Le texte visant à lutter contre les pratiques irrégulières et les arnaques des influenceurs sur les réseaux sociaux est examinée à partir de ce mardi 28 mars à l'Assemblée nationale. Une proposition de loi portée par Arthur Delaporte, député PS du Calvados.
Des influenceurs sont sous le feu des projecteurs et l'objet de critiques depuis plusieurs mois pour des accusations d'arnaques et d'abus. Dans leurs posts, des influenceurs sont rémunérés pour des publicités clandestines et certains n'ont pas hésité à inciter les internautes à se tourner vers des placements qualifiés de "surs" en cryptomonnaie notamment.
Des dérives qui inquiètent les consommateurs, mais aussi plusieurs députés comme Arthur Delaporte, député PS du Calvados, qui s'est emparé du sujet.
Dans son texte de loi, examiné, à partir de ce mardi 28 mars, par l'Assemblée nationale, Arthur Delaporte, en collaboration avec le député Renaissance Stéphane Vojetta, propose de créer un statut juridique de l'influenceur. Il souhaite aussi interdire la promotion sur les réseaux sociaux de différents produits comme les actes de chirurgie esthétique, les médicaments, l'alcool ou encore les paris sportifs et certains placements financiers qui font perdre parfois plusieurs milliers d'euros aux abonnés.
"Cette loi vise d'abord à protéger les consommateurs des dérives des influenceurs. Jusqu'à présent c'est la loi de la jungle, il n'y a pas assez de règles claires et visibles, il faut que ça s'arrête !"
Arthur DelaporteDéputé PS du Calvados
Le député PS du Calvados souhaite qu'avec cette loi : "la publicité de produits faite par les influenceurs soit beaucoup plus transparente".
Des influenceurs regrettent d'avoir signé une tribune contre la régulation du milieu
Dans une tribune publiée dans le JDD, dimanche 26 mars, 150 influenceurs protestent contre ces futures mesures visant à encadrer le monde de l'influence sur les réseaux sociaux. Des personnalités qui dénoncent les dérives "d’une minorité qui se croit tout permis". Mais depuis la publication de ce texte, plusieurs d'entre eux ont exprimé des désaccords avec certains points de la tribune.
"J'ai fait l'erreur de donner mon accord pour que mon nom apparaisse dans une tribune très maladroite, que je n'ai même pas lu avant publication". Sur son compte Twitter, le youtubeur Squeezie explique que le texte "semble juste essayer de limiter la casse sur les influenceurs mal intentionnés".
L'influenceur aux 18 millions d'abonnés sur Youtube affirme ainsi ne "pas être impacté par ces lois". "Je n'ai rien à perdre avec cette réforme qui est destinée à réglementer des placements de produits immoraux", écrit-il. Même constatation du côté du Youtubeur Dr Nozman. Il précise avoir lu "les choses proposées" par le gouvernement et déclare :
"Je pense que (les propositions) sont pour la plupart nécessaires pour avancer dans la bonne direction et qu'elles ciblent justement de réels problèmes et dangers"
Dr NozmanInfluenceur
Des paroles et déclarations qui sont une bonne nouvelle pour Arthur Delaporte. "On se rend compte que les influenceurs ne sont pas contre cette loi et qu'ils en ont même besoin, ça fait plaisir de voir que certains d'entre eux veulent aller dans la même direction que nous" souligne le député.
Un quart des influenceurs reconnus coupables de publicités mensongères
Publicités mensongères ou déguisées sur certains produits, commandes jamais livrées, tromperie sur la marchandise ou encore fausses promotions... des milliers de signalements arrivent chaque année au bureau de la répression des fraudes.
"On a reçu des témoignages de gens qui ont perdu toutes leurs économies sur des placements financiers en faisant confiance à certains influenceurs qui eux, par contre, se sont enrichis. C'est extrêmement grave !"
Arthur DelaporteDéputé PS du Calvados
En janvier dernier, la répression des fraudes (DGCCRF) a publié une enquête accablante sur les pratiques du secteur, avec tromperie sur les produits vendus, promotion de paris sportifs risqués, voire d’injections "par des esthéticiens et des non-professionnels de santé". Le gouvernement avait donc lancé une consultation publique sur la promotion des arnaques et sur les attentes des consommateurs.
De son côté, l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP), chargée en France de surveiller la bonne application des règles dans le secteur du marketing d'influence, constate que plus d'un quart des créateurs de contenus sur les réseaux sociaux, en 2021, n'identifiaient pas clairement leurs publications sponsorisées par des marques.
Le texte pour encadrer les activités des influenceurs devrait être examinée jusqu'à jeudi matin à l'Assemblée nationale. Une loi transpartisane qui devrait être votée dans la foulée.