En France, la discipline a tout juste 10 ans. Malgré son jeune âge, le "Showdown" compte déjà plus de 100 licenciés et une vingtaine de lieux pour s'exercer. Destiné aux personnes en situation de handicap visuel, ce sport se pratique dans des clubs affiliés handisport.
Le "Showdown", à mi-chemin entre le tennis de table, le jeu du palet, le "air hockey" et le billard né dans les années 1960 au Canada, de l'idée Joe Lewis, pongiste aveugle. Il souhaitait un sport praticable par les malvoyants, sans assistance visuelle, de manière à ce que le joueur puisse réagir seul face à un défi proposé.
Ce sport oppose donc deux personnes chacune située derrière son but aux extrémités d'un table longue de 3,60 m et séparées par un écran central. L'objectif est de faire passer la balle de l'autre côté de la table en glissant sous l'écran central et de la faire entrer dans le but adverse.
Cette discipline se joue avec des raquettes rectangulaires et plates, semblables à celles que l'on peut trouver au cricket. Les joueurs portent, eux, un gant de protection ainsi qu'une paire de lunettes opaque pour que voyants et non-voyants soient sur le même pied d'égalité. La balle, elle, est en plastique et contient de petites billes en acier qui permettent aux joueurs d'imaginer sa trajectoire pendant le match. Il faut donc "suivre" acoustiquement la trajectoire d'une balle qui peut atteindre les 160Km/h, une vraie performance.
"Ce sport développe le sens de l'ouïe, le sens des masse", indique Mohammed Sahraoui, animateur à l'atelier du LATRA (laboratoire de transcription et de recherche pour aveugles) situé avenue Georges Clémenceau, à Caen.
Ce sport demande une précision, une flexibilité mentale pour renvoyer les coups. Il faut avoir le sens du repérage, de la spatialisation, s'interroger sur le positionnement de l'adversaire, la force à adapter. On a l'impression que ce n'est pas très physique. Mais en fait, cela demande beaucoup de concentration, d'énergie, de dépense mentale
Mohammed Sahraoui, animateur à l'atelier de showdown au LATRA
Arrivé à Caen il y a deux ans, Mohammed, étudiant en 3e année de psychologie et non-voyant a aussitôt milité pour le développement de cette activité dans l'agglomération. "Je pratiquais le showdown à Paris. Quand je suis arrivé à Caen, je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas grand chose en matière de sport pour les déficients visuels. Ce sont des gens très isolés et notamment les jeunes. On milite auprès d'associations comme "Clin d'oeil" ou "A vue de truffe" par exemple. L'idée est de créer un deuxième pôle plus orienté vers la compétition, ouvert aux non-voyants" détaille Mohammed. Une belle ouverture sur l'inclusion ! Grâce à l'association "Valentin Hahuï", le projet devrait voir le jour en avril à la Halle Bérégovoy à Mondeville.
En attendant, c'est grâce à l'ASPTT que la discipline a démarré à la rentrée dernière. L'association s'est mise en rapport avec le Latra (Laboratoire pour la transcription adaptée et la recherche pour aveugles) pour bénéficier d'un local adapté. "Il s'agit en fait d'un local prêté par Caen-la-Mer Habitat précise Mireille Bidault", présidente du Latra 14.
Notre association vient en aide aux déficients visuels à la recherche d'un logement adapté. En toute logique, nous avons donc décidé de mettre à disposition notre local de loisirs à la demande de l'ASPTT pour la pratique de cette discipline. Nous comptons aujourd'hui une petite dizaine d'adhérents. Nous aimerions avoir plus de moyens pour grandir.
Mireille Bidault, présidente du Latra (laboratoire de transcription et de recherches pour aveugles)
Car en effet, ce sport coûte cher. Il est même hors de prix en France, ce qui contraint l'association à s'approvisionner en République Tchèque. Il faut une raquette, un masque, des gants, une balle et la table qui, a elle seule, coûte aux alentours de 2000 euros. C'est pourquoi, l'association tente de nouer des partenariats, l'idée étant aussi de développer d'autres activités pour les déficients visuels comme la voile, la pétanque adaptée ou encore le tir à l'arc. Avec toujours pour objectif, l'inclusion sociale.