Déserts médicaux : Jérôme Nury veut obliger les jeunes médecins à s'installer pendant 3 ans sur un territoire déficitaire

Ce mercredi 19 octobre, des députés de tous bords politiques, dont le LR Jérôme Nury, élu dans l'Orne, ont proposé des mesures plus coercitives pour régler le problème des déserts médicaux. Ces pistes vont être discutées lors des débats sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée nationale.

C'est un problème qui persiste depuis de nombreuses années en France : les déserts médicaux. De plus en plus de Français ne trouvent plus de médecin généraliste. Pour résoudre cette question, des députés de plusieurs bords politiques plaident pour des mesures "plus coercitives". Ces propositions ont été déposées sous forme d'amendements lors du Projet de Loi Finance de la Sécurité Sociale (PLFSS), débattu en ce moment à l'Assemblée nationale.

"Le jour où on n'a plus de médecin dans nos villes, on existe plus"

Parmi les dépositaires de ces propositions, Jérôme Nury, député LR de l'Orne. "Avant, j'étais pour des mesures incitatives dans les milieux ruraux. Beaucoup a été fait dans le département avec des mesures incitatives. Une fois que l'on a tout essayé, il faut passer à la vitesse supérieure. On a travaillé, on a fait des auditions avec des associations d'élus, de médecins, etc.

Il est urgent pour lui de faire bouger les choses. "Le jour où on n'a plus de médecin dans nos villes, on existe plus."

Plusieurs mesures proposées

Parmi toutes ces propositions, l'idée est de mieux répartir les médecins sur le territoire français et éviter les déserts et trop fortes concentrations. Les députés de ce groupe de travail souhaitent par exemple "conférer aux ARS la compétence d'autoriser ou non l'installation de la résidence professionnelle principale d'un médecin de ville, lorsqu'il veut s'établir dans une zone qui n'a pas de problèmes d'accès aux soins". Par exemple, un jeune médecin ne pourrait pas s'installer dans une zone où un autre professionnel serait déjà présent, à moins que celui-ci ne parte à la retraite

Ce collectif de travail soutient également la proposition du Gouvernement de créer une 4e année d'internat. Jérome Nury estime cependant qu'il faut "aller plus loin" en imposant que cette année se déroule dans un "territoire déficitaire."

L'intérêt de ces propositions serait de "montrer aux étudiants en médecine que l'on peut bien vivre dans les campagnes."

L'ARS au cœur du processus

Jérôme Nury explique qu'il s'agira du rôle des ARS (Agences Régionales de Santé) de décider quels territoires sont déficitaires en terme de médecins. Une fois que ce recensement est établi, les étudiants en médecine générale pourraient réaliser leur 4e année dans un territoire rural, défini par l'ARS. "Il va s'agir d'un échange entre les ARS et les facultés de médecine."

Tous les étudiants seraient concernés par cette obligation, sans exception. 

Il pense qu'il faudra aller encore plus loin à l'avenir. "Je suis favorable à ce qu'un jeune diplômé s'installe obligatoirement pendant 3 ans sur un territoire déficitaire.

Les représentants des étudiants opposés

Interrogés, les représentants d'étudiants en médecine de Caen s'opposent tous à ces mesures considérant ces propositions comme "le meilleur moyen pour faire fuir les médecins. On veut trouver des solutions, mais nous forcer à aller nous installer quelque part, ce n'est pas la solution", explique François Saunier, vice-président ISNI du SIBN (syndicat des internes hospitaliers bas-normand). 

Après des études longues (9 à 12 ans) et difficiles (burn-out, etc.), les étudiants souhaitent pouvoir s'installer là où ils le désirent, sans quoi, cela "atteindrait à [leur] liberté d'installation.

"Pour les patients, cela ne fera que déplacer le problème. Cela voudrait dire que les patients devraient changer de médecin traitant très souvent. Ce n'est pas la solution", considère Nicolas El Mouhed, vice-président du SIMBAN (syndicat des Internes de Médecine générale Bas-Normand). 

"Ces mesures vont marcher pendant 1 ou 2 ans, c'est tout, parce qu'ensuite, les jeunes médecins quitteront l'endroit où ils étaient contraints d'exercer", explique-t-il.

D'autres solutions possibles selon les syndicats étudiants

Marc-Antoine Deslys, représentant des étudiants en médecine de Caen, expose plusieurs mesures :

  • Diminuer le travail administratif pour qu'un médecin généraliste puisse réaliser plus de consultations sans avoir à gérer l'administratif;
  • Multiplier l'interprofessionnalité : améliorer la collaboration entre les professionnels de santé pour parvenir à un véritable réseau de professionnels de santé pour permettre un meilleur encadrement et une bonne prévention du patient;
  • Développer la télémédecine;
  • Favoriser le retour des jeunes médecins vers leurs terres natales : ils souhaitent souvent retourner là d'où ils viennent puisqu'ils connaissent déjà les problématiques du territoire;

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