75 ans après, les "soeurs casseroles" nous racontent leur 6 juin 1944 à Caen. Les soeurs Casseroles ? A Caen, on les surnommait ainsi à cause de la casserole qu'elles se posaient sur la tête pour se protéger des bombes, à la manière d'un casque de soldat.
"On s'en est sorti c'est ce qu'on appelle la destinée !", un cri qui vient du coeur : celui des soeurs casseroles. Colette Louviot et Anne-Marie Chebance n'en n'ont jamais trop parlé avant. Mais 75 ans après, elles sont parmi les derniers témoins de ce 6 juin 44 à Caen. La ville allait, alors, jusqu'au 19 juillet, vivre l'horreur de la destruction.
"C'est inimaginable ce que peut-être un bombardement quand on est en-dessous... parce qu'on ne sait pas où se mettre !"- Anne-Marie Chebance, caennaise
"Dès la nuit du 5 au 6 juin, vers 3 ou 4 heures du matin, des avions passaient au-dessus de nos têtes. Mais le premier bombardement c'était à 13H30...", elle se souvient du théâtre en feu même si rue Pémagnie, où elle résidait, c'était plus calme.
En effet, à 13H30, 156 tonnes de bombes sont tombées sur la ville de Caen, faisant 500 victimes. Puis arrivèrent une deuxième vague et une troisième à 16h30 et 2h40 du matin.
Le matin du 7 juin, la ville comptait 200 victimes de plus. 2000 morts au total à la fin du calvaire, le 19 juillet 1944, jour de libération.
Très vite, le 6 juin, les "soeurs casseroles" ( le surnom qu'on leur donna dans la famille puisqu'elles se protégeaient la tête avec une casserole en guise de casque) rejoignent avec leur famille le refuge de la rue Pasteur où elles restèrent une dizaine de jours avant de fuir la ville vers Rânes. Ce fût entre Falaise et Argentan, une autre guerre. " Cette fois on était au milieu des combats."
Vidéo France 3 Normandie : le témoignage de deux soeurs qui habitaient le centre-ville de Caen et qui avaient la vingtaine insouciante le 6 juin 1944
"On a profité d'un moment plus calme pour se réfugier rue Pasteur où il y avait déjà plein de monde. Avec le recul, je me dis que c'est fou, personne ne criait, personne ne pleurait... Il n'y avait plus de gens riches ou pauvres, c'était très solidaire. Il faut dire qu'on ne savait pas si le soir, on serait encore en vie ou pas !"- Anne-Marie Chebance, caennaise
VIDEO FRANCE 3 Normandie : archives de l'INA- En 1994 France 3 Normandie diffusait l'incroyable témoignage de deux reporters de guerre de la BBC, un français et un anglais qui ont couvert la libération de Caen. Des images et un récit à écouter. Les vrais témoins de l'Histoire :
Vidéo : la bataille de Caen. D'autres images pour revivre le calvaire de Caen et sa région autour des troupes du général Montgommery et quelques images de propagande allemande