Transports. Et si des RER desservaient les alentours de Caen ?

Devant l'urgence climatique, le syndicat CGT Cheminots de Caen souhaite relancer le projet de desserte métropolitaine de la ville et ses alentours, imaginé dans les années 90. Une sorte de RER calvadosien pour développer des cadences vers Lisieux et Bayeux, mais aussi de remettre en service des lignes vers Ouistreham et Thury-Harcourt.

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Et si vous pouviez rejoindre la Côte de Nacre, la Suisse Normande ou les zones commerciales de Mondeville par le rail ? C'est la proposition relancée par la CGT Cheminots de Caen. Face au défi du dérèglement climatique, le syndicat ressort des cartons un projet déjà évoqué au début des années 90, notamment lorsque la ligne Caen - Flers a définitivement cessé de voir circuler des trains, en 1993. 

Justement, cette desserte vers le Bocage à travers la Suisse Normande est l'un des axes majeurs de ce projet de RER caennais. Dans un premier temps, il s'agirait d'un trajet jusqu'au Hom, à Thury-Harcourt. Il desservirait des haltes aujourd'hui en sommeil à Louvigny, Saint-André-sur-Orne/Feuguerolle-Bully, Mutrécy et la Forêt de Grimbosq. Toutefois, pour cela, il serait nécessaire de réhabiliter un réseau ferré qui n'a plus servi depuis 30 ans, et qui est désormais longé par la voie verte de la Vélo Francette

Le tram-train serait une possibilité, même si on peut aussi imaginer faire circuler des TER sur cette ligne. On a des voies ferrées sous les ronces, qui appartiennent encore à la SNCF réseaux et qui peuvent toujours être réhabilitées. Des études ont été faites, on n'est pas sur des sommes astronomiques. Aujourd'hui, on investit beaucoup d'argent sur les routes alors qu'on pourrait faire exactement la même chose avec le ferroviaire. C'est un non-sens en terme d'urgence climatique ! 

David Cardin, secrétaire général de la CGT Cheminots de Caen

Selon le délégué syndical, une remise en état de l'axe Caen-Flers coûterait environ 100 millions d'euros, d'après une étude diligentée il y a quelques années. Le Conseil Régional, lui, estime la facture à près de 200 millions d'euros. "C'est toujours moins que la mise en place de l'hypothétique 2x2 voies par la route promises depuis 40 ans et qui est chiffrée à 350 millions d'euros." 

Du côté des décideurs régionaux, la ligne de conduite ne varie pas : les finances sont restreintes, et la priorité est d'entretenir le réseau existant, dans un contexte où l'Etat n'apporte pas la garantie de verser sa part, considérable, du budget nécessaire. 

Des axes Nord, Sud, Est et Ouest 

Au-delà des investissements pour relancer des lignes, il y a le choix du matériel roulant, qui pose aussi question selon Jean-Baptiste Gastinne, vice-président de la Région Normandie, en charge des Transports. "Le tram-train n'est pas encore très fiable. A l'heure actuelle, il y en a très peu en circulation en France. On étudie la possibilité de mettre en service des Taxirail sur plusieurs petites lignes, mais ces véhicules nécessitent leur propre centre de maintenance, et parfois des aménagements de structures".

Dans le projet du syndicat, il serait donc nécessaire de réhabiliter des voies ferrées aujourd’hui fermées, mais aussi d'en utiliser d'autres réservées exclusivement à du fret, comme celle menant à Ouistreham, via Colombelles, Bénouville et Blainville sur Orne. S'il existe actuellement des lignes de bus pour desservir toutes ces communes au nord et au sud de Caen, le train pourrait offrir un cadencement plus régulier. 

Actuellement, il y a des conducteurs et des contrôleurs qui restent parfois trois heures en attente alors qu'ils pourraient convoyer des trains; Ce serait préférable pour eux, et aussi pour les usagers.

David Cardin, secrétaire général de la CGT Cheminots de Caen

Desservir le Zénith et Mondeville 2 grâce à la ligne Cherbourg - Paris

Outre la réhabilitation de voies ferroviaires, la CGT propose de faire circuler davantage de trains sur les rails de la ligne TER Paris-Caen-Cherbourg, entre Bayeux et Lisieux. Comme indiqué sur le plan ci-dessus, plusieurs gares existantes pourraient accueillir davantage de dessertes chaque jour, comme Audrieu, Bretteville-Norey, Frénouville-Cagny, Moult-Argences et Mézidon. 

Cependant, il faudrait créer des haltes à Carpiquet, au Zénith et près du centre commercial Mondevillage. La proposition aurait retenu l'attention de Joël Bruneau, maire de Caen, qui a sollicité une étude auprès de la SNCF. "Il est plutôt ouvert et positif sur le fait d'étoffer l'offre ferroviaire sur la région caennaise", relate David Cardin, secrétaire général de la CGT Cheminot du Calvados. 

Des RER aussi à Rouen et au Havre ?

Le même type de projet concernant le développement d'un réseau de mobilité métropolitain autour du Rouen et du Havre a d'ailleurs déjà été proposé au Conseil Régional. C'était en 2019, par le Ceser (Conseil économique, social et environnemental régional) dans son étude de mobilités du quotidien.

Deux ans plus tard, en septembre 2021, la Région Normandie affirmait vouloir reconquérir le maillage régional ferroviaire. Après plusieurs études, le seul projet réellement abouti est celui du tronçon Rouen-Louviers. Les rails étant déjà présents, et la distance courte, la remise en route du trafic se chiffrerait à 95 millions d'euros. Un millier de Normands seraient susceptibles de l'emprunter au quotidien pour un trajet de 33 minutes, autant que par l'autoroute payante. Hervé Morin, président de Région, l'espère pour 2027. La SNCF l'envisage plutôt pour 2030. 

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