Vols annulés, retards importants, les ratés de Volotea gâchent les rêves de vacances de beaucoup de Normands

L'été risque d'être long pour les passagers normands des compagnies low-cost plébiscitées à l'aéroport de Caen-Carpiquet. Depuis une semaine, beaucoup se retrouvent brutalement en situation de naufragés, sans vol, et des vacances qui tournent au fiasco.

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Retards de plus de huit heures, vols annulés, les désagréments sont nombreux. Et pourquoi? Equipages covidés, grève dans les aéroports, manque de personnel, les raisons sont multiples et on ne sait plus très bien pourquoi certains avions ne décollent plus comme prévu depuis quelques jours. C'est devenu un sujet de tension extrême en Normandie en direction de la Corse notamment ou du Sud. Prendre l'avion avec certaines compagnies tourne au sketch permanent, qui n'a rien de drôle : " Hey Volotéa ? C'est une passion de changer les horaires de vols vers Caen à chaque réservation ? Vous n'avez pas l'impression de prendre les gens pour des imbéciles? ", des petits SOS comme celui-ci laissés sur les réseaux sociaux visant la compagnie low-cost espagnole, il y en a des dizaines. Mais depuis quelques jours, la  compagnie à carreaux blancs et rouges revient en boucle dans beaucoup de conversations : trop c'est trop et la moutarde monte aux nez des voyageurs.

" On s'apprête à vivre un été très difficile [ndlr: à l'aéroport de Caen-Carpiquet] vu ce qu'il se passe depuis quelques jours. On a vécu un week-end de crise et ça continue ", nous confie une source fiable à l'aéroport. Mais le sujet est tellement sensible, que l'anonymat nous a été demandé.

Décollage prévu à 10H30, arrivée à Ajaccio le lendemain à midi

Stéphanie et sa petite famille, 3 enfants et un mari, ont bien cru devoir abandonner l'idée d'un séjour de quinze jours en Corse organisé et budgété ligne par ligne ( l'inflation oblige à compter) pendant l'hiver. " On a acheté 5 billets en mars qui nous revenaient chez Volotéa à 118 euros l'AR Caen/ Ajaccio. ", c'était parfait. A leur arrivée ce 30 juin, deux heures avant le vol, ils sont détendus et souriants . C'est enfin le grand jour, le plan se déroule sans accroc, le temps est au beau fixe.

"A ce moment-là, aucun vol n''a disparu du tableau d'affichage. Je n'ai reçu ni SMS, ni mail. Je m'imagine alors que je fais partie des veinards qui vont voyager sereins." Mais tout change très vite : une voix dans le hall affirme haut et fort, que le Caen-Ajaccio est annulé. L'information est vite confirmée dans les micros officiels. C'est la panique.

J'ai vu une dame entre crise de nerfs et pleurs parce que sa carte bleue ne passait pas pour les 800 euros de surplus qu'on lui facturait dans la précipitation.

Stéphanie, cliente Volotéa du 30 juin à Caen

" On a vécu une heure de dingue. Des gens qui allaient et venaient. Je me souviens d'un papi qui était totalement perdu devant tous ses rêves de vacances au soleil évaporés en une seconde. On lui proposait de prendre un billet d'avion à 400 euros pour rejoindre Lyon puis de se procurer un autre billet pour Ajaccio, sur son téléphone. C'était impossible pour lui, financièrement d'abord, avec sa petite retraite. Et puis il était seul et incapable de gérer cette manipulation sur son smartphone."

"C'est simple, c'est du cas par cas. Chacun se débrouille, c'est la jungle." En se remémorant ce moment de panique général avec 156 passagers démunis, elle lâche plusieurs exemples : "J'ai vu aussi une dame en crise de pleurs et de panique parce que sa carte bleue ne passait pas pour les 800 euros de surplus qu'on lui facturait dans la précipitation." 800 euros c'est ce que lui coûtait le nouveau vol pour Lyon. Ses enfants étaient affolés, plus de vacances, tout le monde pleurait. Des gens s'arrachaient les dernières places à ce prix là pour Lyon." Une ambiance de marchés financiers où le prix final des vacances explosent : vous pensez partir pour 118 euros l'A/R, et la facture s'élèvera finalement à 3 ou 4 fois ce prix-là. comment faire ? " Beaucoup repartaient, vaincus, dépités. "

Stéphanie est arrivée à Ajaccio le lendemain, à midi après avoir soulevé des montagnes : " On a appelé tous les numéros de Volotéa qu'on trouvait, on a discuté serré, on s'est montrés indignés, les mettant dos au mur et ils ont fini par craquer et nous payer un taxi jusqu'à Paris avec un hôtel à Orly et des billets pour un vol sur une autre compagnie."

