Enquêtes de Région : suivez le périple des bénévoles de l'association Evreux Solidarité Ukraine jusqu'en Pologne

Quinze ébroïciens de l'association Evreux Solidarité Ukraine ont organisé une mission humanitaire de la Normandie à la frontière ukrainienne. Ils ont acheminé jusqu'à Medyka en Pologne 4 tonnes de dons récoltés dans la région, et ramené en France 17 réfugiés ukrainiens, 5 adultes et 12 enfants. Récit de cette belle aventure solidaire.

« Ni la gloire, ni la liberté ne sont mortes en Ukraine…La chance nous sourira encore, jeunes frères »...l'hymne ukrainien retentit sur le parvis de l'hôtel de ville d'Evreux ce matin de mars 2022, pour accueillir dignement 17 réfugiés ukrainiens épuisés, et un peu désorientés par ce long périple à travers l'Europe. Il y a deux jours de cela, ces cinq femmes et 12 enfants étaient encore sous les bombes, à fuir leurs maisons et leurs vies saccagées.

Ces Ukrainiens doivent leur venue en France à l'engagement de l'association Evreux Solidarité Ukraine, et particulièrement à la volonté farouche d'Aurélie Lemoine, une commerçante d'Evreux de 38 ans à l'origine du projet. "Ce sont nos frères, c'est à nos frontières, on doit se sentir concerné" nous dit-elle avec un sourire désarmant.

En quelques jours, l'association a récolté dans la région d'Evreux 4 tonnes de médicaments, denrées et matériel à destination du peuple ukrainien attaqué, et démuni par des semaines de conflit. Depuis le début de la guerre, ce sont plusieurs millions d'Ukrainiens qui ont dû fuir leur région ou leur pays, à mesure de l'avancée des troupes russes sur leur territoire.

Départ du convoi humanitaire

Le 15 mars au petit matin, la quinzaine de bénévoles de l'association Evreux Solidarité Ukraine a donc pris la route au volant de six véhicules chargés de marchandises, pour rejoindre Medyka, petite ville polonaise à la frontière de l'Ukraine. En quelques jours, le convoi doit parcourir 4000 kilomètres aller retour, en traversant l'Allemagne et la Pologne. Les bénévoles sont des commerçants, des retraités ou des agents d'entretien, certains prennent pour la première fois le volant d'un camion, et aucun d'entre eux n'a jamais été confronté à des images de guerre.

"On est très émus de réussir à partir, et d'apporter un petit peu de mieux aux personnes qui vivent sur ces territoires en guerre. On espère mener à bien notre convoi, et arriver jusqu'à là bas, pour eux" poursuit Aurélie Lemoine.

On est très émus de réussir à partir, et d'apporter un petit peu de mieux aux personnes qui vivent sur ces territoires en guerre. On espère mener à bien notre convoi, et arriver jusqu'à là bas, pour eux.

Aurélie Lemoine

Première étape de ce long périple, rallier Dresde en Allemagne. Les bénévoles sont à la fois volontaires et inquiets de ce qui les attend sur place. Trois jours plus tôt, la Russie a bombardé une base de l'Otan toute proche de la frontière polonaise et de la destination du convoi. La confrontation prochaine avec la détresse des exilés est aussi dans toutes les têtes. "Voir les familles dans les campements, entre la télévision et la réalité, on va être très émus je pense" avoue cette bénévole.

Aurélie tente de garder le contact avec les 30 ukrainiens qui souhaitent s'exiler en France avec l'aide de son association. Certains sont déjà en Pologne, à Varsovie et doivent prendre le train pour Cracovie. Ils doivent retrouver le convoi ébroïcien deux jours plus tard, sur le chemin du retour. D'autres familles sont encore en Ukraine et doivent rejoindre la frontière polonaise. Ils ont parfois 5 à 600 kilomètres à parcourir dans un pays en guerre. "Ils prennent des risques, bien plus que nous qui restons du bon côté des frontières" se soucie cet autre bénévole.

Les convois d'exilés et ceux des ébroïciens vont-ils se retrouver alors que la guerre fait rage et que les postes frontières sont pris d'assaut ?

Avant d'atteindre sa destination, le convoi fait étape à Dresde, en Allemagne. Le petit  groupe se renforce, les bénévoles sont fiers de la route parcourue et du but de ce voyage. A Dresde, les conducteurs fatigués se retrouvent autour de la table, près d' Aurélie surtout, dont la détermination a permis toute cette aventure. Emue, la jeune femme remercie toutes ces personnes qui ont cru à son projet.

Je me suis décidée un soir de la semaine dernière à minuit pour prendre la route de l'Ukraine toute seule. Le lendemain Camille avec qui j'ai partagé l'idée m'a dit je pars avec toi, après j'ai croisé Francine, et puis tous on s'est croisés, et tous vous m'avez dit on vient avec toi.

Aurélie Lemoine

"Merci à tous, je me suis décidée un soir de la semaine dernière à minuit pour prendre la route de l'Ukraine toute seule. Le lendemain Camille avec qui j'ai partagé l'idée m'a dit je pars avec toi, après j'ai croisé Francine, et puis tous on s'est croisés, et tous vous m'avez dit on vient avec toi. On va prendre ce soir du bonheur ensemble, demain ce sera à nous d'apporter du bonheur aux autres". Applaudissements nourris et gorges serrées, le convoi reprendra la route demain matin, galvanisé.

Le convoi s'approche de Medyka en Pologne, dernier village avant la frontière ukrainienne. "Devant c'est l'Ukraine...la guerre devient une réalité, il y a des policiers à chaque intersection, c'est impressionnant" remarque Aurélie Lemoine.

Le drapeau tricolore est hissé fièrement sur les camionnettes qui débarquent à Medyka dans l’arrière-cour d’une école transformée en centre logistique. Quatre familles ukrainiennes sont au rendez-vous, et attendent le convoi depuis 15 minutes.

Enquêtes de Région : Ukraine, les Normands solidaires, un magazine des rédactions de France 3 Normandie à voir ce mercredi 6 avril à 23H20 sur France 3 Normandie

-Evreux Solidarité Ukraine : un convoi citoyen, un magazine de 26' de K.Saïdi, P. Cornily et I.Waskovit

-L'accueil des ukrainiens en Normandie, un reportage de 13' de D. Migniau 

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