La toute nouvelle promotion de 17 diplômés vient de recevoir le sésame qui valide leur formation. Apprendre le dialecte, mais aussi le droit de la Normandie et bien sûr son histoire constitue la toile de fond des apprentissages proposés par l'université de Caen.
C'est le moment qui clôt leur cycle d'étude. Celui où ils recoivent leur diplôme d'Etudes normandes. Guides conférenciers ou retraités, ces étudiants ont débuté en février dernier les apprentissages d'une durée totale de 80 heures.
Parmi eux, François Thiébot semble se régaler. Ce paysan de Flamanville parle déjà le normand depuis bien longtemps. "Cette formation universitaire, dans mon quotidien à la ferme des cinq saisons, ne va pas me servir, mais ça m'a enrichi. Quand je reçois chez moi des élèves, je les accueille toujours avec une petite phrase en normand pour leur dire qu'il se parle toujours, même s'il ne se parle plus beaucoup".
30 000 locuteurs normands dans la région
Côté université, le président Lamri Adoui rappelle que "le diplôme existait entre 1982 et 2010. Il avait été supprimé, et cette année, c'est la première promotion avec une nouvelle formule pluridisciplinaire".
En plus des 17 diplômés,15 autres élèves de normand ont repris la direction des bancs de la faculté. Ils ont eu droit à une version plus courte : 35 heures de sensibilisation à la culture normande.
La formation n'a pas attiré que des retraités ou des locuteurs normands, des guides conférenciers ont pu aussi ainsi enrichir leur connaissance de la culture normande.
Le mot "fashion week" issu du normand ?
Pour François Thiebot, "le normand est une langue née avant même que le français n'existe. Il a donné aussi une partie de la langue anglaise. Quand on dit le "gardin" en normand, c'est pareil en anglais. Quant à la "fashion week", ça vient de "fachon" qui signifie tissu en normand. C'est vrai aussi pour les tournures de phrases : on place l'adjectif avant le nom, c'est pareil en anglais !".
Son enthousiasme pourrait motiver les plus jeunes à apprendre le normand. Aujourd'hui, le seul établissement scolaire - avant le bac - qui propose des ateliers d'initiation au dialecte se trouve dans le Cotentin, à Briquebec. Au collège Marcel Grillard, les élèves de 6e et de 5e peuvent apprendre la langue s'ils le désirent. Il ne s'agit pas de cours officiellement puisque le normand, au même titre que le poitevin, n'a pas obtenu le droit d'être considéré comme un enseignement à part entière. Il s'agit donc d'ateliers de découverte du dialecte.
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