Travailler pour payer ses études : "C'est vraiment un job alimentaire"

La vie étudiante coûte de plus en plus cher et bien des étudiants sont contraints de devoir trouver un petit boulot pour joindre les deux bouts. À Caen, lors de chaque rentrée, la Maison de l'étudiant organise un job dating. Parole d'employeurs : les étudiants sont "très motivés". Et pour cause...

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Le budget est forcément serré. "Il faut payer le transport, le logement, la nourriture", explique Giuseppe qui s'autorise aussi "un petit café et quelques sorties de temps en temps". Ses dépenses tournent autour de 600 euros par mois. "Environ 400 pour le logement et 200 pour le reste". Pour subvenir à ses besoins, cet étudiant caennais venu d'Italie s'est mis en quête d'un petit boulot.

C'est désormais presque une norme : selon l'Observatoire de la vie étudiante, 40% des étudiants et des étudiantes occupaient un emploi à temps partiel en 2020 et cette proportion augmente année après année.

Salariat contraint

La FAGE, la principale organisation étudiante, juge qu'il s'agit bien souvent d'un "salariat contraint". Elle estime cette année que le coût moyen de la rentrée s'établit à 3150 euros. Le calcul comprend l'ensemble des frais fixes liés à l'inscription universitaire et à l'emménagement dans un logement, et le montant d'un mois de dépenses courantes. Le seul logement engloutit 45 % du budget mensuel. 

À Caen la Maison de l'étudiant a bien cerné le besoin. "Quand je prospecte des entreprises, je veille à ce que les propositions d'emplois soient compatibles avec un emploi du temps d'étudiant, explique Céline Vion, codirectrice de la maison de l'étudiant de Caen."Il faut aussi fixer des limites. On ne peut pas travailler plus de 25 heures par semaine en suivant des études".

Le mardi 3 septembre, une vingtaine d'entreprises sont venues pour proposer du travail aux étudiants de l'université de Caen : près de 400 offres d'emploi, à temps partiel, payés au SMIC. La restauration rapide, le baby-sittings et les supermarchés sont des débouchés naturels, mais ces dernières années, beaucoup d'offres proviennent du secteur de la logistique.

Un étudiant sur deux a déjà un pied dans le monde du travail

"C'est de moins en moins difficile de recruter", observe Samira Farhat qui dirige une résidence de tourisme à Courseulles-sur-Mer. Elle embauche des étudiants pour faire le ménage dans des logements. "On leur paie le ticket de bus pour les inciter à venir".

L'assistante RH d'une plateforme de logistique note que les étudiants sont toujours "très motivés" même si le travail est assez éloigné de leurs centres d'intérêts. "Seulement 40 % des étudiants ont un travail compatible avec leur futur métier, précise Céline Vion. On est vraiment dans le job alimentaire".

Ce "salariat contraint" est aussi souvent un premier pas dans le monde professionnel. "On observe aussi que de plus en plus d'étudiants se lancent dans l'auto-entrepreneuriat", explique Céline Vion. À la maison de l'étudiant, nous avons par exemple croisé Carl qui vient de lancer une activité de revente d'ordinateurs reconditionnés.

L'année dernière, Giuseppe travaillait comme serveur. "Je pourrais être aidé par mes parents, mais j'ai envie d'être autonome. Cette année, je voudrais gagner un peu plus d'argent pour faire quelques voyages et aller à la salle de sport". Pour financer ses études de Management, il cherche "un contrat de 15 heures par semaine. Le job rêvé, ce serait 10 heures par semaine, bien payé, mais ça n'existe pas..."

 

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