Partis de Colleville, en passant par Grandcamp-Maisy, ce samedi 8 juin, 350 véhicules militaires du Liberty convoi sont arrivés à Isigny-sur-Mer. Et parmi ces voitures de collection, un char a particulièrement attiré notre attention avec cette question : mais comment conduire un char de la Seconde Guerre mondiale en 2024 ?
350 véhicules de collection datant de la Seconde Guerre mondiale ont participé, ce samedi 8 juin, au Liberty Convoi. Un cortège de 4 km de long sur 32 km en partant du secteur d’Omaha Beach jusqu'à Isigny-sur-Mer.
Un char a attiré notre attention avec cette question : peut-on conduire ce tank sans avoir été formé ? C’est difficile, mais possible avec de la patience : "Il faut absolument penser à la mise en route et laisser le moteur chauffer, il ne faut jamais partir à froid", nous explique Stélan Lopez, propriétaire d'un char.
Des centaines de boutons
Ce passionné a trouvé ce véhicule de la Seconde Guerre mondiale un peu par hasard chez un ferrailleur, il y a plusieurs années. Stélan Lopez l'a restauré pendant quatre ans puis il l'a fait rouler depuis plus de 10 ans. En réalité, son char est même une star, il a joué dans le film "Fury", sorti en 2014 avec Brad Pitt.
L'homme est très fier de nous montrer ce blindé. À l'intérieur, le tableau de bord comprend plusieurs boutons, manettes, cadrans... Alors forcément pas toujours facile de trouver la commande qui permet la mise en marche ou encore le levier de vitesse. Le relâchement des freins est assez compliqué aussi, car sur de nombreux modèles de char, le conducteur doit simultanément lever le pied de la pédale et tirer sur un levier.
Une fois ces étapes de base repérées et réalisées : "La conduite du tank est assez simple, intuitive. La pédale de frein et d’accélérateur fonctionne comme celles d’une voiture", nous explique Stélan Lopez. Son char dispose de deux leviers. En tirant sur le levier de droite, la chenille droite est ralentie, ce qui fait que le tank part à droite. En tirant sur le levier de gauche, il part donc vers la gauche.
Les débutants apprennent à conduire un tank en gardant la tête en dehors de l’écoutille. Mais en situation de combat, il faut savoir s’orienter à l’aide des périscopes, ce qui n’a rien d’évident pour un conducteur débutant.
La vitesse d'un char
Sur du plat, un char d’assaut moderne peut atteindre plus de 95 km/h. Sur un terrain assez cabossé, il est toutefois plus sûr d’adopter une vitesse de croisière de 16 à 25 km/h. Mais les chars de la Seconde Guerre mondiale roulent, pour beaucoup, aujourd'hui aux alentours de 12 km/h. Pour la conduite, inutile d’être trop précautionneux, dans la mesure où l’engin est conçu pour rouler sur tout. Certains chars peuvent même écraser une voiture.
Sur un terrain très boueux, il faut par contre faire preuve de grande prudence. Si le corps du tank entre en contact avec le sol et que ses chenilles se mettent à tourner dans le vide, il est coincé et là bonne chance pour le remorquer !
Et le canon ?
L'utilisation du canon est autant un casse-tête que la conduite pour ceux qui n'y connaissent rien en blindé. Là aussi, des leviers et boutons servent à orienter le canon. Le bouton particulier qui sert à tirer n’est pas facilement identifiable : "Il faut un minimum de connaissance voir être passionné !", prévient Stélan Lopez.
Ça coûte cher ?
Stélan Lopez ne nous dira pas combien a coûté son char mais : "Il faut régulièrement entretenir le véhicule, faire le graissage, le vidanger, il faut aussi un hangar, et de quoi faire de la logistique avec. Pareil pour les pièces, il faut parfois sillonner l'Europe pour trouver ce qu'on cherche. Alors oui, il faut la passion, mais aussi de l'argent", conclura ce passionné.