Témoignage. Tentative de suicide, trois ans de scarification... Léa, 14 ans, est enfin suivie à la Maison des ados

Publié le Écrit par Karine Lepainteur
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Après trois ans de galère, Léa*, 14 ans, est enfin prise en charge par la Maison des ados de Caen, dont les salariés étaient en grève ce mercredi 20 décembre 2023. Valérie* nous livre ici son parcours du combattant pour obtenir un suivi psychiatrique pour sa fille.

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Valérie* a franchi les portes de la Maison des adolescents du Calvados pour la première fois, il y a trois ans. Cette structure est un dispositif départemental d’accueil, d’évaluation, d’orientation et de soin pour les adolescents (12-21 ans) et leur famille.

Léa, 14 ans, se scarifie

À l'époque, cette maman cherche comment aider sa fille. Léa* est alors en 6ᵉ, elle est harcelée, se scarifie et ne veut plus aller à l'école. Un dossier est ouvert au nom de Léa, sa maman est écoutée par une personne chargée de faire un premier bilan. L'anxiété scolaire est évoquée. Mais aucun diagnostic médical n'est posé, car aucun rendez-vous avec le médecin psychiatre n'est alors proposé, faute de place dans son agenda déjà trop chargé.

Un suivi s'organise alors, en dehors de la Maison de l'adolescent, avec l'assistante sociale scolaire, puis avec un éducateur du département. En 4ᵉ, Léa se scarifie toujours, et des maux de ventre apparaissent. Le suivi auprès de la Maison des ados est plus que souhaité, mais il n'y a toujours pas de place.

L'assistante sociale appuie la demande d'un courrier en mai 2022. En juin, Léa est enfin sur liste d'attente. Mais l'attente est trop longue. À sa rentrée en 3ᵉ, les maux de ventre s'intensifient et mènent Léa au CHU de Caen.

"Je croyais qu'elle dormait, mais elle avait pris des médicaments"

Lors de cette hospitalisation, Léa évoque une tentative de suicide... en janvier 2023. Ses parents sont effarés. Ils n'ont rien vu. Valérie raconte qu'elle avait trouvé sa fille vaseuse ce jour-là, mais elle pensait que Léa était juste fatiguée. En réalité, elle avait pris des médicaments.

Elle est restée quelques jours hospitalisée au CHU. On n'a pas vraiment eu de diagnostic à ce moment-là. Ils se sont juste assurés qu’elle n’était plus suicidaire.

Valérie, maman de Léa, 14 ans

En octobre, Léa retourne au CHU, toujours pour des maux de ventre. À ce moment-là, elle n'a pu se rendre au collège que pendant six journées depuis la rentrée. Ce jour-là, l'externe en psychiatrie qui l'examine réitère la demande d'une prise en charge auprès de la Maison des adolescents et décide d'assurer lui-même le suivi en attendant. Une semaine plus tard, il y a enfin une place pour Léa.

Plus de traces de scarification

Léa a maintenant rendez-vous tous les 15 jours avec une pédopsychiatre. Elle n'a plus de traces de scarification et l'ambiance est plus apaisée à la maison.

Grâce au travail qui est fait avec l’éducateur et la Maison des ados, on sent que la communication est plus fluide. On a moins affaire à une boule de nerfs qui nous insulte.

Valérie, maman de Léa, 14 ans.

Valérie ne remet jamais en cause le travail du personnel de la Maison des ados. Elle les sait débordés par tous ces jeunes en perte de repères. "Depuis le COVID, ça a explosé", lui a-t-on dit. 

Une restructuration qui menace l'établissement

Comme d'autres parents, Valérie déplore le manque de professionnels, et s'inquiète d'une nouvelle restructuration, même si le personnel n'en parle pas devant les parents.

Ce mercredi 20 décembre, elle est passée devant l'établissement et a bien vu les banderoles. Les salariés étaient en grève. Depuis 2018, ils alertent sur une nouvelle organisation, et aujourd'hui, ce sont encore des postes qui vont être supprimés.

Les jeunes et les familles ont besoin de la Maison des ados, et ça nous inquiète qu’on puisse prendre le risque de fragiliser cette structure.

Julie Bernouis, psychologue à la maison des adolescents du Calvados

Pour l'instant, quatre postes sont supprimés : trois personnels administratifs, et un personnel jugé non nécessaire au sein de la maison des adolescents.

*Prénoms d'emprunt

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