Sébastien Duval-Rocher est proviseur depuis vingt ans et c'est sa sixième rentrée au lycée Jean-Rostand à Caen (Calvados). À 50 ans, ce chef d'établissement est un homme bien occupé et passionné par son métier. Il nous parle de sa vie au milieu des élèves et des enseignants.

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7h45. Sébastien Duval-Rocher est déjà installé à son bureau. Il vérifie ses mails puis regarde son emploi du temps de la journée. Ensuite il part pour une tournée du lycée. Il passe les portes de la cantine et lance aux agents "bonjour, comment allez-vous ?". Il poursuit son chemin et croise d'autres agents en plein ménage, il leur sourit et leur adresse un "bonjour". Un rituel pour lui tous les matins. Puis 8h30 approche, l'heure à laquelle les premiers cours commencent, des élèves sont déjà dans la cour, il va à leur rencontre : "comment ça va?". Un peu plus loin, des élèves de seconde sont là, il se présente : "bonjour, je suis le proviseur".

Le chef d'orchestre

Vingt ans que Sébastien est proviseur. C'est sa sixième rentrée au lycée Jean-Rostand à Caen. Il est le chef d'orchestre de cet établissement. Celui qui gère, fait figure d'autorité, veille à ce que tout fonctionne en n'oubliant jamais le bien-être de ses 1.800 élèves et ses 250 employés. 

Quelques jours avant la rentrée du jeudi 1er septembre, il accueille quatre nouveaux enseignants qui viennent compléter son équipe : "Bienvenue, félicitations à vous les professeurs stagiaires", leur lance-t-il.
Une rencontre pour les mettre en relation avec leur tuteur respectif, mais cette réunion dans son bureau est surtout l'occasion pour cet ancien professeur de physique-chimie de leur donner quelques conseils sur leur fonction : "la première chose que vous faites en rentrant en classe c'est l'appel, c'est essentiel, c'est votre responsabilité de vérifier que les élèves sont présents à votre cours".

Des phrases un peu bateau qu'il se doit de leur indiquer. C'est sa responsabilité de les mettre au courant de ces points "administratifs", ce qu'il appelle aussi le "cadre commun". Mais pour cet homme de 50 ans, c'est aussi un moment d'échange où il peut mettre "l'humain" au centre de la conversation et partager son vécu : "vous savez il va aussi falloir trouver votre seuil, ce que vous êtes capable d'obtenir des élèves ou pas. Il faut surtout être vous-même, ne pas tricher car ça va forcément se voir. Et puis il ne faut pas être copains avec vos étudiants, vous ne devez jamais être dans une relation de copinage, jamais jamais".

Et puis il leur laisse la parole après leur avoir demandé comment ils comptent se présenter à leurs élèves. Justine, professeur stagiaire en éco-gestion, répond un peu timidement: "je pense que je vais mettre de la distance". Sébastien lui répond : "vous avez raison, les choses doivent être claires d'entrée de jeu". Un moment de partage qui rassure la jeune femme de 26 ans : "on a tous cherché sur internet comment se comporter, se conduire devant les élèves avant de se lancer… là on a des conseils, on se sent écoutés et il sera là pour nous guider et répondre à nos questions". Le proviseur veut les guider et leur dire qu'ils peuvent compter sur lui : "c'est un métier qui s'apprend mais il faut aussi apprendre à se connaître et connaître les élèves. Il est important que la personne qui est garant de ce cadre leur dise qu'ils ont droit de se tromper, de tâtonner, d'essayer... Je veux qu'ils sachent que je leur permets cela". 

Une fois cette réunion terminée, Sébastien fait le point avec un de ses collègues sur l'état des travaux en cours dans un des bâtiments du lycée puis une employée croisée à la cantine lui signale qu'un plafond s'est effondré dans une salle. En poussant la porte de la salle informatique, il ne s'attendait pas à cette surprise : "c'est un dégât des eaux, la laine de verre est carrément par terre ! Le matériel, la logistique, l'humain, la pédagogie, le bâtiment, je suis partout ! J'arrive le matin, j'ai prévu des choses, je ne les ai pas encore commencé à 18 heures car voilà il est arrivé plein de choses. Mais c'est ce qui rend le métier intéressant". Il prend une photo pour l'envoyer à la Région et file vers son bureau. 


Avec l'expérience, il a appris a déléguer et surtout à avoir une totale confiance en ses collaborateurs. Son équipe rapprochée est composée de huit personnes. Ensemble, ils discutent des différents sujets à l'ordre du jour une fois par semaine lors d'une réunion de direction. Chacun peut donner son point de vue et s'exprimer en toute transparence: "ils peuvent donner leur avis même si parfois je dois un peu me bagarrer pour m'imposer", nous confie-t-il avec le sourire, "ce que je souhaite c'est que chacun se sente bien". Une bonne ambiance et un pied d'égalité, deux choses que son adjointe, Catherine Guerpin, reconnaît : "moi personnellement je ne sens pas la hiérarchie, on travaille vraiment beaucoup mais ce qui fait qu'on tient le coup c'est qu'on peut compter les uns sur les autres, si on est fatigué, un autre prendra le relai et on rigole bien, on encore beaucoup de plaisir à venir travailler le matin". 

Même constat du côté des 157 professeurs de l'établissement. Le jour de leur rentrée, le proviseur a mis en place un petit déjeuner de retrouvailles. Des dossiers ou leur cartable à la main et surtout un sourire sur le visage en buvant un café, tout en mangeant quelques viennoiseries. Sébastien va tous les saluer un à un. On peut entendre : "vous avez passé un bel été ?" ou encore "prêt pour la reprise?". Il est ravi de les revoir mais est aussi un peu stressé : "il y a une petite appréhension car tout démarre aujourd'hui, l'ambiance général sur une année mais également le cap". Un cap commun qu'il veut imposer et auxquels tous participent. Une professeure le décrit comme quelqu'un de "fédérateur", une autre ajoute qu'il est "humain".


Il l'avoue, les relations humaines, c'est sa grande passion. Ce jeudi 1er septembre, pour la rentrée des étudiants, le proviseur a mis en place des ateliers et des quizz pour que les élèves fassent connaissance entre eux et découvrent le lycée. Une journée pour qu'ils se sentent "accueillis". Mais même s'il est un chef d'établissement souriant, de bonne humeur, ouvert à la discussion avec les jeunes, il n'oublie jamais d'asseoir son autorité. Il reçoit plusieurs classes dans l'amphithéâtre et rappelle très vite quelques points du règlement intérieur : "si vous êtes absents et qu'il y a un devoir, vous avez un zéro temporaire et vous devez justifier votre absence le jour de votre retour à la vie scolaire sinon le zéro est maintenu".

Il prévient aussi : "le téléphone portable en cours, il est éteint, rangé, non visible sinon il est confisqué et remis à vos parents". C'est dit ! "Nous faisons tout pour qu'il y ai un bon climat scolaire, mais tout ça s'organise dans un cadre de vie avec des règles de vie et c'est ma responsabilité de faire en sorte que toute cette communauté coexiste dans un cadre défini", explique-t-il. 

Un homme aux multiples facettes qui aime profondément son métier : "c'est intense, je passe de nombreuses heures ici, ma vie privée est importante bien évidemment mais mon travail aussi, je ne le changerai pour rien au monde". Un lycée un peu comme sa deuxième maison où il veille sur chacun de ses élèves.  

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