Le dernier buteur du "un, et deux, et trois-zéro" lors de la finale du 12 juillet 1998, c'est lui ! L'ancien milieu de terrain a participé à un tournoi de bienfaisance ce samedi 26 mai à Ouistreham. En cette année de coupe du monde, il n'échappe pas aux célébrations des vingt ans du titre.
Il porte toujours le catogan. Certes, quelques cheveux blancs sont venus se glisser dans sa crinière blonde, mais sa silouhette est inchangée. Buste haut, carrure d'athlète, regard bleu horizon : Emmanuel Petit en impose toujours. À Ouistreham il est le parrain du tournoi organisé par l'association Akpadenou qui finance des actions éducatives au Bénin. "Le foot, l'éducation, les enfants, ce sont des choses qui me parlent beaucoup. Cela fait trente ans que je suis actif dans le monde éducatif et caritatif".
Mais bord du terrain, c'est le vainqueur de la coupe du monde 98, l'auteur du troisième but inscrit en finale contre le Brésil qui est acclamé, entouré, accaparé. L'ancien joueur se prête au jeu des autographes et des photos-souvenirs. Vingt ans après le titre, l'aura est intacte : "Moi je dis toujours que c'est extrêmement rare pour un sportif de haut-niveau de pouvoir toucher le coeur des gens, de leur procurer de l'émotion à l'état brut, et c'est ce qui nous est arrivé."
"Mes mains n'avaient pas le talent de mes pieds !"
Enfant, il ne s'était pas forcément imaginé footballeur professionnel. Le gamin qui a grandi à Arques-la-bataille avait un goût pour le travail manuel, la menuiserie, la pâtisserie, la cuisine. "Mais, dit-il en souriant, mes mains n'avaient pas le talent de mes pieds !" L'école ne le passionne guère. Dans la journée, il compte les heures en attendant de pouvoir enfin retrouver le ballon.
"C'est vrai qu'on jouait tout le temps. Je visais le mur des voisins. Je m'imposais des défis. On jouait sur les trottoirs, entre les voitures, dans les champs, dans la forêt. On avait une liberté totale". Il se souvient aussi de la page des sports de France 3 Normandie, le lundi soir. "On ne voyait pas beaucoup de foot à la télé. Je suivais le FC Dieppe. Et ça mettait de l'essence dans ma passion".
Quand il prend l'autoroute de Normandie pour revenir sur sa terre natale, Emmanuel Petit est assailli par ces souvenirs qui lui procurent "une sensation de douceur". Et, dit-il, "quand je ne me sens pas bien, j'ai besoin de revenir" . Au pays de l'enfance, le professionnel du football a toujours su se rappeler qu'il était d'abord un amoureux du jeu. Qui sait si ce n'est pas un des clés de sa réussite ?
Bien sûr, il a un avis sur la sélection de Didier Deschamps qui va disputer la coupe du monde en Russie. Et il lui prédit un grand destin si la mayonnaise prend : "en 98, il y avait un état d'esprit. On avait bien sûr plus d'affinité avec certains. Mais entre nous, il y avait du respect et c'est ce qui nous a permis de surmonter ensemble les moments difficiles. Je me souviens du premier match à Marseille contre l'Afrique-du-sud, je peux vous dire qu'on n'en menait pas, large. Ce qu'on a vécu pendant cette coupe du monde nous unira à jamais".
Et vingt ans plus tard, on lui en parle encore chaque jour, où qu'il se trouve. "C'est pour ça que je souhaite que la génération actuelle nous rejoigne et que le maillot de l'équipe de France ait plusieurs étoiles à l'intar des grande nations de footbal que sont le Brésil ou l'Allemagne. On se sentirait un peu moins seul. Même si quelque part on a peut-être envie de rester seul !"