Les éducateurs des quartiers populaires du Calvados interrompent la session du Département

Le Département du Calvados qu'il arrêtait de financer la mission du Service d'Action Préventive dans les quartiers populaires. Il souhaite confier cette tâche à un établissement public. Les éducateurs spécialisés ont manifesté leur opposition ce lundi lors de la session au Conseil départemental.

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Après plusieurs appels au calme, le président Jean-Léonce Dupont a décidé de suspendre ce lundi en cours de matinée la session en cours. Une cinquantaine de personnes, dont une majorité d'éducateurs spécialisés étaient venus exprimer leur opposition à la disparition annoncée du SAP, le service d'action préventive piloté par l'ACSEA (Association calvadosienne pour la sauvegarde de l'enfant à l'adulte). Le SAP se voyait confier jusqu'à présent une mission d'accompagnement des jeunes dans les quartiers populaires. Ses huit antennes dans le département (dont cinq pour la seule agglomération caennaise) devraient cesser leur fonctionnement au plus tard fin 2023 (pour Bayeux, Colombelles et Lisieux).

"C'est une décision incompréhensible, dangereuse, c'est une faute politique majeure", s'emporte Jérôme Turge, délégué CGT du Service d'action préventive (SAP), dans les couloirs du Conseil départemental. Et de prédire "des conséquences dramatiques sur les quartiers avec les jeunes avec lesquels ont travaille." L'éducateur souligne la nécessité d'un long travail pour gagner la confiance de ces publics. "(Aujourd'hui) on fait partie de la famille. Le SAP c'est une institution. N'importe quelle personne qui a une petite difficulté va voir le SAP". 

"C'est nous ou la bande"

Outre son rôle d'accompagnement, d'aiguilleur vers les services compétents, le service d'Action Préventive aurait également, selon ses défenseurs, un rôle de "soupape". Jérôme Turge explique ainsi que "il y a beaucoup de conflits, de colère qui vient se déverser dans nos locaux. On prend tout ça. On entend aussi des discours de haine, anti-français, anti-musulmans, anti-immigrés, homophobes. Tous ces discours de haine, on les prends et on les déconstruits, on travaille avec les jeunes. Ce travail, plus personne ne le fera. Ils vont rester entre eux." Et le délégué CGT d'avertir : "C'est nous ou la bande."  

Pour le Département, qui finançait jusqu'alors le SAP avec la mairie de Caen à hauteur d'environ deux millions d'euros par an, il n'est pas question d'abandonner cette mission dans les quartiers populaires. "Cette prévention sur l'enfance est un domaine évidemment important", assure Jean-Léonce Dupont, " C'est un domaine qui est actuellement réalisé sur un certain nombre d'endroits du département et pas du tout sur l'ensemble du Calvados. Nous avons la volonté d'exercer cette compétence sur tout le territoire". Ces sera la vocation du futur établissement public qui a été annoncé.

Une reprise en main par le Département

Un établissement public dont la création est également une reprise en main clairement affichée par la collectivité locale. "Nous en profitons pour nous interroger sur le mode de fonctionnement actuel dont peut dire, assez gentiment, qu'il a questionné un certain nombre d'interlocuteurs depuis plusieurs années", tacle le président du Calvados, évoquant "des dysfonctionnements, notamment dans la remontée des informations et de la compréhension de la réalité du travail qui était fait." Des accusations jugées "fallacieuses" par Jérôme Turge, délégué CGT du Service d'action préventive.

La semaine dernière, les élus de l'opposition de gauche et écologistes ont exprimé leur opposition à ce projet, estimant que "la proposition d’établissement public est une coquille vide" et que "la droite locale envoie un mauvais signal à la jeunesse calvadosienne en souffrance". Les cinq antennes du SAP de l'agglomération caennaise doivent fermer leurs portes à la fin de l'année. 

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