitôt, les messages de soutien affluent. Des clients, des copains et des inconnus la somment de ne pas baisser les bras. On lui conseille de faire appel à leur générosité. Alors, Dorothée décide de puiser dans cette énergie. "Sans ces soutiens, j'aurais lancé la procédure pour fermer la boutique", reconnaît-elle dans sa dernière vidéo. Elle ouvre une cagnotte en ligne sobrement intitulée : "Aide au financement du stock volé durant un cambriolage". Plus de 1600 euros ont déjà été promis sur un objectif de 3500 euros.
"Les voleurs ont sali la communauté des grimpeurs"
"Je me bats tous les jours. Qu'on me marche dessus, je ne l'accepte pas", confesse-t-elle avec des accents de colère froide. Le cambriolage et le viol de son intimité ont déjà quelque chose de traumatisant. L'idée que le vol ait pu être commis par des adeptes de l'escalade ajoute encore à son désarroi.
Les voleurs ont sali la communauté des grimpeurs et des grimpeuses, ce que je n'accepte pas du tout. Si j'aime ce sport, c'est aussi pour sa communauté. Pour moi, l'escalade porte des valeurs de bienveillance, d'entente et de partage. Dans ce sport, on n'a pas de rivaux. Quand on est sur notre rocher, il y a toujours quelqu'un en bas qui va nous guider.
Dorothée ColletGérante de la boutique D'Bloquer
Notre reportage sur place :
Sur la page Facebook du magasin, les commentaires trahissent l'incompréhension . "Pour voler du matos d'escalade il faut être un grimpeur j'imagine, mais un grimpeur voleur ça me fait mal au cœur", écrit Yann. "Obligatoirement des gens qui connaissent non ?" ajoute Brett. Dans sa dernière vidéo, Dorothée remercie ceux qui relaient l'appel de fonds. "Passez boire un café à la boutique. On parlera de tout et de rien". Les (vrais) grimpeurs ont aussi le sens de l'accueil.