Robert Hossein, décédé à l'âge de 93 ans, avait tourné à Evreux et présidé le festival du film russe de Honfleur

Le comédien et géant du spectacle populaire Robert Hossein est décédé ce jeudi à l'âge de 93 ans. L'artiste avait une maison à Honfleur et avait d'ailleurs présidé le festival de cinéma russe en 2002. Il avait tourné à Evreux, sous la houlette de Marguerite Duras, en juin 1966.

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Sex-symbol balafré dans la série des "Angélique" avant de devenir un géant du spectacle, Robert Hossein, décédé jeudi au lendemain de ses 93 ans,
a rejoint les rangs des nombreux monuments de la culture française disparus en 2020, de Michel Piccoli à Guy Bedos.

Il est décédé "ce matin à l'hôpital, après un problème respiratoire", a indiqué à l'AFP son épouse, la comédienne Candice Patou, confirmant une information du Point. 

Près d'un siècle de théâtre et de cinéma, et un rôle qui marquera à jamais le grand public : celui de Joffrey de Peyrac, dans la série des "Angélique, marquise
des anges" aux côtés de Michèle mercier, le transformant en sex-symbol des années 60. Sur le grand écran, il joue dans une centaine de films de 1948 à 2019 --et réalise une quinzaine de films. Il donne notamment la réplique à Brigitte Bardot dans "Le repos du guerrier" (1962) et devient l'acteur fétiche de Roger Vadim ("Le Vice et la Vertu" en 1963, "Barbarella" en 1968).

Avec Robert Hossein, ce magnifique acteur, c'est toute une génération de talent et d'élégance qui disparaît à jamais. Il avait le charme slave, un talent d'acteur et de metteur en scène qui éclaboussait le théâtre et le cinéma. Que mon merveilleux guerrier repose en paix.

Brigitte Bardot

 

Un géant du théâtre populaire

"Du théâtre comme vous n'en verrez qu'au cinéma" était la devise de ce défenseur du théâtre destiné au plus grand nombre, avec de superproductions comme "Un homme nommé Jésus", "Les Misérables" ou encore "Notre Dame de Paris", totalisant une énorme partie de la fréquentation théâtrale hexagonale (entre 300.000 à 700.000 entrées par spectacle).

L'actuel président du Festival, Pierre Lescure, a salué un metteur en scène qui était "dans sa générosité ambitieuse, l'illustration que rien n'est jamais trop
pour que les spectateurs soient transportés".
  

En 1966, il tourne à Evreux avec Delphine Seyrig dans le film de Marguerite Duras, la Musica

Dans ce film, Robert Hossein joue "Lui", un homme venu à Evreux à l'occasion du prononcé de son divorce. Abordé par une jeune fille, il se confie, l'intrigue, puis disparait.

Resté seul, il retrouve sa femme "Elle", jouée par Delphine Seyrig, qui est descendue dans le même hôtel que lui. Le soir, dans le salon, ils parlent, de tout de rien, d'eux-même. De ce qu'ils ne sont jamais dit, leur colère, leur douleur de s'être séparés. "Elle" et "Lui" échangent ces mots qui auraient pu éviter la séparation et retrouvent pourquoi ils se sont aimés. Mais trop tard. Chacun a poursuivi sa vie et ne peut revenir en arrière.

 

Robert Hossein, président du festival du film russe de Honfleur, en 2002

Robert Hossein et son épouse Candice Patou avaient une maison à Honfleur. Le comédien a d'ailleurs présidé le festival du film russe en 2002. Il a également eu l'honneur, toujouts à Honfleur, de baptiser une rose à son nom.

 

Un acteur "esclave de son image"

Né le 30 décembre 1927 d'un père iranien zoroastrien compositeur et d'une mère russe orthodoxe, Robert Hossein, né Abraham Hosseinoff, a grandi dans la pauvreté et décidé après la guerre, à 15 ans, de se consacrer à l'art dramatique.
Devenu "esclave" de son image selon ses propres mots, le "Casanova de midinettes" comme l'appelait Marguerite Duras, avec laquelle il avait tourné en Normandie dans la Musica, décide de tout quitter.


A Reims, cet autodidacte fonde son "théâtre populaire" et une école dont sortiront Anémone et Isabelle Adjani qui, encore adolescente, jouera dans sa version de "La Maison de Bernarda Alba" de Lorca. Il fait rapidement salle comble mais laisse de grosses dettes, qu'il rembourse sur ses économies. Quand il quitte Reims huit ans plus tard, il laisse une ardoise de plusieurs millions d'euros.
Directeur artistique du théâtre Marigny (2000-2008), il est presque à contre-courant d'une époque où les metteurs en scène sont fascinés par le conceptuel, il dit vouloir parler au coeur plutôt qu'à la raison et défend ardemment sa vision du théâtre populaire.
"Il n'y a pas de honte à faire 500.000 spectateurs avec des gens qui ne sont pas préparés à voir Shakespeare. Pour les intellos, je dois passer pour un primate,
mais je m'en tape"
, avait-il dit.
 

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