Les habitués pourront reprendre la chasse au sanglier ou au petit gibier à partir du 19 septembre. La veille, les chasseurs du Calvados prévoient de se rassembler à Caen, car ils estiment que leurs pratiques de chasse sont "en danger".
La chasse en Normandie, c'est une histoire de plaines, de forêts et surtout de marais et de littoraux. La chasse au gabion, exclusivement pratiquée en bord de mer et dans les zones marécageuses, est une spécificité du territoire. Sur quelques 12 500 permis de chasse valides dans le Calvados en 2021, "au moins 3000 chasseurs la pratiquent", selon le directeur de la fédération départementale des chasseurs du Calvados Jean-Baptiste Leclerc.
Ce mode de chasse aux gibiers d'eau, canards, oies, bécassines des marais et autres chevaliers combattants, fait d'ailleurs du Calvados et de la Manche les deux principaux départements de chasse en Normandie. "Les territoires ruraux de l’ancienne basse Normandie sont bien représentés en termes de nombre de chasseurs", précise Jean-Baptiste Leclerc, "car ils bénéficient de milieux naturels variés." Dans les terres, on chasse plutôt en plaine, notamment dans l'Eure et dans l'Orne. Mais aussi en forêt.
Les chasseurs du Calvados inquiets
Les particularités de la chasse normande sont des "traditions à défendre" pour les chasseurs du Calvados. Inquiets, ils appellent à la mobilisation à Caen, samedi 18 septembre. Notamment parce que la réglementation qui encadre les pratiques de chasse évolue. Par exemple, la chasse à la glu, très contestée pas des associations de défense des animaux, est interdite par le Conseil d'Etat et la Cour de justice de l'Union européenne depuis mars 2021.
D'après les autorités françaises, cette technique "consiste à appliquer de la colle sur des branches ou des baguettes, appelées gluaux, pour capturer essentiellement des grives et des merles noirs vivants [...] alors décollés puis mis en cage pour attirer par leur chant d'autres oiseaux sauvages tirés par les chasseurs." Mais pour le président de la fédération départementale des chasseurs du Calvados, Jean-Chistophe Aloé, il s'agit "d'une chasse non létale, qui n'est pratiquée que par 150 chasseurs dans le Sud-Ouest."
Dans cette nouvelle génération, on crie partout qu’il ne faut plus chasser, plus manger de viande, on conspue continuellement les agriculteurs en disant qu’ils polluent.
Ce que les agriculteurs redoutent, au-delà des restrictions gouvernementales appliquées aux pratiques de chasse, c'est la diminution de leurs zones de chasse. A cause de l'urbanisation d'une partie du territoire et la protection de zones de protection de la nature. "Dans le pays d'Auge, qui est un grand buisson, 60% du territoire n'est pas chassé. On est pourtant responsables des dégâts agricoles causés par les sangliers. Cette année, nous avons payé plus d’un million d’euros aux agriculteurs en contrepartie de ces dégrations", déplore Jean-Chistophe Aloé.
Le sanglier : une espèce "opportuniste"
Parce que l'espèce prolifère, les chasseurs normands s'attèlent à chaque nouvelle saison, à la chasse au sanglier. "Il y a trente ans, on tuait 150 sangliers dans le département du Calvados. Aujourd'hui, on en tue 6000 à l’année", précise Jean-Chistophe Aloé. "C'est une espèce opportuniste qui fait beaucoup de dégâts sur les territoires agricoles."
Les sangliers c’est un phénomène mondiale. Vous prenez Tel Aviv, Berlin, Rouen : il y a une évolution constante de la population des sangliers en ville et en campagne.
Chaque année, les fédérations de chasse sont de ce fait autorisées par la préfecture à régulier le nombre de sangliers présents en Normandie. "En fonction des territoires, un plan chasse de régulation définit le nombre d'animaux à prélever", ajoute le président de la Fédération. Ce dernier entend faire valoir "l'utilité d'une telle chasse" lors de la mobilisation de samedi, à laquelle "5000 personnes sont attendues."