Le record du prix de vente est tombé à Deauville. Le trot reste encore bien loin des montants déboursés pour les galopeurs. L’édition 2018 restera dans les mémoires avec un nom, Hunter Valley, soeur de Bold Eagle et fille de Charly du Noyer. Et des promesses de courses à gagner.
Vendredi 7 septembre, un peu avant 15h. La pouliche baie entre sur le rond. C’est LE rendez-vous de la journée des ventes de l'Arqana. Le commissaire priseur n’a pas à forcer son talent pour aller chercher les acheteurs. Les enchères montent. Et montent vite. Par coup de 20 000 euros. Entre la salle et le téléphone. A mesure que les prix grimpent, le public de connaisseurs venu en nombre retient son souffle. On sent la tension, le record qui va tomber. Il n’y a plus que la psalmodie du speaker. A 14h54, le marteau tombe, Hunter Valley, jusque là propriété de Jean-Etienne Dubois, est adjugée à 400 000 euros. Applaudissements dans la salle.
Le galop, un autre monde
400 000 euros, c’est donc ce que vient de débourser la société de courtage en chevaux de course Langlais Bloodstock pour l’acquisition du numéro 377 du catalogue 2018. Un record jamais atteint pour un trotteur. Un succès qui succède à un autre puisque déjà mercredi 5 septembre, un yearling, élevé dans le Calvados, a été acquis pour 320 000 euros. Deux sommes énormes pour le trot. Relatives si on les compare au monde du galop. Il faut dire que chez les pur-sang on a mis la barre haut le 16 aout 2015 avec un poulain vendu pour 2,6 millions à l'émir de Dubaï, Mohammed bin Rashid Al Maktoum. Et que dire de deux des poulains de Storm Cat, l'étalon américain aux saillies les plus chères du monde (25 000 dollars) vendus en 2004 et 2005, respectivement 8 et 9,7 millions de dollars...
Bold Eagle et Charly du Noyer, des parents en or
Alors c’est vrai 400 000 euros, c’est une somme très importante. Mais au regard de ses papiers et de sa lignée, la logique prévaut. « Elle est la 3/4 soeur de Bold Eagle, par Charly du Noyer, les deux étalons du moment. Deux jeunes géniteurs qui trustent les victoires sur les plus grandes pistes françaises » souligne Thomas, vétérinaire, fin connaisseur et amoureux de cette race française, qui exerce dans le Perche. Bold Eagle, Charly du Noyer, deux noms que l’on voit apparaître donc souvent sur les portes de box parmi les 500 poulains mis en vente à L’Arqana.
Le nombre de victoires, donc le montant des gains (800 000 € pour le papa, 4 millions pour le frère) sont des arguments de vente et induisent énormément de saillies.
Et donc un nombre de naissances (par insémination) impressionnant : « une centaine de poulains par an pour chacun de ces 2 étalons en France et autant à l’étranger ». Le trotteur français fait rêver, et s’exporte bien notamment en Suède et en Italie.
Une activité encore accessible
Des prix raisonnables qui permettent d’être encore à la portée d’amateurs éclairés. « Cette spécialité reste encore accessible à Madame ou Monsieur Tout-le-Monde. Dans nos campagnes, ils ne sont pas rares les "petits" éleveurs et ou entraîneurs à profiter de leurs connaissances, de leur expérience, de quelques arpents de terres, pour s’adonner à leur passion et driver dans des courses plus modestes. »
De belles histoires pour découvrir des vrais champions
Quelques belles histoires loin des chèques à 6 chiffres existent encore. « Il est possible d’acquérir un yearling pour 6, 7 ou 8 000 euros dans des ventes secondaires, comme à Caen et de gagner. Trouver le jeune inconnu qui va devenir un vrai champion. Timoko par exemple. Personne n’en voulait de ce poulain. A l’arrivée il a gagné 5 millions en courses ! » sourit Thomas. Le phénomène, reste exceptionnel bien sûr mais les exemples font espérer. Les meetings de trot sont nombreux en France à toutes les saisons.« Pour faire une petite fortune en course de trot, il faut en avoir une grosse » sourit-il. C’est le cas de Pierre Pilarski, propriétaires de nombreux fast food. « Il a acquis 3 jeunes pour 1 million d’euros. Dont un débutant : dans le lot, il y avait Bold Eagle. Là c’est le jackpot ! » confie-t’il en riant.