Le commandant Fabien Seurt-Le Coustumer a assisté ce mardi au traditionnel défilé du 14 juillet à Paris, à l'invitation du président de la République. Durant la crise du coronavirus, le pharamcien assuré la logistique sanitaire des sapeurs-pompiers.
On nous avait prévenus : le commandant Fabien Seurt-Le Coustumer n'aime pas trop être mis en avant. Ce n'est pourtant pas tous les jours qu'on est convié par le président de la République à assister au traditionnel défilé du 14 juillet dans la capitale. Aux côtés d'autres agents des services publics de l'Etat, le sapeur-pompier a été sélectionné par le préfet pour représenter le Calvados lors de la fête nationale. Sa fierté, ce mardi, fut de "représenter le SDIS (Service d'incendie et de secours) du Calvados". Et pourtant, les derniers mois ont été "intenses", reconnait le seul pharmacien pompier professionnel du SDIS 14. Et ce dernier n'a pas chômé.
Si le personnel soignant a été mis en avant, à juste titre, durant la crise du coronavirus, les sapeurs-pompiers ont également été en première ligne. "Avant tout contact avec le milieu hospitalier, il fallait transporter les malades", explique Fabien Seurt-Le Coustumer. Et si le pharmacien n'était pas dans "l'opérationnel", il était chargé d'assurer la protection de ses collègues embarqués dans les véhicules médicaux.#FeteNationale
— Préfet du Calvados (@Prefet14) July 14, 2020
Sur invitation du président de la République, des agents des services de l'État dans le #Calvados, #Pompiers, #SAMU, #soignants, associations sécurité civile, auxiliaires de vie, agents de la ville de #Caen, commerçants ont assisté au défilé du #14juillet à #Paris pic.twitter.com/CIAyCUZLcp
"En France, seuls deux ou trois départements n'ont pas de pharmacie. Depuis le début des années 2000, toutes les ambulances ont de l'oxygène qui est considéré comme un médicament et qui dit médicament, dit pharmacien. On gère l'ensemble des équipements médicaux des véhicules. On est aussi partie prenante dans la gestion des risques chimiques - la pollution environnementale- et NRBC (Nucléaires, Radiologiques, Biologiques, Chimiques)." Un domaine qui l'a passionné durant ses études en pharmacie à l'université de Caen. "Je voulais mettre en application mes connaissances en milieu militaire - ce sont les premiers à intervenir en cas d'accident ou d'attentat - mais comme je n'avais pas suivi le parcours "classique" la seule voie qui s'offrait à moi était celle des sapeurs-pompiers". Fraichement diplômé, le jeune homme intègre le SDIS 14 en 2013, qui, à lépoque, ne dispose pas encore de pharmacie, puis passe un an à l'école d'officier d'Aix-en-Provence.
La gestion des masques : le nerf de la guerre
Bien que pompier professionnel, Fabien Seurt-Le Coustumer travaille à mi-tremps au SDIS. Le pharmacien exerce aussi dans le civil, "dans la prestation d'oxygène à domicile". Un volet de sa vie professionnelle qu'il a dû mettre momentanément entre parenthèses. "Du 15 mars au 1er juin, j'ai été à temps plein au SDIS, weekend et jours fériés inclus." Avec ses trois autres collègues pharmaciens (pompiers volontaires), il a été en charge de toute la logistique sanitaire du SDIS du Calvados durant la crise du coronavirus. "La gestion des masques, ça a été la grosse question, c'était le nerf de la guerre. On n'était pas armé face à une telle crise." Une campagne de dons a été lancée auprès des entreprises et des acteurs publics du département. "Il a fallu réhabiliter les masques FFP2 "périmés" en suivant la procédure établie par le ministère de la santé." Le pharmacien était également en charge de la gestion des stocks de la préfecture.Devenu l'accessoire emblématique de l'épidémie, le masque n'est que la partie émergée de l'iceberg, celui des Equipements de Protection Individuels (EPI). "Les pompiers professionnels et volontaires interviennent en combinaison et lunettes. Les fournisseurs étaient à sec. Il a fallu se démener pour ne pas tomber en rupture. Cette période a été une lutte perpétuelle contre la pénurie. Notre phobie, c'était la rupture d'EPI."
Démêler le vrai du faux
Eviter la rupture tout en restant vigilant. "Il y a des petits rigolos qui ont mis sur le marché des produits non normés ou contrefaits. Ça a demandé un gros travail pour démêler le vrai du faux", notamment sur les gels hydroalcoliques et les produits désinfectants utilisés après chaque intervention. Enfin, il a fallu rédiger et valider toute une série de protocoles d'hygiène, "pour les locaux, la prise en charge des personnes mais aussi les retours d'intrevention ou la gestion des déchets, produits en plus grand nombre que d'habitude".Aujourd'hui, le commandant Fabien Seurt-Le Coustumer est d'avantage confronté au coronavirus dans sa vie civile. "On constate des contre-coups de l'épidémie avec quelques patients déficitaires en plus des insuffisants respiratoires chroniques." Côté pompier, l'heure est à l'accalmie mais la vigilance reste d'actualité. "On a continué à acheter des EPI, tout est là", assure le pharmacien, "Lors du déclenchement de l'épidémie, on a changé nos protocoles d'intervention. Il y a eu quelques assouplissements depuis mais on a gardé les mêmes mode d'organisation. Ainsi, en secours à la personne, les agents continuent de porter des masques. Avant, on en portait que lorsqu'on était confronté à des cas de tuberculose, par exemple."
Ces dernières semaines, plusieurs grands noms de la médecine ont alerté l'opinion via les médias sur un regain de l'épidémie. "C'est sûr que les contaminations vont continuer avec l'arrivée de touristes en Normandie ou le départ en vacances de Normands dans d'autres régions", juge le pharmacien qui veut toutefois croire qu'il s'agira "plus d'un bruit de fond que d'une deuxième vague". Et fait confiance au civisme de ses concitoyens :" L'hygiène des mains et la distanciation sociale vont rester. Les enfants sont très sensibilisés. Et les équipements de sécurité (les masques) sont désormais disponibles." Ne reste plus maintenant qu'à les porter.