Cette semaine, les élèves de CP et CE1 vont être évalués en français et mathématiques. L'an dernier, ces tests avaient été décriés par une partie des enseignants. L'Education Nationale a "allégé" sa copie. Mais les craintes subsistent, comme à l'école Célestin Freinet à Hérouville-Saint-Clair.
L'an dernier, des enseignants jugeaient ces évaluations "chronophages, mal adaptées ou inutiles". Dans certaines écoles, les professeurs n'avaient pas souhaité les faire passer. Mais, ils devront s'y conformer cette année, faute de sanctions.
Evaluation saison 2 en français et maths
Cette année, l'Education Nationale a donc proposé des exercices moins longs. En CP, les élèves seront évalués en début d'année et à mi-parcours, en janvier. A partir de lundi, ils recevront un livret et devront réaliser cinq séquences de 10 minutes chacune : trois en français et deux en mathématiques.Le Ministère de l'Education indique sur son site : Ces exercices "portent sur la connaissance des lettres, la manipulation de syllabes et de phonèmes et sur la compréhension de la langue orale. En mathématiques, les élèves sont évalués sur l'étude et l'utilisation des nombres jusqu'à dix (lecture, écriture, dénombrement, comparaison, position, résolution de problèmes) et en géométrie"
En CE1, les élèves passeront deux séquences d’une douzaine de minutes, deux exercices individuels en français, et deux séquences de 15 minutes en mathématiques. Ils seront évalués sur "la maîtrise de la lecture, de l'écriture et la compréhension du langage oral et écrit. Et en mathématiques, sur la compréhension et l'utilisation des nombres, le calcul mental, le calcul en ligne, la résolution de problèmes et l'observation de figures géométriques."
Résultats transmis au Ministère et aux parents
Ces résultats seront transmis et analysés par les services du Ministère de l'Education, avant d'être communiqués aux parents d'élèves avant ou après les vacances de la Toussaint.Si la forme a légérement évolué cette année, l'objectif n'a pas changé. Il s'agit toujours de disposer d'un diagnostic sur les compétences et les difficultés des élèves. Le Ministère fait valoir que ces évaluations permettent de "donner des repères aux enseignants pour aider les élèves à progresser, d'avoir des éléments pour aider les inspecteurs localement et d'ajuster les plans de formation"
Des tests encore contestés : un parent sur trois à Célestin Freinet
C'est sur le fond que les critiques persistent. Ce lundi matin, à l'école Célestin Freinet d'Hérouville-Saint-Clair, l'association des parents d'élèves affiliée à la FCPE exposait ses doutes :" Les CP sont encore en cours d’adaptation. Est-ce bien utile de les tester, alors que certains savent déjà lire et d’autres pas du tout ? L’enseignant est habilité à évaluer ses élèves. Est ce vraiment nécessaire de rajouter du stress et un esprit de compétition malsain dans la classe ?
Dans cette école, un parent sur trois a refusé que leur enfant passe ces évaluations. Une maman d'un élève de CE1 s'en explique dans une lettre envoyée à L'Inspection académique :
" C'est à l'encontre de la pédagogie de Célestin Freinet, qui promeut la coopération plutôt que la compétition. Dans notre école, il n'y a pas de notes. Pourquoi les confronter au stress alors qu'ils viennent à peine de rentrer dans les apprentissages ?"
Les syndicats craignent des effets pervers
De leur côté les syndicats ne restent pas convaincus par ces évaluations "nouvelle formule". Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, redoute :"Que ce soit un prétexte pour imposer en amont à la maternelle une forme d'apprentissage et donc le risque d'abrutir les élèves. Sans parler de la pression mise sur les collègues, les conseillers pédagogiques qui pourraient être tentés de glisser vers le bachotage pour obtenir des résultats".
Résultats de l'an dernier : difficultés en calcul mental et en lecture
L'an dernier, un bilan a été rendu, en octobre, un mois après les premières évaluations. Au CP, près d'un élève sur quatre avait du mal “à reconnaître les lettres et le son qu'elles produisent". En mathématiques, même constat : "8% ont des difficultés à reconnaître les nombres dictés."
En CE1, on apprenait par le Ministre Jean-Michel Blanquer : "Près de la moitié des élèves butent sur le calcul mental et ont des soucis pour résoudre des problèmes". En lecture : “30% lisent moins de 30 mots par minute, alors que l'objectif national est de 50 mots”, précisait-il.
Si un diagnostic a été posé, certains attendent des actes, comme Céline. Cette institutrice de CP en REP en Seine-Maritime explique à l'AFP qu'elle était tout à fait partante pour ce genre d'évaluations mais regrette "que ce ne soit pas suivi d'effet. L'an dernier, j'ai joué le jeu en faisant passer ces évaluations de manière très sérieuse et au final, impossible d'accéder à une conclusion. C'est dommage car j'en attendais très sincèrement beaucoup", explique-t-elle.