Depuis le 15 mars, le silence est assourdissant sur les pistes de danse. Les exploitants des boîtes de nuit normandes ne se font guère d'illusion : il faudra sans doute attendre 2021 pour rouvrir. D'ici là, ils espèrent toucher l'argent promis par le gouvernement.
Le club 32 est froid, éteint. Une trentaine de patrons de discothèques ont pris place sur des banquettes où personne ne s'est plus assis depuis bientôt six mois. D'ordinaire, les noctambules trinquent au champagne. Les tenanciers réunis dans cette boîte de nuit située sur le quai Vendeuvre à Caen tournent plutôt à la soupe à la grimace. "Vous imaginez, ils ne se versent plus de salaire depuis le 15 mars !" déplore Xavier Blanchet, le président du syndicat régional des discothèques et lieux de loisirs.
Au coeur de l'été, le gouvernement a bien annoncé des aides devant permettre aux exploitants de faire face à leurs charges dans la limite de 15 000 € mensuels. "Mais on n'a encore rien touché !"
Nous avons zéro recette, que des dépenses. Cela ne peut pas marcher. On ne peut pas demander à une entreprise de rester fermée pendant six à huit mois sans l'aider.
Une fête étudiante qui fait désordre à Alençon...
La dégeradation de la situation sanitaire ne laisse pas présager une sortie du tunnel. Les night-clubs paraissent voués au silence pour quelques temps encore, étant entendu que la distanciation sociale n'est pas vraiment dans l'esprit de ces lieux. "Malheureusement, il faudra sans doute attendre 2021. Mais qu'on nous aide, sinon, toutes les boîtes vont fermer". Selon le syndicat, 80 établissements de nuit ont déjà déposé le bilan en France dont un situé à Cherbourg.Jeudi soir, une fête étudiante a rassemblé quelques dizaines de jeunes à Alençon. "Voilà ce que cela donne lorsque l'état français ferme les discothèques, s'emporte le patron d'un établissement alençonnais. Honte à tous les technocrates qui n'ont aucune vision pragmatique du terrain et qui ne se rendent même pas compte de la gravité de cette décision impartiale d'empêcher les discothèques d'accueillir les étudiants avec des règles sanitaires précises. Que vive la fête, vive les étudiants! Vive les discothèques!"
Dans un communiqué, la préfète de l'Orne condamne l'organisation de cette soirée "qui n’avait fait l’objet d’aucune déclaration en préfecture, a été à l’origine de troubles à la tranquillité publique. Elle s’est par ailleurs déroulée au mépris du respect des règles sanitaires les plus élémentaires." Cette fête a rassemblé des étudiants d'une école de kinés. Françoise Tahéri "appelle les organisateurs de ce type d’événements, et particulièrement les étudiants qui se destinent à exercer une carrière médico-sociale, à se montrer responsables et exemplaires dans le respect des règles sanitaires. Il en va de la santé et de la sécurité de tous."