L'AG de lutte contre toutes les expulsions a installé mercredi dernier des familles dans quatre appartements de la Grâce de Dieu. Ce quartier avait abrité jusqu'à l'été 2020 le plus grand squat de Caen.
Comme elle en a l'habitude et pour éviter que les nouveaux occupants soient expulsés sur le champs, l'Assemblée générale de lutte contre toutes les expulsions a attendu 48 heures pour officialiser ce weekend l'occupation de quatre appartements situés rue Langevin dans un immeuble de la Grâce de Dieu géré par Caen-la-Mer Habitat. Quatre familles, albanaises et géorgiennes y sont installées depuis mercredi soir. "Ils ont été déboutés du droit d'asile mais ça fait cinq ans qu'ils sont en France, ils peuvent demander leur régularisation sur le territoire français. C'est ce qu'ils essayent de faire. Mais leur situation fait qu'ils ont du mal à trouver un logement. On est là pour les aider", plaide Pierre, membre de l'AG de lutte contre toutes les expulsions.
Ce quartier avait par le passé abrité le plus grand squat de la ville avec pas moins de 36 logements occupés illégalement dans un même bâtiment voué à la destruction. Les 160 personnes qui y résidaient avait été expulsées le 25 août 2020. Aujourd'hui, ce nouveau squat est d'envergure bien plus modeste. Mais pour autant, il constitue une première pour le collectif caennais. Car l'immeuble abrite déjà des locataires. "On a discuté avant avec le voisinage pour voir s'ils étaient d'accord. On va continuer à le faire dans les jours à venir et montrer que les exilés sont des gens comme nous, qu'ils ont le droit au même confort de vie que les autres."
Des appartements "entretenus mais vides"
Les locataires rencontrés sur place par notre équipe semblent s'accommoder sans problème à leurs nouveaux voisins. "Si ce sont des gens réglos, il y a pas de problème", estime Amin, "Il y a beaucoup d'appartement inoccupés à Paul Langevin, beaucoup beaucoup. Si vous faites les étages, du premier au huitième, vous en trouverez pas mal inoccupés. Pourtant, ils ont entretenus. Mais ils sont vides." Pour Sophie, "qu'on soit au printemps, en été, en automne, en hiver, c'est pareil : on ne doit pas être dehors. Une famille c'est fait pour vivre sous un toit."
Ce premier retour positif conforte le collectif caennais dans sa démarche. Et s'inscrit peut-être dans le contexte actuel marqué par la guerre en Ukraine. "On voit que l'accueil d'Ukrainiens est inconditionnel, l'Etat met beaucoup de moyens, des gens proposent leur maison", se réjouit Pierre, "Cet élan de solidarité est incroyable mais on voudrait que ce soit fait pour les exilés d'autres pays. On aimerait que cette situation ukrainienne fasse lumière sur tous les autres pays en guerre et tous les autres gens qui fuient la guerre et arrivent en France dans des conditions difficiles."
Ce dimanche matin, les membres du collectif caennais et les familles installées à la Grâce de Dieu n'avaient pas encore reçu la visite de la police ou d'un huissier.