"La Bulle", un micro-village coopératif mêlant habitat, commerces, restaurants et pôle d'activités gonfle avec l'espoir d'une implantation sur la Presqu'Île de Caen (Calvados). L'idée directrice de ce projet est de faire la part belle aux circuits courts, à l'économie sociale et solidaire et à la croissance raisonnée.
Bordeaux a Darwin, Toulouse a la Cartoucherie, Paris a la Cité Fertile, Caen aura peut-être bientôt La Bulle. Quèsaco ? Un tiers lieu alternatif innovant de 12 000 m² où se côtoieraient un tas d'activités différentes mais liées à la fois. Des restaurants, des bars, des commerces, des artisans, des bureaux, des associations, des loisirs…
Bref, un véritable centre-bourg où tous les acteurs travailleraient de concert, au sein d'une grande coopérative. "On veut créer un écosystème qui puisse permettre aux futurs habitants de la Presqu'île d'avoir de nombreux services de proximité au cœur de leur quartier, détaille Romuald Poretti, l'un des cerveaux à la base du projet. Il poursuit : On vise à changer les modèles économiques et sociaux du monde dans lequel on vit. L'idée est d'avoir un modèle économique pérenne, durable mais tout de même rentable. Dans notre Bulle, on veut avoir une croissance raisonnée, et redistribuer les richesses de façon équitable".
La Presqu'île, lieu d'implantation parfait
Cette Bulle, ils sont quatre à la faire gonfler depuis plus de deux ans, tous bénévoles. Romuald Poretti, ancien responsable des animations et de la communication du Lux, cinéma art et essai de Caen, Soussanna Zeman, ex-traiteur, et Clémence Pannetier, coordinatrice du programme Erasmus + au Conseil départemental du Calvados, et Emmanuelle Vimond, formatrice à l'E2SE. Et ils l'imaginent implantée sur la Presqu'île de Caen, sur une actuellement en friche industrielle.
Cette zone à fort potentiel, l'Agglomération est en train de se la réapproprier petit à petit ; La Médiathèque Alexis de Tocqueville, le nouveau Palais de Justice, le Dôme, l'Esam, et des immeubles d'habitations y ont germé ces dernières années. La Bulle, elle, pourrait trouver sa place sur la ZAC (zone d'aménagement concertée) du Nouveau Bassin, un territoire actuellement abandonné où se situait autrefois le marché de gros. Un territoire à urbaniser qui connaîtra son destin en cette année 2023. Les parcelles sont commercialisées et la consultation publique doit démarrer dans les prochains mois.
Un projet à 30 millions d'euros
Mais pour s'y implanter, il faut trouver de l'argent. Beaucoup d'argent ! Le budget prévisionnel s'élève à 30 millions d'euros. Une levée de fonds va être lancée d'ici à l'été. Les porteurs de projet souhaitent créer une société foncière solidaire pour pouvoir acquérir la parcelle. En attendant, ils sont au boulot pour que l'idée de base prenne des contours plus détaillés. Un expert-comptable, un architecte urbaniste, des chefs d'entreprise et d'une stagiaire ont rejoint l'équipe pour développer davantage un réseau où l'on retrouve déjà plusieurs acteurs établis dans l'agglomération comme le restaurant vegan Greedy Guts, le traiteur-restaurant Oh My Chef ainsi que la coopérative de transport Toutenvélo.
La Bulle gonfle, et l'Etat y insuffle de l'argent. Le mois dernier, 100 000 € sont tombés dans les caisses de l'association grâce à la reconnaissance comme PTCE, pôle territorial de coopération économique. Une autre subvention de 83 000 € est venue de l’Ademe, l’agence de la transition écologique. Ses fonds permettront à la Bulle de se doter d'un ou deux salariés, chargés de donner encore plus de garantie d'exister un jour à ce campus social, solidaire et inventif.