Sur un plateau télévisé, le Normand Michel Onfray a expliqué que "la gauche de la SNCF" avait "collaboré" durant la Résistance. Des propos qui ont provoqué la colère des cheminots en Normandie.
"Moi, je rappelle que cette gauche de la SNCF, ce serait bien qu'on lui rappelle l'histoire, que pendant le pacte germano-soviétique, 1939, 1940, 1941, elle a collaboré." Ces propos ont été tenus par Michel Onfray, le 2 novembre, sur un plateau de télévision de la chaîne CNews.
Michel Onfray salit l'histoire ?
En laissant entendre que "la gauche de la SNCF" aurait "collaboré" durant la Seconde Guerre mondiale, la phrase du philosophe et essayiste a provoqué une vive colère chez les cheminots normands. Les cinq unions départementales normandes de la CGT :"dénoncent solennellement les propos révisionnistes du polémiste normand et militant d’extrême droite Michel Onfray."
Les cheminots dans la Résistance : quand Michel Onfray diffuse des contre-vérités historiques pour servir son propos, une mise au point s'impose 👇 pic.twitter.com/hoTXujRUr2
— L'Humanité (@humanite_fr) November 4, 2024
Ils ajoutent : "Celui-ci considère les cheminotes et cheminots, et particulièrement celles et ceux engagé.es à la CGT et au PCF, comme collaborationnistes du régime de Vichy et de l’Occupation nazie."
L'organisation syndicale tient à rappeler l'engagement total des cheminots dans la Résistance : "La guerre fut une rude épreuve pour la CGT. Parmi les victimes des bourreaux nazis, parmi les victimes de la guerre, se trouvaient de nombreux militantes et militants de notre organisation dans les 5 départements normands, des premiers responsables de nos fédérations, de nos unions départementales et locales."
Les cheminots en colère
En Normandie, la CGT insiste sur le fait qu'elle continue d’honorer la mémoire de ces militantes et militants, de ces syndicalistes et ces victimes du nazisme "comme elle a pu le faire lors du 80ᵉ anniversaire de la Bataille de Normandie, ou chaque année devant la prison d’Évreux où Pierre Semard, dirigeant de la Fédération CGT des Cheminots, a été fusillé par les nazis."
De son côté, le Parti Communiste Français a également réagi à ces propos : "M. Onfray a-t-il pris la peine de se renseigner quelques minutes avant de parler ? (...) Les cheminots ont payé de leur sang leur engagement. Près de 9 000 ont péri dans des actes de résistance, 16 000 ont été blessés. 2 500 ont été déportés, dont 1 300 dans les camps nazis. 244 sont « morts au combat ». 112 d’entre eux ont été tués durant la Libération, ainsi que 87 cheminots résistants engagés à la Libération dans la nouvelle armée républicaine."
Une mise au point de l'Histoire de la Résistance
La CGT précise qu'elle : " n’acceptera jamais que sa parole et son rôle historique soient effacés ou tronqués, encore moins par un sinistre personnage qui s’acoquine avec l’ultra-droite et l’extrême-droite, les négationnistes ou autres complotistes notoires."
Michel Onfray s'est imposé comme un acteur politique de premier plan. Porteur, à ses débuts, d'une gauche libertaire, il a créé en 2002 l'université populaire de Caen face à l'ascension de Jean-Marie Le Pen.
En 2020, le Normand fonde la revue souverainiste Front Populaire devenant pour ses contempteurs un intellectuel mettant en avant les idées du Rassemblement National. Le philosophe lui a expliqué à plusieurs reprises que ce n'est pas lui qui a changé, mais le monde et la gauche.