Une professionnelle d'agence de voyages à Caen nous confie que le lendemain, le Volotéa de 8 h n'avait toujours pas décollé à 16 heures.

Est-ce que Stéphanie et sa famille ont eu de la chance ? Pour une professionnelle du voyage à Caen qui requiert, elle-aussi, l'anonymat, " C'est juste normal. C'est ce que la compagnie doit proposer comme alternative à ses clients dans ce cas-là." Sauf qu'elle nous raconte que c'est très rare d'obtenir de l'aide ou les remboursements légaux avec ces compagnies low-cost. "Nous on a arrêté depuis le Covid de travailler avec eux. On passe des heures, parfois dix appels, à négocier des remboursements de billets qu'on attend toujours deux ans après. Volotéa? J'appelle ça des compagnies fantômes. Personne ne répond, ou rien ne suit derrière. C'est l'aéroport de Caen qui leur donne des créneaux et ils n'ont pas les moyens de les joindre, même eux? Je trouve cela anormal. Moi je ne vends plus ces billets-là et nous sommes nombreux dans la profession à faire pareil.

J'appelle ça des compagnies fantômes. Personne ne répond, ou rien ne suit derrière. C'est l'aéroport de Caen qui leur donne des créneaux et ils n'ont pas les moyens de les joindre, même eux? Je trouve cela anormal

Une responsable d'agence de voyage à Caen

En effet, même pour les interviewer nous n'avons pas pu obtenir un numéro de téléphone. Une adresse de service de presse circule sur le net mais personne n'a répondu aux mails. Nous avons demandé l'aide de l'aéroport pour toucher le service presse qui vient à Caen quand il y a une présentation de nouvelle ligne (Caen-Montpellier, la dernière en date), mais ces sociétés de communications ne traitent pas ces demandes-là, nous a t-on répliqué.

750 euros pour partir de Bruxelles, plus l'autoroute et le parking : des vacances à tout prix

Je me sens pris en otage. C'est 1000 euros tout de suite ou tes vacances, ta loc, tes projets sont foutus.

Jonathan, voyageur Volotéa du 6 juillet à Caen

" Quatre jours avant mon départ, le 1er juillet, un mail me dit que l'avion est annulé mais des places sont toujours en vente sur le site. Et là, j'avoue, je ne comprends plus rien. "

Jonathan doit partir ce 6 juillet vers Ajaccio, lui-aussi. Il est tellement paniqué à l'idée de ne pas vivre ces vacances qu'il attend depuis deux ans, qu'il a cherché un plan B partout à la réception du mail ci-dessus. "J'ai acheté 3 billets à 250 euros pièce A/R au départ de Bruxelles. Avec la voiture et le parking, c'est 1000 euros de plus dans mon budget. Un truc de dingue." Il verra plus tard, en rentrant comment équilibrer ses comptes. Mais "le pire c'est de voir qu'il y a toujours des ventes en cours pour ce vol. Il est annulé ou pas ? mon revendeur m'affirme que oui. Volotéa est injoignable."

A l'aéroport, on nous confirmera le même jour qu'il est, selon, eux, toujours d'actualité.

"Je me sens pris en otage. C'est 1000 euros tout de suite ou tes vacances, ta loc, tes projets sont foutus. OPn ne m'y reprendra pas. Je ne suis pas près de choisir à nouveau cette compagnie", analyse Jonathan désemparé. 

"Mais boycottons cette compagnie ! ", s'exclame une cliente de Bayeux laissée sur le carreau la veille d'un week-end à Marseille, fin juin. " Mes deux jours dans le sud qui devaient me coûter à peine 100 euros l'aller et le retour me sont au bout du compte revenus au triple, rien qu'en billets. Plus jamais je ne prendrai l'avion pour descendre. "

Et pourtant de plus en plus de gens font confiance à l'aérien pour partir : l'année 2022 est même une année record pour l'aéroport de Caen-Carpiquet. Entre le 1er janvier et le 1er juin, ce sont déjà 100 000 passagers qui ont fréquenté l’aéroport de Caen-Carpiquet, soit +150% par rapport à la même période un an plus tôt. 

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