L'école élémentaire a été rebaptisée au nom de l'ancien maire, qui fut longtemps instituteur. Mais les méthodes d'enseignement de ce dernier sont décriées par un collectif d'anciens élèves.
Sur les murs de l'école élémentaire d'Aunay-sur-Odon, dans le Calvados, une petite plaque fait polémique. Posée en septembre 2022, cette dernière laisse apparaître le nouveau nom du groupement scolaire : Pierre Lefèvre.
Ancien maire des Monts-d'Aunay pendant 37 ans, ce dernier a également été instituteur de l'école élémentaire Jules Vernes et George Sand, dans les années soixante. Pour honorer son engagement, l'équipe municipale a rebaptisé l'école à son nom, à la rentrée 2022. Problème, ce choix ne fait pas l'unanimité auprès d'anciens élèves de l'établissement, qui pointent les violences physiques et verbales infligées par leur ancien enseignant.
Oreille en sang
"Comme beaucoup d'instituteurs de cette époque, c'était un maître d'école violent", explique Philippe Sicot, élève en 1969 qui a constitué un collectif demandant à revenir sur le nom de l'école. Comme lui, une dizaine d'anciens élèves se sont manifestés avec des témoignages, parfois saisissants.
"J'avais mal répondu à une question. Il m'a pris mon oreille et il m'a tiré tellement fort, qu'elle a été déchirée. J'avais du sang qui coulait dans mon cou. Non seulement il y avait la douleur, mais c'était aussi une humiliation totale vis à vis des autres élèves", se souvient Didier Lemare. "Je trouve ça scandaleux qu'on veuille donner son nom à une école. Je ne remets pas en cause son investissement comme maire, mais il n'était pas un instituteur bienveillant", ajoute-t-il.
Cette scène, Jacky Rogue l'a également connue. Le sexagénaire explique avoir longtemps été à l'école la boule au ventre : "La dictée était un calvaire, Pierre Lefèvre passait dans les allées la règle dans la main. Mon souci c'était de gérer mon stress quand il était au-dessus de moi. Je ralentissais le trait de ma plume avant d'arriver à la conjugaison du verbe. Tout se mélangeait dans ma tête, je tombais souvent à côté de la bonne option et c'était la baffe ou l'oreille arrachée. L'ambiance était délétère."
La mairie attend la décision du tribunal administratif
La maire des Monts d'Aunay, Christine Salmon, explique avoir pris la décision "pour honorer l'ancien maire, qui a consacré 30 ans de sa vie à la commune et qui avait une attention particulière pour les écoles". Cette dernière ajoute avoir pris connaissance des faits reprochés à l'enseignant après avoir renommé l'école à son nom. Le conseil municipal s'en remettra à la décision du tribunal administratif, saisit par les anciens élèves, pour trancher sur le différent. Le verdict est attendu courant juin.
Contacté, Pierre Lefèvre, n'a pas souhaité donner suite à nos sollicitations. Ce dernier assure néanmoins nier les faits qui lui sont reprochés.